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La prescription d'antidépresseurs est en augmentation partout : par exemple, Outre-Manche, elle a connu une croissance de 3,9 millions d'unités entre 2014 et 2015. Il s'avère toutefois, selon un article du British Medical Journal, qu'environ un tiers de ces antidépresseurs sont prescrits hors indications, afin de traiter la douleur, les insomnies ou encore les migraines. Pourtant, peu de preuves scientifiques solides démontrent une réelle efficacité de ces médicaments pour ces indications.Les auteurs de l'article ont repris 100.000 prescriptions d'antidépresseurs rédigées entre 2003 et 2015 chez plus de 20.000 patients vus par des médecins de première ligne. De fait, près de 30% des antidépresseurs, essentiellement des tricycliques, des SSRI et des SNRI, ont été prescrits en dehors de toute indication. Dans 16% des cas seulement, ces prescriptions étaient directement supportées pas des études scientifiques. Pour 40%, en revanche, il n'existait aucune preuve formelle pour la molécule en question, mais bien pour une autre de la même classe thérapeutique. Pour les 44% restants, il n'y avait pas de niveau suffisant de preuves. Les raisons de ces prescriptions hors indications sont multiples : méconnaissance de la part des praticiens des dernières indications des médicaments, adaptation au plan d'assurance-santé des malades et risques des alternatives. Toutefois, ils semblent ignorer aussi que l'usage des antidépresseurs hors indications peut engendrer des coûts supplémentaires et risque d'exposer inutilement le patient aux effets secondaires de ces médicaments. Pour les auteurs, il faudrait donc redéfinir clairement ce que sont les indications de ces traitements et informer les médecins de leurs habitudes de prescriptions en la matière. Wong J et al. Off-label indications for antidepressants in primary care: descriptive study of prescriptions from an indication based electronic prescribing system BMJ 2017;356:j603http://www.bmj.com/content/356/bmj.j603