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La femme africaine paye un bien lourd tribut au VIH. En 2015, on estimait que 56% des infections par VIH nouvellement diagnostiquées concernaient les femmes. Une des hypothèses actuelles, pour tenter d'expliquer cette constatation, serait la présence d'une vaginose bactérienne laquelle constituerait un terrain propice à une transmission accrue du virus VIH chez ces femmes. Reste qu'on ne dispose pas encore de preuve tangibles permettant d'établir un lien entre la présence d'une vaginose bactérienne et la transmission du virus, ni le nom du ou des coupables principaux. Pour rappel, la vaginose bactérienne n'est ni une infection, ni une MST. Il s'agit en fait d'un déséquilibre de la flore vaginale avec la disparition du facteur protecteur des bacilles de Döderlein (Lactobacillus acidophilus vaginalis). Cette vaginose n'est pas l'apanage exclusif des femmes africaines. On la retrouve chez 20-30% des femmes américaines et européennes, chez 16% des femmes enceintes et chez plus de 60% des femmes atteintes d'une MST. En analysant les flores vaginales de femmes vivant avec le VIH et celles de femmes non atteintes, entre autres par séquençage de l'ADN et établissement du taux de présence des diverses bactéries au sein de cette flore, les investigateurs de cet essai sont parvenus à démontrer l'existence d'une relation dose/ réponse pour 7 bactéries particulières. Autrement dit, au plus la présence de ces 7 bactéries est abondante dans la flore vaginale, au le risque d'infection par le VIH est grand. Parmi les coupables, Parvimonas type 1 et Gemella asaccharolytica se sont révélés comme les plus puissants indicateurs d'une infection par VIH. Cette étude est importante car elle établit que non seulement la présence de ces bactéries particulières mais aussi leur quantité absolue au sein de la flore vaginale constitue de puissants inducteurs d'une inflammation chronique de faible grade favorisant l'infection par VIH. Ce risque est retrouvé dans les trois grands groupes à risque étudiés, les professionnelles du sexe y compris les transgenres, les femmes de couples sérodiscordants et les femmes enceintes ou en période de post-partum. Sous réserve de confirmations ultérieures, ce premier constat du rôle de la vaginose bactérienne et de certains de ses composants comme facteurs favorisants de l'infection par le VIH ouvre des pistes pour la recherche de nouvelles stratégies de prévention de l'infection par le VIH.Ref: McClelland R.S. et al. Lancet Infectious Diseases mise en ligne 25/01/2018.