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Cette innovation pourrait aider de nombreux patients souffrant d'insuffisance cardiaque ainsi que ceux qui sont en attente d'une éventuelle greffe. Actuellement ces derniers bénéficient d'un dispositif d'assistance ventriculaire, une pompe qui éjecte le sang dans l'aorte ou l'artère pulmonaire. Mais parce qu'il est en contact direct avec le sang, ce dispositif favorise la formation de caillots sanguins et leur migration dans le corps, ce qui peut causer un accident cardio-vasculaire ou une embolie pulmonaire, contraignant dès lors le patient à suivre un traitement anticoagulant. Ces risques pourraient être évités par le procédé original qui vient d'être mis au point. Il s'agit d'un manchon souple en silicone, une sorte de petit robot qui entoure la surface externe de la pointe du coeur, enrobant l'organe comme un cocon. Léger et élastique, il suit les battements cardiaques et presse le coeur, lorsqu'il s'arrête, pour en rétablir la circulation. Pour permettre les contractions pulsées du coeur et la redistribution du sang oxygéné vers l'organisme, il utilise des fibres musculaires factices en polyuréthane activées par une pompe à air.Fixé au coeur via des sutures et une interface de gel pour aider à une meilleure friction entre le dispositif et l'organe et empêcher ainsi l'inflammation, le manchon peut se personnaliser selon la zone de faiblesse présentée par le coeur, soit au niveau du ventricule gauche, soit du droit.Le principal intérêt de ce nouveau système d'assistance ventriculaire est donc que le manchon n'est pas en contact avec le sang, ce qui devrait logiquement permettre aux futurs bénéficiaires d'éviter le recours aux anticoagulants. Modulable à souhait, il serait à même de répondre aux besoins spécifiques de chaque patient, notamment en fonction de son activité physique. Autre avantage du robot : il peut être arrêté lorsque l'assistance circulatoire n'est plus nécessaire. Jusqu'à présent, le robot souple n'a été testé que chez le porc. Plus précisément, sous contrôle échographique, sur six truies ayant reçu de fortes doses d'un bêtabloquant afin de réduire d'au moins 50% la contractilité cardiaque et donc le débit, reproduisant ainsi ce que l'on observe dans l'insuffisance cardiaque chronique. Pour les besoins de la démonstration, les chercheurs ont appareillé les truies d'un stimulateur cardiaque afin de synchroniser parfaitement l'activité contractile du manchon sur le rythme du coeur. Evalué sur des durées maximales de deux heures, le robot a restauré le débit cardiaque à hauteur de 97% alors qu'il se situait à environ 45% de la normale après injection du bêtabloquant.Les tests chez l'animal ayant été concluants, des brevets ont d'ores et déjà été déposés. Des études sur le long terme devront bien sûr être menées sur un plus grand nombre d'animaux souffrant d'insuffisance cardiaque chronique avant d'espérer qu'un tel robot soit un jour implanté à des patients. Des améliorations devront aussi être apportées à la pompe externe portable envoyant l'air pressurisé. Il conviendrait qu'elle soit encore plus miniaturisée afin qu'elle puisse être portée à la taille, voire être implantable. Les auteurs du dispositif espèrent que, dans quelques années, il puisse être validé par les instances de santé et même représenter une véritable alternative à la greffe cardiaque.(référence : Science Translational Medicine, 18 janvier 2017, DOI : 10.1126/scitranslmed.aaf3925)