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La migraine étant une pathologie largement féminine, il est fréquent que des femmes migraineuses en âge de procréer soient traitées par des triptans. Se pose alors la question du risque tératogène de l'exposition aux triptans surtout quand on sait que près de 50% des grossesses sont non programmées. Pour évaluer ce risque, une équipe d'investigateurs de l'hôpital universitaire Charité à Berlin a mis sur pied une étude prospective observationnelle basée sur trois cohortes. Une cohorte de 432 femmes enceintes migraineuses et traitées par triptans, une autre de 1733 femmes enceintes non migraineuses et non traitées par triptans et, enfin, une dernière de 475 femmes enceintes et migraineuses mais non traitées par triptans. Pas de risque majeur de malformations congénitalesAprès ajustement pour des facteurs tels que l'âge maternel, l'IMC, le tabagisme, la consommation d'alcool, les antécédents de fausses couches, le nombre de grossesses ainsi que les antécédents d'enfants nés avec une malformation congénitale, les résultats obtenus montrent que, par rapport aux femmes migraineuses ou non et non exposées aux triptans, les femmes exposées aux triptans durant leur grossesse ne présentent pas de majoration significative de la survenue d'événements tels que des malformations congénitales majeures chez l'enfant, des fausses couches, une prématurité, l'éclampsie ou un retard de croissance intra-utérine. Ces résultats supportent donc l'évidence que les triptans ne constituent pas des agents tératogènes majeurs mais la prudence reste de mise. Les auteurs tiennent en effet à rappeler que le triptan le plus utilisé chez les femmes de l'étude était le sumatriptan (273) loin devant le zolmitriptan (75), le rizatriptan (65) ou d'autres. En tant que triptan le plus étudié, le sumatriptan constitue à leur yeux un bon candidat pour traiter la migraine chez des femmes en âge de procréer (donc toujours à risque d'une exposition fortuite en cas de grossesse non programmée) et ce d'autant que les résultats obtenus lors de cette étude sont en ligne avec ceux observés par le registre de surveillance des grossesses sous sumatriptan tenu depuis la mise sur le marché de cet antimigraineux. Par précaution, et dans l'attente d'autres études de confirmation, les auteurs recommandent un examen échographique chez les femmes enceintes exposées durant le premier trimestre à des molécules moins bien étudiées, voire pour le sumatriptan car il ne faut pas perdre de vue que l'intervalle de confiance étant assez large, le risque n'est jamais totalement exclu.Ref: Spielman K. et al. Céphalalgia, article mis en ligne 31/07/2017.