dr. Hans Lilja
dr. Hans Lilja

L'équipe de chercheurs américains et européens (1) a analysé une cohorte ancienne constituée dans les années '90 et l'a suivie pendant 20 ans (n=5306). De cette cohorte, ils ont enregistré 317 décès dus au cancer prostatique. Ils ont mesuré entre autres le PSA et la kallicréine. Pour mémoire, la kallikréine-3 est en fait le PSA.

Trouver les 'bas risque'

L'équipe internationale a tenu compte entre autres du facteur de la peptidase 2 liée à la kallicréine. En tenant compte de ce facteur, les chercheurs ont découvert qu'ils pouvaient prédire de manière beaucoup plus précise quels étaient les patients à risque de décès. Ainsi, chez les patients âgés de 60 à 73 ans avec un PSA supérieur ou égal à 2 et un score composite comprenant la kallicréine inférieure à 6%, le risque de décès par cancer prostatique est de 0,17% à 10 ans, de 1% à 15 ans et de 3,29% à 20 ans après la mesure initiale. Ce risque est bien plus faible si on le compare au risque calculé par le PSA seul. Dans ce cas, l'ajout de la kallicréine constitue donc un facteur discriminant pour les patients à bas et à haut risques et donc permet de réduire le risque de surtraitement.

Ces gènes mutés ont été découverts chez environ 6 à 14% des hommes, ce qui en fait l'une des causes génétiques les plus importantes retrouvées dans les cancers agressifs de la prostate.

Débusquer les 'haut risque'

Ceci est en lien avec des recherches génétiques par Alexandre Zlotta et ses collègues canadiens (2). On connait 14 autres protéases proches de la région nommée 'kallicréine' sur le chromosome 19. Or, des recherches récentes ont montré que cette région peut être affectée par de nombreuses mutations. Celles-ci concernent souvent un seul nucléotide, ce sont les fameux SNP (dites 'snip') pour Single Nucleotide Polymorphism qui peuvent être associés aux formes agressives du cancer de la prostate. Les chercheurs canadiens ont analysé les données de 1858 patients atteints par un cancer prostatique agressif (GS>8). Ces patients provenaient d'Europe, des USA et du Canada.

Différents SNP ont été identifiés dans la région KLK6 avec le même haplotype chez les patients présentant un cancer agressif aussi bien chez les sujets de l'étude que dans la cohorte de validation. Cependant, dans la cohorte de validation, les chercheurs ont également deux nouveaux haplotypes sur le même locus et aussi associés avec une plus grande sévérité du cancer.

"Ces gènes mutés ont été découverts chez environ 6 à 14% des hommes, ce qui en fait l'une des causes génétiques les plus importantes retrouvées dans les cancers agressifs de la prostate. Ces hommes présentent une triplement du risque de développer un cancer agressif", explique le Canadien. Cela représente donc une large proportion des 10 à 15% de cancers agressifs. "Même en ne considérant que 6% de personnes affectées par la mutation, cela fait tout de même 17 millions de Nord-Américains et 22 millions d'Européens", précise le spécialiste canadien.

Adapter le traitement

Par ailleurs, ces mutations germinales prédisposent également le sujet aux récidives indépendamment des facteurs cliniques ou moléculaires habituels. "En effet, nous avons découvert que les porteurs de ces mutations traités par chirurgie ou radiothérapie avaient 3 fois plus de risque de récidiver que le reste de la population. L'idée des chercheurs est bien entendu de créer un test suffisamment pratique que pour être utilisé en routine. Or tout comme il est important de distinguer les patients à faible risque des autres, il est tout aussi essentiel de découvrir au plus vite quels sont ceux dont le risque de cancer agressif est le plus élevé afin de pouvoir leur offrir le traitement le plus adéquat possible très rapidement. Après validation, il ne serait certainement pas inutile que ces tests génétiques puissent entrer dans l'examen de routine.

  1. Sjoberg DD et al. Risk of prostate-cancer death at 20 years stratified by midlife PSA and a panel of four kallikrein markers from a representative cohort of 11,506 healthy unscreened men aged 45-74 EAU 2017 Abstract#240
  2. Briollais L et al. Germline mutations in the Kallikrein 6 region and predisposition for aggressive prostate cancer EAU 2017 Abstract #356
L'équipe de chercheurs américains et européens (1) a analysé une cohorte ancienne constituée dans les années '90 et l'a suivie pendant 20 ans (n=5306). De cette cohorte, ils ont enregistré 317 décès dus au cancer prostatique. Ils ont mesuré entre autres le PSA et la kallicréine. Pour mémoire, la kallikréine-3 est en fait le PSA.Trouver les 'bas risque'L'équipe internationale a tenu compte entre autres du facteur de la peptidase 2 liée à la kallicréine. En tenant compte de ce facteur, les chercheurs ont découvert qu'ils pouvaient prédire de manière beaucoup plus précise quels étaient les patients à risque de décès. Ainsi, chez les patients âgés de 60 à 73 ans avec un PSA supérieur ou égal à 2 et un score composite comprenant la kallicréine inférieure à 6%, le risque de décès par cancer prostatique est de 0,17% à 10 ans, de 1% à 15 ans et de 3,29% à 20 ans après la mesure initiale. Ce risque est bien plus faible si on le compare au risque calculé par le PSA seul. Dans ce cas, l'ajout de la kallicréine constitue donc un facteur discriminant pour les patients à bas et à haut risques et donc permet de réduire le risque de surtraitement. Ces gènes mutés ont été découverts chez environ 6 à 14% des hommes, ce qui en fait l'une des causes génétiques les plus importantes retrouvées dans les cancers agressifs de la prostate. Débusquer les 'haut risque'Ceci est en lien avec des recherches génétiques par Alexandre Zlotta et ses collègues canadiens (2). On connait 14 autres protéases proches de la région nommée 'kallicréine' sur le chromosome 19. Or, des recherches récentes ont montré que cette région peut être affectée par de nombreuses mutations. Celles-ci concernent souvent un seul nucléotide, ce sont les fameux SNP (dites 'snip') pour Single Nucleotide Polymorphism qui peuvent être associés aux formes agressives du cancer de la prostate. Les chercheurs canadiens ont analysé les données de 1858 patients atteints par un cancer prostatique agressif (GS>8). Ces patients provenaient d'Europe, des USA et du Canada. Différents SNP ont été identifiés dans la région KLK6 avec le même haplotype chez les patients présentant un cancer agressif aussi bien chez les sujets de l'étude que dans la cohorte de validation. Cependant, dans la cohorte de validation, les chercheurs ont également deux nouveaux haplotypes sur le même locus et aussi associés avec une plus grande sévérité du cancer. "Ces gènes mutés ont été découverts chez environ 6 à 14% des hommes, ce qui en fait l'une des causes génétiques les plus importantes retrouvées dans les cancers agressifs de la prostate. Ces hommes présentent une triplement du risque de développer un cancer agressif", explique le Canadien. Cela représente donc une large proportion des 10 à 15% de cancers agressifs. "Même en ne considérant que 6% de personnes affectées par la mutation, cela fait tout de même 17 millions de Nord-Américains et 22 millions d'Européens", précise le spécialiste canadien. Adapter le traitementPar ailleurs, ces mutations germinales prédisposent également le sujet aux récidives indépendamment des facteurs cliniques ou moléculaires habituels. "En effet, nous avons découvert que les porteurs de ces mutations traités par chirurgie ou radiothérapie avaient 3 fois plus de risque de récidiver que le reste de la population. L'idée des chercheurs est bien entendu de créer un test suffisamment pratique que pour être utilisé en routine. Or tout comme il est important de distinguer les patients à faible risque des autres, il est tout aussi essentiel de découvrir au plus vite quels sont ceux dont le risque de cancer agressif est le plus élevé afin de pouvoir leur offrir le traitement le plus adéquat possible très rapidement. Après validation, il ne serait certainement pas inutile que ces tests génétiques puissent entrer dans l'examen de routine.