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Les risques de transmission du virus pendant la grossesse, l'accouchement ou l'allaitement sont de 15 à 45 % pour les femmes enceintes séropositives qui ne suivent aucun traitement antirétroviral. La prise d'antirétroviraux réduit ce risque à moins de 1 %, mais certaines femmes ne bénéficient pas de soins en temps voulu ou n'ont tout simplement pas accès au traitement antirétroviral.Tel fût le cas de la mère du "bébé du Mississippi", qui n'était pas sous traitement antirétroviral et qui présentait une charge virale détectable au moment de l'accouchement. En raison du risque élevé d'exposition au VIH, le nourrisson a initié une combinaison d'antirétroviraux endéans les 30 heures après sa naissance. L'enfant a néanmoins contracté le virus, la famille ayant interrompu son traitement alors qu'elle avait 18 mois. Mais, lorsqu'elle est revenue au centre de soins plusieurs mois plus tard, il est apparu qu'elle était toujours en rémission virologique, ce qui était inattendu. Malheureusement, la charge virale de la fillette a rebondi 27 mois après l'arrêt du traitement. Toutefois, ce cas a permis de démontrer que l'instauration d'un traitement très précoce pouvait limiter la taille du réservoir viral et permettre une guérison fonctionnelle, en particulier chez les enfants.Pour en savoir plus, une étude de plus grande envergure a été mise sur pied aux États-Unis, portant sur des nourrissons très exposés in utero au VIH au Brésil, en Haïti, en Thaïlande, aux États-Unis et dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne. Sur les 54 enfants qui ont contracté le VIH in utero et qui ont débuté un traitement antirétroviral endéans les 48 heures suivant leur naissance, la plupart n'ont pas maintenu une suppression virale complète. Il est probable que cela soit dû à une observance irrégulière du traitement. Par contre, six enfants, tous originaires d'Afrique subsaharienne, ont maintenu une charge virale indétectable et satisfaisaient à d'autres critères préétablis d'éligibilité pour une interruption de traitement étroitement surveillée. Ils ont interrompu leur traitement à un âge médian de 5,5 ans et quatre d'entre eux sont restés en rémission virologique pendant au moins 48 semaines. Une fillette a même maintenu une charge virale indétectable durant 80 semaines avant de finalement présenter un rebond viral, tandis que les autres étaient toujours en rémission à 48, 52 et 64 semaines. Bien que ces résultats soient prometteurs, l'étude ne reflète malheureusement pas les conditions de prise en charge réelles. Les investigateurs de cette étude ont pu diagnostiquer le VIH dans un délai strict, commencer les antirétroviraux très tôt et surveiller fréquemment les nourrissons. En conditions de vie réelle, les bébés commencent généralement à prendre des antirétroviraux des semaines ou des mois après la naissance, en particulier dans les pays à revenu faible où le fardeau du VIH est le plus lourd. Cependant, les résultats de l'étude sont importants et soulignent l'importance de réaliser des tests néonatals immédiats et d'initier le traitement antirétroviral dans la foulée pour tous les nourrissons potentiellement exposés au VIH in utero.Réf : Persaud D. et al. Abstract 184, CROI 2024, Denver.