Pourquoi sortez-vous de votre silence ?

Beaucoup de patientes ignorent le type d'implant qu'elles ont reçu, quelles pourraient être les complications éventuelles à court et à long terme, et quelles sont les garanties et les responsabilités de chacun (patient-chirurgien-fabricant) dans le temps. Même si la mise en place de prothèses mammaires est une des interventions les plus demandées et effectuées, avec un très grand degré de satisfaction.

Quel est le problème, alors ?

Sachant qu'un implant mammaire est constitué d'un contenu et d'un contenant, les problèmes se situent à ces deux niveaux. Le contenu, d'abord. Comme l'industrie n'a pas encore pu fabriquer une 'membrane idéale', il y aura toujours une transpiration, un "bleeding" du contenu à travers son contenant. On retrouvera donc toujours du contenu en dehors de la prothèse. D'ailleurs, aucun fabricant ne vend une prothèse "No bleeding" mais bien des "Low bleeding" ... L'autre problème du contenu, c'est sa réaction avec son contenant. Si ce contenu est du sérum physiologique, il va certainement transpirer à travers son contenant mais il n'y aura que du sérum physiologique qui se répartira dans le corps. De plus, ce sérum physiologique ne fait aucune réaction de destruction, de dissolution de son contenant.

Que se passe-t-il si le contenu est en silicone ?

Si le contenu est du silicone, la donne change complètement. Selon la forme physique du silicone, qui varie d'une forme semi-liquide à semi-solide voire cohésive, cette réaction est différente.

Plus ce silicone est liquide, plus vite il va transpirer à travers son contenant dans l'entièreté du corps, provoquant des siliconomes, et plus vite il va dissoudre son contenant. La prothèse finit alors comme un oeuf sans coquille, avec un magma de silicone libre dans le sein. Il faut savoir que l'industrie ne sait pas fabriquer un gel qui soit cohésif à 100 % mais qu'il y a des noyaux de ce gel cohésif qui avec le temps, se liquéfient.

Un autre souci des implants mammaires est la formation de coques plus ou moins rétractiles. Une coque est une membrane que le corps fabrique et qui entoure l'implant. Cette membrane est plus ou moins épaisse et plus ou moins rétractile. Son degré de rétractilité est évalué en utilisation la classification de Baker. L'étiologie exacte est toujours inconnue et multi-factorielle.

L'industrie essaye surtout de travailler sur la texture de ce contenant pour réduire l'incidence des coques et des membranes rétractiles. D'où la multitude de membranes différentes proposées.

Les problèmes sont donc connus, mais on continue...

Oui, on fait du "bis repetita". Un exemple représentatif de ce dicton est l'utilisation d'implants en gel de silicone entouré d'un enrobage de polyuréthane. Ce type d'implant utilisé dans les années 80 a dû être retiré du marché et est de nouveau réutilisé dans certains pays comme la Belgique, entre autres, et ceci depuis quelques années, sachant pourtant que dans les années 90, il a été retiré du marché. En effet, avec le temps qui passe (10 ans), cet enrobage est détruit par le corps et il faut le remplacer. Ce recouvrement de polyuréthane protègerait contre la formation de coques tant qu'il est présent mais que se passe-t-il une fois qu'il a disparu ? Et que se passe-t-il dans le temps, 10, 20, 30 ans après son implantation ou après son explantation ? Certains des métabolites de cette dégradation de polyuréthane sont du toluène dont la présence dans le corps humain à long terme n'a pas encore démontré son innocuité, au contraire...

De quand date la première alerte ?

La présence de T Lymphocyte Anaplasique - ALCL - après la mise en place de prothèses mammaires a été publiée en 2009. Moins de dix ans après cette publication, de nombreux cas sont constatés et publiés partout dans le monde et également dans notre pays ! Il faut remarquer que la plupart des cas constatés sont des implants en silicone dont la paroi présente une texture rugueuse importante.

Que faut-il conclure ?

Il n'y a pas lieu de faire paniquer toutes les patientes porteuses de prothèse mammaires. Seulement, il faut que tous les acteurs parlent le même langage. D'où l'importance d'établir un formulaire d'information au patientes qui soit le même pour tous les chirurgiens pratiquant cette opération. Ce formulaire doit mentionner l'ensemble des complications connues à ce jour. Ce formulaire doit se trouver sur le site officiel de notre représentation professionnelle et doit être remis à chaque patient avec la mention patient " lu, compris et accepté".

Qui doit payer pour les complications ?

Je pose la question : est-il normal, est-ce un droit acquis, que tous les frais résultant de complications connues de prothèses mammaires esthétiques soient portés à charge de la société ? Par frais, nous entendons : les chirurgies de correction de coques, remplacement à long terme, les frais d'anesthésie, les frais de radiologie, les RMN, les écho-ponctions, l'hospitalisation, etc. Ne faudrait-il pas que le fabricant donne des garanties écrites très précises sur les implants, et ceci dans le temps ? Ne faudrait-il pas un contrat entre l'Inami/mutuelles/patient/médecin et fabricant, décrivant exactement qui est responsable, pour quoi et pendant combien de temps ?

Références

High-grade Angiosarcoma Associated with Ruptured Breast Implants ; Plastic and Reconstructive Surgery, doi : 10.1097/GOX.obo13e31828ff1eb ;

Textured Breasts Implants, Anaplastic Large-Cell Lymphoma, and Conflicts of Interest, Plastic and Reconstructive Surgery, doi : 10.1097/PRS0000000000002966 ;

Polyurethane-Coated Breast Implants Revisited : A 30-Year Follow-Up, Arch Plast Surg, doi : 10.5999/aps. 201542.2.186

A shocking Diagnosis : Breast Implants "Gave Me Cancer", The New York Times, https : //nyti.ms/2re.

Pourquoi sortez-vous de votre silence ?Beaucoup de patientes ignorent le type d'implant qu'elles ont reçu, quelles pourraient être les complications éventuelles à court et à long terme, et quelles sont les garanties et les responsabilités de chacun (patient-chirurgien-fabricant) dans le temps. Même si la mise en place de prothèses mammaires est une des interventions les plus demandées et effectuées, avec un très grand degré de satisfaction.Quel est le problème, alors ?Sachant qu'un implant mammaire est constitué d'un contenu et d'un contenant, les problèmes se situent à ces deux niveaux. Le contenu, d'abord. Comme l'industrie n'a pas encore pu fabriquer une 'membrane idéale', il y aura toujours une transpiration, un "bleeding" du contenu à travers son contenant. On retrouvera donc toujours du contenu en dehors de la prothèse. D'ailleurs, aucun fabricant ne vend une prothèse "No bleeding" mais bien des "Low bleeding" ... L'autre problème du contenu, c'est sa réaction avec son contenant. Si ce contenu est du sérum physiologique, il va certainement transpirer à travers son contenant mais il n'y aura que du sérum physiologique qui se répartira dans le corps. De plus, ce sérum physiologique ne fait aucune réaction de destruction, de dissolution de son contenant.Que se passe-t-il si le contenu est en silicone ?Si le contenu est du silicone, la donne change complètement. Selon la forme physique du silicone, qui varie d'une forme semi-liquide à semi-solide voire cohésive, cette réaction est différente.Plus ce silicone est liquide, plus vite il va transpirer à travers son contenant dans l'entièreté du corps, provoquant des siliconomes, et plus vite il va dissoudre son contenant. La prothèse finit alors comme un oeuf sans coquille, avec un magma de silicone libre dans le sein. Il faut savoir que l'industrie ne sait pas fabriquer un gel qui soit cohésif à 100 % mais qu'il y a des noyaux de ce gel cohésif qui avec le temps, se liquéfient.Un autre souci des implants mammaires est la formation de coques plus ou moins rétractiles. Une coque est une membrane que le corps fabrique et qui entoure l'implant. Cette membrane est plus ou moins épaisse et plus ou moins rétractile. Son degré de rétractilité est évalué en utilisation la classification de Baker. L'étiologie exacte est toujours inconnue et multi-factorielle.L'industrie essaye surtout de travailler sur la texture de ce contenant pour réduire l'incidence des coques et des membranes rétractiles. D'où la multitude de membranes différentes proposées.Les problèmes sont donc connus, mais on continue...Oui, on fait du "bis repetita". Un exemple représentatif de ce dicton est l'utilisation d'implants en gel de silicone entouré d'un enrobage de polyuréthane. Ce type d'implant utilisé dans les années 80 a dû être retiré du marché et est de nouveau réutilisé dans certains pays comme la Belgique, entre autres, et ceci depuis quelques années, sachant pourtant que dans les années 90, il a été retiré du marché. En effet, avec le temps qui passe (10 ans), cet enrobage est détruit par le corps et il faut le remplacer. Ce recouvrement de polyuréthane protègerait contre la formation de coques tant qu'il est présent mais que se passe-t-il une fois qu'il a disparu ? Et que se passe-t-il dans le temps, 10, 20, 30 ans après son implantation ou après son explantation ? Certains des métabolites de cette dégradation de polyuréthane sont du toluène dont la présence dans le corps humain à long terme n'a pas encore démontré son innocuité, au contraire...De quand date la première alerte ?La présence de T Lymphocyte Anaplasique - ALCL - après la mise en place de prothèses mammaires a été publiée en 2009. Moins de dix ans après cette publication, de nombreux cas sont constatés et publiés partout dans le monde et également dans notre pays ! Il faut remarquer que la plupart des cas constatés sont des implants en silicone dont la paroi présente une texture rugueuse importante.Que faut-il conclure ?Il n'y a pas lieu de faire paniquer toutes les patientes porteuses de prothèse mammaires. Seulement, il faut que tous les acteurs parlent le même langage. D'où l'importance d'établir un formulaire d'information au patientes qui soit le même pour tous les chirurgiens pratiquant cette opération. Ce formulaire doit mentionner l'ensemble des complications connues à ce jour. Ce formulaire doit se trouver sur le site officiel de notre représentation professionnelle et doit être remis à chaque patient avec la mention patient " lu, compris et accepté".Qui doit payer pour les complications ?Je pose la question : est-il normal, est-ce un droit acquis, que tous les frais résultant de complications connues de prothèses mammaires esthétiques soient portés à charge de la société ? Par frais, nous entendons : les chirurgies de correction de coques, remplacement à long terme, les frais d'anesthésie, les frais de radiologie, les RMN, les écho-ponctions, l'hospitalisation, etc. Ne faudrait-il pas que le fabricant donne des garanties écrites très précises sur les implants, et ceci dans le temps ? Ne faudrait-il pas un contrat entre l'Inami/mutuelles/patient/médecin et fabricant, décrivant exactement qui est responsable, pour quoi et pendant combien de temps ?RéférencesHigh-grade Angiosarcoma Associated with Ruptured Breast Implants ; Plastic and Reconstructive Surgery, doi : 10.1097/GOX.obo13e31828ff1eb ;Textured Breasts Implants, Anaplastic Large-Cell Lymphoma, and Conflicts of Interest, Plastic and Reconstructive Surgery, doi : 10.1097/PRS0000000000002966 ;Polyurethane-Coated Breast Implants Revisited : A 30-Year Follow-Up, Arch Plast Surg, doi : 10.5999/aps. 201542.2.186A shocking Diagnosis : Breast Implants "Gave Me Cancer", The New York Times, https : //nyti.ms/2re.