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Connue sous le nom de Chorée de Huntington ou danse de Saint Guy, la maladie de Huntington, une affection neurodégénérative, héréditaire et incurable, se caractérise par des mouvements incontrôlés, associés à des troubles cognitifs (confusion, perte de mémoire) et psychiques (dépression, agressivité). La personne atteinte décède généralement dans les 20 ans après l'apparition des symptômes.Depuis plusieurs années, des chercheurs de Grenoble (Inserm) et Montpellier (CNRS) s'efforcent de percer le mécanisme de la huntingtine mutante et de comprendre comment cette protéine synthétisée par le gène HTT, responsable de la Chorée de Huntington, provoque un dysfonctionnement du circuit corticostriatal. Ce circuit connecte deux régions du cerveau, le cortex et le striatum, dans lesquelles s'exprime la protéine mutante.Jusqu'à présent, les scientifiques ne parvenaient pas à leurs fins, faute notamment de pouvoir étudier les altérations du circuit corticostriatal à l'intérieur des cellules (investigations subcellulaires in vivo). En combinant l'utilisation de neurones issus de souris modèles de la maladie de Huntington, et la technologie microfluidique, qui permet de manipuler des fluides à l'échelle micrométrique, ils ont pu contrôler la pousse et l'orientation des neurones de souris dans des canaux ne dépassant pas les 500 micromètres de longueur. Ils ont ainsi reconstitué sur une puce le circuit corticostriatal altéré.Les chercheurs ont ensuite réussi à isoler avec précision, dans des compartiments identifiés, les neurones du cortex d'un côté et ceux du striatum de l'autre, et à constituer des circuits hybrides contenant un cortex sain avec un striatum malade, et vice versa. Ils ont alors démontré que des neurones de cortex malade sont suffisants pour induire les dysfonctions du circuit, alors même que les neurones du striatum sont sains. À l'inverse, des neurones corticaux sains sont capables de "sauver" les neurones du striatum malade.Ce travail qui permet de mieux comprendre comment la huntingtine mutante induit la dysfonction ouvre d'encourageantes perspectives thérapeutiques mieux adaptées pour les patients et spécifiquement ciblées sur le cortex, identifié comme une cible d'importance pour empêcher la neurodégénerescence du striatum. Le modèle mis au point constitue par ailleurs une nouvelle approche pour tester et valider des molécules à intérêt thérapeutique.(référence : Cell Reports, 2 janvier 2018, doi : 10.1016/j.celrep.2017.12.013)