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L'Europe et la Belgique connaissent actuellement une vague d'immigration importante, et les personnes issues de cette immigration ont des besoins de soins de santé qui incombent le plus souvent à la médecine générale.Bien que l'accès à la santé soit théoriquement un droit fondamental, les migrants et les médecins généralistes rencontrent souvent des obstacles, respectivement, à l'obtention et à la délivrance de ces soins. Ceci donne lieu à des situations de sous-utilisation ou en tout cas d'utilisation suboptimale du système de soins: reports de soins, le manque de compliance thérapeutique, perte au suivi, consultation non justifiées aux urgences ...L'objectif de ce travail était donc d'identifier, analyser et catégoriser les difficultés perçues par les migrants et les médecins généralistes comme des obstacles à l'accès aux soins médicaux.A cette fin, j'ai réalisé une revue systématique de la littérature internationale publiée entre 2007 et 2017, utilisant une méthode qualitative ou mixte, et intéressant les médecins généralistes et autres prestataires de première ligne ainsi que trois sous-groupes de migrants: les demandeurs d'asile, les réfugiés, et les migrants illégaux. La revue s'est intéressée à 20 articles sélectionnés sur base de critères d'inclusions pré-établis et a rassemblé les témoignages de plus de 961 médecins et migrants, répartis dans 21 pays, au travers de focus groupes et d'interview semi-structurées.Au total, 254 éléments constituant des obstacles à l'accès aux soins ont été extraits. Durant l'analyse thématique, et selon la méthode de la théorie ancrée, ces éléments ont été systématisés en 3 axes: (1) un axe "patient-médecin" comprenant les différences culturelles, la barrière linguistique, le stress post-migration, la précarité et la méfiance vis-à-vis du corps médical et/ou de l'autorité; (2) un axe "patient-système" décrivant les difficultés des migrants à naviguer dans un nouveau système de soins, notamment en rapport avec la connaissance de leurs droits, les démarches administratives et les différences dans l'organisation des soins dans le pays d'origine; et enfin (3) un axe "médecin-système" décrivant le manque (et le drainage) des ressources des médecins ainsi que la complexité des procédures administratives et légales. Des éléments facilitateurs à l'accès aux soins ont également pu être mis en évidence même s'ils ne faisaient pas partie de la question de recherche initiale. A l'issue de ce travail, une série d'obstacles ont donc pu être mis en lumière, et ils pourront dès lors servir de base, une fois leur existence actée, pour améliorer la prise en charge des migrants dans un contexte de médecine générale et élargir le champs de pratique des médecins généralistes à une frange vulnérable de la population. Le MG : un métier diversifiéLe Dr Ha Chi Cuong exerce actuellement au sein de la Maison médicale des Primeurs située à Forest. C'est d'ailleurs là qu'il a effectué tout son assistanat. "Au travers de ma formation dans cette équipe durant 2 ans, j'ai pu donner un sens aux mots "soins globaux, continus et intégrés"", explique-t-il. Ce qui a guidé son choix ? L'immense diversité dans la pratique quotidienne du médecin généraliste, la diversité des pathologies, leur gravité, mais aussi la diversité des âges, des sexes ... Quand il se lève le matin, il n'a aucune idée de ce dont sa journée sera faite. Et lorsqu'on lui demande ce qu'il apprécie le plus dans la médecine générale, il souligne la volonté de prodiguer des soins dits globaux, requérant une gymnastique intellectuelle de tous les instants. "Nous devons à la fois nous intéresser au purement somatique, et faire preuve de rigueur scientifique dans nos choix diagnostiques et thérapeutiques", ajoute-t-il.Les qualités les plus précieuses pour un MG selon lui ? C'est savoir faire preuve d'honnêteté intellectuelle et de curiosité scientifique afin d'éviter de s'enliser dans une pratique médicale trop routinière, et en même temps montrer de la patience, de la flexibilité et de l'empathie afin d'éviter que le patient ne se braque devant un "EBM-iste" borné.Par contre, un aspect qu'il aimerait voir s'améliorer, c'est l'image du médecin généraliste auprès de la population générale. "Beaucoup de patients semblent penser que les soins s'arrêtent et commencent aux portes de l'hôpital, et ignorent que le médecin généraliste a lui aussi des compétences spécifiques dont il gagnerait à se servir", explique-t-il.Et côté loisir ? "J'ai toujours été musicien et continue à écrire et jouer de la musique presque tous les jours, seul ou au sein de groupes", nous raconte-t-il. "Plus récemment, je me suis lancé dans le travail du bois et plus spécifiquement l'ébénisterie. J'imagine que comme dans beaucoup d'autres métiers intellectuellement prenant, il vient un moment où l'on a envie de faire quelque chose de plus manuel ..."C.S