...

On suppose parfois que le statut de réfugié constitue un facteur de risque supplémentaire de suicide. Une hypothèse à laquelle des scientifiques suédois apportent un démenti après avoir comparé les probabilités de suicide chez des sujets nés en Suède et chez des migrants dans ce pays, réfugiés ou non réfugiés et provenant des mêmes régions d'origine.Les chercheurs ont utilisé des registres démographiques nationaux pour suivre 1 457 898 personnes nées entre le 1er janvier 1970 et le 31 décembre 1984, et classées en fonction de leur statut de migrant : migrant réfugié, migrant non réfugié, ou sujet né en Suède. Ces personnes ont été suivies depuis leur 16e anniversaire ou date d'arrivée en Suède jusqu'à leur décès éventuel, leur émigration ou la date du 31 décembre 2015, selon la première occurrence. Les modèles de régression de Cox ont estimé les rapports de risque ajustés pour le suicide selon le statut de migrant, en tenant compte de l'âge, du sexe, de la région d'origine et du revenu.L'analyse montre qu'il n'y a pas de différences significatives dans le risque de suicide entre les migrants réfugiés et non réfugiés et, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer au vu des difficultés inhérentes au parcours migratoire, ces deux groupes ont un risque de suicide plus faible que les sujets nés en Suède. De plus, au cours des cinq premières années après l'arrivée en Suède, aucun migrant n'est mort par suicide. Cependant, après 21 à 31 ans passés dans leur pays d'accueil, leur risque de suicide est équivalent à celui des natifs suédois. Et après ajustement pour tenir compte des revenus, ce risque est même significativement plus faible pour les migrants que pour la population née en Suède.Au terme de travail, les auteurs estiment que "le fait d'être réfugié n'est pas un facteur de risque supplémentaire de suicide." "Nos résultats suggèrent aussi que l'acculturation et les privations socio-économiques peuvent expliquer une convergence du risque de suicide entre les migrants et la population d'accueil au fil du temps."(référence : British Journal Psychiatry, décembre 2020, doi : 10.1192/bjp.2019.220)