Tant sur les réseaux sociaux que dans les médias écrits et parlés, nous avons appris le week-end passé que Marc Goblet avait bénéficié d'une greffe de foie au CHU de Liège. Quelques journalistes "informés" ont même précisé que l'origine de sa maladie hépatique était auto-immune. Ce détail n'a pas manqué d'alimenter les quolibets du plus mauvais goût sur Twitter et Facebook.

D'où a fuité cette information ? A-t-elle été transmise par la FGTB, qui espérait (peut-être ?) canaliser cette "nouvelle" à propos de l'un de ses dirigeants ? Etait-ce une demande de Marc Goblet lui-même ou de sa famille ? Nous l'ignorons. Les émetteurs de la communication ont en tout cas omis une donnée cruciale : il ne s'agit pas seulement de Marc Goblet dans cette histoire mais également du foie de son donneur.

En Belgique, comme dans la plupart des pays où l'on pratique des transplantations, le don d'organes est anonyme (en dehors de donneurs vivants "apparentés" qui bien sûr se connaissent). Dans notre pays, cette exigence est d'ailleurs inscrite dans la loi sur le prélèvement et la transplantation d'organes promulguée en 1986. Les familles des donneurs n'ont pas connaissance de l'identité des receveurs des organes que leur proche mort a donnés. L'anonymat est dans les deux sens, le receveur ne connaît pas non plus l'origine de l'organe qu'il a reçu.

Respect des patients décédés

Il ne s'agit certainement pas d'un manque de transparence ni du choix de l'intrigue mais, au contraire, du respect des patients décédés et du respect du deuil des proches des défunts. Par l'anonymat, on écarte au mieux les interrogations et la déstabilisation psychologique que peut susciter le fait de vivre avec l'organe d'une autre personne. Car la transplantation d'un organe est une aventure physique et psychique, et ce volet ne peut être sous-estimé.

Qui a pensé à la famille du donneur d'organes de Marc Goblet en diffusant cette information ? Probablement personne ! Certes, les proches n'ont pas connu la destination des organes prélevés. Mais qui peut affirmer que la famille d'un donneur prélevé le jour ou la veille de la greffe de Marc Goblet ne se pose pas la question de la destination du foie du défunt ? En relayant ce laconique bulletin de santé, les médias ont manqué de réflexion et de tact et cela illustre aussi le trop peu de considération que notre société a aujourd'hui de la confidentialité et du respect de la vie privée.

N'oublions pas qu'une autre valeur du don d'organes est son caractère altruiste : on donne, on aide, on soutient et on sauve sans rien en contrepartie mais tout simplement dans un geste de solidarité envers la collectivité. Ces deux valeurs que sont l'anonymat et l'altruisme doivent être protégées et notre société doit en être la garante.

La Belgique est un des pays qui a le plus légiféré sur la protection des données personnelles. La plupart des citoyens l'ignorent et peu se sentent concernés. Jusqu'au jour où ils découvrent, par d'autres ou via des médias, des détails qu'ils ignoraient sur leur santé ou la santé de proches. Un moment d'incompréhension, de tristesse et de grande solitude. A notre niveau, nous devons tous lutter avec acharnement contre la banalisation de la divulgation des informations qui concernent notre santé. Il en va de notre protection, de celle des autres et de notre liberté.

Je souhaite un bon rétablissement à Marc Goblet, tout en espérant ne pas apprendre dans les semaines qui viennent les résultats de ses examens postopératoires via les médias ou les réseaux sociaux.

Tant sur les réseaux sociaux que dans les médias écrits et parlés, nous avons appris le week-end passé que Marc Goblet avait bénéficié d'une greffe de foie au CHU de Liège. Quelques journalistes "informés" ont même précisé que l'origine de sa maladie hépatique était auto-immune. Ce détail n'a pas manqué d'alimenter les quolibets du plus mauvais goût sur Twitter et Facebook.D'où a fuité cette information ? A-t-elle été transmise par la FGTB, qui espérait (peut-être ?) canaliser cette "nouvelle" à propos de l'un de ses dirigeants ? Etait-ce une demande de Marc Goblet lui-même ou de sa famille ? Nous l'ignorons. Les émetteurs de la communication ont en tout cas omis une donnée cruciale : il ne s'agit pas seulement de Marc Goblet dans cette histoire mais également du foie de son donneur.En Belgique, comme dans la plupart des pays où l'on pratique des transplantations, le don d'organes est anonyme (en dehors de donneurs vivants "apparentés" qui bien sûr se connaissent). Dans notre pays, cette exigence est d'ailleurs inscrite dans la loi sur le prélèvement et la transplantation d'organes promulguée en 1986. Les familles des donneurs n'ont pas connaissance de l'identité des receveurs des organes que leur proche mort a donnés. L'anonymat est dans les deux sens, le receveur ne connaît pas non plus l'origine de l'organe qu'il a reçu.Il ne s'agit certainement pas d'un manque de transparence ni du choix de l'intrigue mais, au contraire, du respect des patients décédés et du respect du deuil des proches des défunts. Par l'anonymat, on écarte au mieux les interrogations et la déstabilisation psychologique que peut susciter le fait de vivre avec l'organe d'une autre personne. Car la transplantation d'un organe est une aventure physique et psychique, et ce volet ne peut être sous-estimé.Qui a pensé à la famille du donneur d'organes de Marc Goblet en diffusant cette information ? Probablement personne ! Certes, les proches n'ont pas connu la destination des organes prélevés. Mais qui peut affirmer que la famille d'un donneur prélevé le jour ou la veille de la greffe de Marc Goblet ne se pose pas la question de la destination du foie du défunt ? En relayant ce laconique bulletin de santé, les médias ont manqué de réflexion et de tact et cela illustre aussi le trop peu de considération que notre société a aujourd'hui de la confidentialité et du respect de la vie privée.N'oublions pas qu'une autre valeur du don d'organes est son caractère altruiste : on donne, on aide, on soutient et on sauve sans rien en contrepartie mais tout simplement dans un geste de solidarité envers la collectivité. Ces deux valeurs que sont l'anonymat et l'altruisme doivent être protégées et notre société doit en être la garante.La Belgique est un des pays qui a le plus légiféré sur la protection des données personnelles. La plupart des citoyens l'ignorent et peu se sentent concernés. Jusqu'au jour où ils découvrent, par d'autres ou via des médias, des détails qu'ils ignoraient sur leur santé ou la santé de proches. Un moment d'incompréhension, de tristesse et de grande solitude. A notre niveau, nous devons tous lutter avec acharnement contre la banalisation de la divulgation des informations qui concernent notre santé. Il en va de notre protection, de celle des autres et de notre liberté.Je souhaite un bon rétablissement à Marc Goblet, tout en espérant ne pas apprendre dans les semaines qui viennent les résultats de ses examens postopératoires via les médias ou les réseaux sociaux.