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A l'heure actuelle, on évalue à quelque trois millions le nombre de personnes qui se rendent aux urgences pour suspicion de traumatisme cérébral léger notamment à la suite d'une chute à ski, en vélo ou dans les escaliers ou d'un coup reçu à la tête. Mais y a-t-il vraiment une atteinte du cerveau ? Ou les symptômes ne sont-ils que la conséquence temporaire de la violence du choc ?Pour répondre à ces questions, le seul outil de diagnostic fiable est le CT Scan. Mais cet examen n'est pas disponible dans tous les hôpitaux, il coûte cher et est source de rayonnements pour les patients. S'ajoute à cela une attente souvent longue pour ces patients dont le cas n'est pas toujours prioritaire. Pourtant, 90% parmi eux peuvent rentrer à la maison sans risque, aucun traumatisme n'ayant été détecté.Avec la collaboration de confrères espagnols, des chercheurs de l'Université de Genève se sont demandé s'il n'était pas possible de mettre au point un examen alternatif en isolant certaines protéines dont la présence dans le sang augmente lors d'un choc à la tête.Grâce à des analyses de type "protéomique", qui permettent de quantifier des milliers de protéines simultanément et d'observer les variations de leur taux dans le sang, ils ont identifié quatre molécules indiquant la présence d'un traumatisme cérébral léger : H-FABP, Interleukin-10, S100B et GFAP. Le biomarqueur le plus performant est le H-FABP, avec une spécificité de 32% et une sensibilité atteignant 100%. Le résultat est encore meilleur lorsque les taux de H-FABP et de GFAP sont combinés, faisant grimper la spécificité à 46% et, lorsqu'IL-10 est ajouté à ce panel, la spécificité monte à 52%.Les scientifiques ont ensuite conçu un petit boîtier en plastique de 5cm, nommé TBIcheck et qui est inspiré par le principe du test de grossesse. En posant une seule goutte de sang sur la languette du boîtier, le patient sait en 10 minutes s'il y a un risque de trauma léger, à savoir si son taux de H-FABP est supérieur ou non à 2,5 nanogrammes par millilitre de sang. Si une bande apparaît, le blessé doit aller passer un CT Scan, s'il n'y a rien, il peut rentrer chez lui.En cas de doute lors de la lecture du résultat, un petit lecteur, le Cube Reader, peut être posé sur le TBIcheck. Il indique "positif" ou "négatif" et envoie le résultat sur le smartphone du patient ou du soignant via Bluetooth.Ce premier test devrait être commercialisé dès 2019, ce qui devrait désengorger les urgences. L'appareil permettra de faire l'examen rapidement et partout, y compris par exemple en cas d'accident en montagne. L'objectif à terme serait que les usagers de santé puissent se le procurer en pharmacie voire même dans les salles de sport. Quant aux chercheurs, ils poursuivent leurs travaux car ils espèrent pouvoir proposer la même technologie pour les AVC et les anévrismes.(références : PLoS ONE, 9 juillet 2018, DOI : 10.1371/journal.pone.0200394)http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0200394