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Les postes médicaux de garde PMG entrent cette semaine (mercredi) dans une phase décisive qui pourrait fâcher le Fag, pointe Jacques de Toeuf. On craint la mise au second plan de la garde de semaine pour se concentrer sur l'homogénéité (légitime) des postes de dépenses telle la voiture avec chauffeur. " Il y a un grand débat autour des honoraires de disponibilité. Le financement des réseaux loco-régionaux n'est pas réglé. Pour des raisons liées à l'audit sur les PMG et des discussions parallèles, il y a risque que le Fag parte en opposition. En outre, il y a les discordances nord-sud. Le sud du pays est couvert sauf une petite partie du Brabant wallon. On envisage un seul PMG sur le grand Liège (800.000 habitants). Au niveau local, ils plaident pour de plus petites entités. Pourquoi ne pas faire une approche bottom-up ? Si une autre formule marche sur le terrain, pourquoi pas ? "Autre problème : l'accord médico-mut a pris des engagements concernant les PMG. " Des échéanciers sont fixés. L'audit a été écrit avant l'accord. Et même si le cabinet l'a intégré dans l'accord médico-mut, ce n'est pas complètement raccord avec le projet. Donc le terrain s'étonne. " Les élections syndicales de juin n'arrangent rien. " Le GBO s'est fendu d'un communiqué rageur mais il aurait pu invoquer la clause de destruction de l'accord. Il ne l'a pas fait. C'est une période très difficile. Nous nous sommes engagés à trouver des solutions. Mais il faut quand même laisser, dans un canevas donné, un 'écosystème' autour des cercles. Il faut stabiliser les PMG sur tout le pays. Mettre en place le 1733 et laisser les acteurs s'arranger sur des résultats à atteindre quant aux soins d'urgence programmés, certes dans un canevas, mais avec certaines libertés. "Si le terrain sort du jeu, les cercles seraient remplacés par les services des urgences des hôpitaux ou des postes de garde au sein des hôpitaux, ce qui affaiblirait la médecine générale, pensent le vieux renard de la vie syndicale (il a fêté ses 70 ans).Le train de l'e-sante avance-t-il trop vite ? " Chez les médecins spécialistes, on n'est nulle part ! ", tranche de Toeuf. " Ce sont des échéances infernales. La ministre a tout de même postposé la prescription électronique à juin 2018. L'administration est débordée. Les producteurs de logiciels ne sont pas face à un marché suffisamment grand pour des solutions génériques. Chacun se regarde en chien de faïence. Corilus marque des points. Au cabinet, on dit que les hôpitaux ont reçu 50 millions pour s'informatiser et que les spécialistes n'ont qu'à utiliser l'infrastructure informatique hospitalière. Mais celle-ci est calibrée pour l'hospitalisation pas pour l'ambulatoire ! Elle vient du résumé hospitalier minimum et des événements cliniques au cours de l'hospitalisation. Elle ne couvre pas les échanges de protocoles notamment d'imagerie médicale. Même si les radiologues le font avec les laboratoires d'analyse. "Des dossiers médicaux ambulatoires standardisés, il n'y en a pas, se plaint de Toeuf. " Il n'y a pas de logiciels connus pour les spécialistes. Des initiatives de templates ont certes vu le jour. Mais les contenus sont extrêmement différents entre un cardiologue et un autre spécialiste. Dans l'ambulatoire pur, il y a incommunicabilité entre les systèmes. Ce qui sera crucial, c'est l'interface entre les deux systèmes. Il n'y a pas d'intégrateurs. Ce n'est pas qu'un échange de documents ! Il faut des rubriques qui puissent être envoyées automatiquement sans que la secrétaire agisse (...). C'est à la Smals de concocter des standards informatiques mais l'Europe l'interdirait... "Pour de Toeuf, les 50 millions libérés pour l'informatisation des hôpitaux sont totalement insuffisants. Selon les informations du jdM, un hôpital liégeois a, à lui seul, dépensé 25 millions... On n'y arrivera donc jamais pour 2019.Concernant la double cohorte, le livre vert que la ministre a préparé est convenable, pour de Toeuf. " Pour les MG, le système de financement est connu. Pour les candidats spécialistes, c'est payé in fine par les honoraires des médecins même si le Cabinet fait semblant de ne pas le savoir. Nous avions prévu dans l'accord une prime annuelle pour le maître de stage quel que soit le nombre de stagiaires (1.500 euros par an). C'est prévu dans l'accord mais bloqué au cabinet. Maggie De Block confisque ce fric pour le mettre dans un pot pour donner un chèque au candidat spécialiste (CS) qu'il pourra présenter pour payer son stage. S'y ajoute l'argent des honoraires opératoires des assistants (10 % de l'intervention allait au stagiaire) plus de l'argent de la Santé publique. Cela rendra le CS indépendant notamment de la mainmise colossale des universités. Avec son chèque, il peut aller à l'étranger dans un hôpital. "Pour la première fois, les contingents de nouveaux diplômés MG seront 40 % contre 25-26 %. " Si les jeunes choisissent davantage la MG, il y aura moins de stages à trouver pour les CS. Et les frais administratifs de l'Inami qui paient les assistants généralistes ne rentrent pas dans le budget des soins de santé (et donc dans les correctifs surveillés par la Commission européenne). "De Toeuf regrette qu'on ait pas retenu l'idée de candidats maîtres de stage (sans qualités pédagogiques requises) car on va en manquer. Enfin, il faut que les maîtres de stage aient suffisamment de patientèle pour se permettre un disciple. A moins que celui-ci ne " génère " de l'activité supplémentaire.D'où l'idée de De Block d'envoyer les stagiaires à l'étranger. " Le système de voucher permet d'aller partout notamment en France où le stagiaire peut être engagé sans frais. "La multiplication des règlements qui créent des obligations pour le médecin de justifier tout ce qu'il fait et le mettre dans le dossier médical, c'est le modèle flamand !, pointe de Toeuf. " Or les médecins flamands en ont ras-le-bol ... A installer ainsi le soupçon sur tous les médecins, en disant 'ces types font tellement n'importe quoi', on va passer plus de temps à se justifier qu'à soigner les malades ! "Quant au portfolio des compétences reconnues (jdm n° 2522), un projet de Maggie De Block, il sera accessible au public. De Toeuf craint un " Tripadvisor " des médecins. " Il faut démontrer qu'on est resté compétent. Combien d'opérations on a faites, combien de patients, le tout dans un dossier électronique disponible pour le patient. Le contrôle sera fait par des inspecteurs de la Santé. On est parti dans un monde de fous. Il faut absolument arrêter cela. Je tire la sonnette d'alarme, mais comme c'est une loi votée au Parlement, que faire ? "Ce portfolio qualitatif rend-il l'accréditation un peu superfétatoire ? Théoriquement, oui. Mais cela n'empêche pas les acteurs de penser une nouvelle accréditation dans laquelle les suppléments d'honoraires des consultations à l'acte seraient remplacés par un forfait de formation continue, le même pour tous, quel que soit le nombre de patients.Ceci dit, personne ne sait exactement ce qui restera de l' " oeuvre " de Maggie De Block, hormis la forfaitisation des honoraires de basse variabilité. Surtout si elle ne brigue pas de second mandat...