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Lors de la visite de l'hôpital de référence de Panzi, de nombreux problèmes sont abordés. Le projet Jenga Maarifa entend y apporter une solution. Le médecin directeur de l'hôpital, le Dr Denis Mukwege, est un activiste bien connu des droits de l'homme. Son établissement constitue un modèle, dans les standards congolais en tout cas. Plus de la moitié des 450 lits sont réservés au suivi des personnes victimes de violences sexuelles et de viols. Plus spécifiquement, cela fait maintenant plusieurs années que les enfants victimes de viols collectifs sont ici au coeur des préoccupations.La plupart des hôpitaux de Kivu doivent composer avec un, voire deux techniciens au maximum. Celui de Panzi en compte une dizaine, sans compter les trente employés. Un cinquième du budget hospitalier va au service technique, mais englobe aussi le coût exorbitant de l'énergie.Les installations d'approvisionnement en eau et en électricité concentrent l'essentiel des problèmes de Kivu. L'hôpital de Panzi bénéficie d'à peine trois heures de courant par jour, mais un générateur d'hôpital coûte énormément en termes de combustible. De plus, les appareils doivent être adaptés aux pannes et aux fluctuations de courant. L'eau pose également problème. A 11h du matin, les réserves de Panzi sont déjà épuisées. Par ailleurs, les revenus de l'hôpital proviennent à 90% des prestations techniques. Il est donc évident qu'un scanner en panne fait perdre de l'argent et met le bien-être des patients en péril. La donation de matériel médical au Sud pose deux difficultés majeures. Tout d'abord, il manque de la documentation pour faire fonctionner les appareils Philips, GE, Siemens, Toshiba, etc. Il est en effet difficile pour un technicien d'installer et d'utiliser ces machines sans notice. Par exemple, pour installer un appareil de radiologie Philips, il faut faire venir un technicien de Nairobi trois ou quatre fois, ce qui fait grimper sérieusement les coûts. L'autre problème concerne bien entendu la rareté des pièces de rechange."La solution pourrait résider dans la mise en place, par une organisation internationale, de règles multinationales", explique l'adjoint du directeur, le Dr Luhiri, "mais à titre d'exemple, une seule personne de l'OMS s'occupe actuellement de la technique, ce qui prouve la méconnaissance d'une problématique pourtant criante."La formation (ou son absence) constitue également l'un des gros points faibles, pas seulement des techniciens d'ailleurs, mais aussi des autres intervenants. Il arrive que les médecins retirent la prise d'un appareil médical pour recharger leur GSM. De plus, au cours de leur formation, ceux-ci apprennent à poser un diagnostique, mais pas à utiliser la technique. De plus, ils ne sont pas tous conscients de l'importance de la formation.