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Le chemsex, kézako? Contraction du mot 'chem' qui en anglais désigne les substances chimiques en général, ici surtout des psychotropes puissants, et 'sex', un mot que l'on ne présente plus, le chemsex, donc, est une nouvelle pratique sexuelle qui consiste à avoir des rapports sexuels (ou plutôt des marathons sexuels de plusieurs jours) sous l'emprise de substances psychotropes souvent injectables. Si au début, il s'agissait surtout de rails de cocaïne (rappelons-nous les célèbres scènes du Loup de Wall Street!) et de cristal meth, les adeptes sont très vite passés à la vitesse supérieure avec la kétamine, le GHB/GBL et surtout les amphétamines et leurs dérivés comme la méphédrone. Au Royaume-Uni où ces pratiques sont monnaie courante dans tous les milieux de la nuit et surtout chez les adolescents de 15-20 ans, un groupe d'investigateurs de l'hôpital universitaire St George de Londres ont cherché à évaluer l'impact de ces pratiques sur le risque de contagion par le virus VIH, l'hépatite C ainsi que sur les MST. Durant un an, ils ont interrogé près de 2.000 hommes, âgés de 14 à 84 ans, pratiquant le sexe avec d'autres hommes, gay ou bisexuels, sur leurs pratiques sexuelles et surtout sur leur recours au chemsex. Sur l'ensemble de la cohorte, 16,5% pratiquait le chemsex sur une base régulière et depuis de nombreuses années souvent. Pour 30% d'entre eux, l'administration des drogues du plaisir était exclusivement IV. Les résultats du suivi sur 1 an montrent que la pratique régulière du chemsex multiplie par 5 le risque d'infection par le VIH, par 9 le risque d'infection par le virus de l'hépatite C et par 4 celui de contracter une MST. Le chemsex, un accélérateur de plaisir? Non, plutôt un accélérateur de risque. Pour tenter de le limiter, il faut prendre l'habitude de systématiquement interroger les patients sur la pratique du chemsex, procéder au dépistage du VIH, des hépatites B et C et des MST suivi d'une mise sous traitement immédiate en cas de tests positifs. Si le test VIH est encore négatif, la mise sous PrEP est hautement conseillée.Ref: Pakianathan M. et al. HIV Medicine, article disponible en ligne sur le site de la revue.