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Un quart des personnes atteintes de troubles psychotiques éprouvent des hallucinations verbales auditives persistantes malgré leur prise en charge médicamenteuse et psychologique. Pour venir à bout de ce symptôme réfractaire, une équipe britannique a eu recours à la thérapie Avatar, basée sur l'interaction entre le patient et un avatar numérique.Les auteurs ont mené un essai contrôlé randomisé en simple aveugle dans un seul lieu clinique avec 150 patients, âgés de 18 à 65 ans, souffrant de schizophrénie ou de troubles psychotiques, ayant eu des hallucinations verbales auditives persistantes au cours des 12 derniers mois.Le Pr Tom Craig et ses collègues ont réparti les participants, au hasard, en deux groupes de 75 sujets. Le premier a reçu le thérapie Avatar (traitement d'intervention) en plus du traitement médicamenteux, le second (groupe contrôle) a bénéficié d'une thérapie verbale et de soutien, qui répond aux mêmes exigences que le traitement d'intervention, avec des thérapeutes entraînés, et selon le même nombre et rythme de séances.Le procédé Avatar dont a profité le premier groupe, consiste d'abord à créer avec le patient un personnage en 3D censé représenter l'entité à l'origine des voix entendues par le patient. L'étape suivante voit le thérapeute intervenir et faire parler l'avatar dont les propos sont ceux rapportés par le patient, c'est-à-dire correspondant aux paroles habituellement hallucinées, avec généralement des commentaires négatifs ou des insultes. Le patient est alors invité à défier l'avatar, à le remettre à sa place et à prendre le dessus en résistant aux voix de son persécuteur présumé. Enfin, lors des ultimes séances, l'avatar, sous le contrôle du thérapeute, va progressivement devenir moins hostile et reconnaître les qualités du patient.Les participants ont suivi des séances hebdomadaires de 50 minutes pendant 6 semaines et ont été évalués pour leurs hallucinations au départ de l'étude, puis à nouveau à 12 et 24 semaines, à l'aide d'une échelle d'évaluation des symptômes psychotiques (PSYRATS-AH) en 44 points.Au terme des trois mois d'expérimentations, le principal résultat a été la réduction des hallucinations auditives verbales à 12 semaines, cette réduction étant plus significative chez les patients du groupe Avatar. Cependant, à 24 semaines, le bénéfice s'estompe, suggérant que l'intervention est surtout efficace à court terme.Plus précisément, alors que les scores de départ dans les deux groupes étaient d'environ 30 sur 44, à 12 semaines, les personnes du groupe Avatar se situaient à un score moyen inférieur de 3,82 points au score moyen du groupe témoin tandis qu'à 24 semaines, les deux groupes atteignaient des scores similaires.Les auteurs de ce travail considèrent que de futures études multicentriques sont nécessaires pour confirmer le potentiel thérapeutique de la méthode Avatar, et si c'est le cas, ils pensent qu'elle devrait devenir une option innovante dans le traitement psychologique des hallucinations verbales auditives, à combiner aux traitements plus conventionnels de la maladie.(référence : The Lancet Psychiatry, 23 novembre 2017, DOI : 10.1016/S2215-0366(17)30427-3)