...

L'hypothyroïdie infraclinique, également appelée frustre, est une pathologie thyroïdienne définie par une élévation isolée de la valeur de la thyréopine (TSH). Il s'agit donc d'un diagnostic biologique, et son versant clinique n'est que très peu voire pas symptomatique. La progression vers une hypothyroïdie franche n'est pas inéluctable car elle ne survient que dans un tiers des cas. Elle est relativement fréquente en médecine générale puisque sa prévalence peut atteindre jusqu'à 20 % chez la femme de plus de 60 ans.La nécessité de dépister, l'établissement d'un diagnostic et la définition des indications de traitements ne semblent pas clairement connus. Pourtant, leurs conséquences ne sont pas négligeables puisqu'elles consistent à donner au patient un traitement chronique pour une durée indéterminée.L'objectif de ce travail de fin d'études est de déterminer une prise en charge basée sur l'expérience de médecins généralistes de la région de Liège, l'avis d'un expert et sur les données de la littérature afin d'éviter le sur-traitement ou le sous-traitement de l'hypothyroïdie infraclinique dans l'intérêt du patient.Un entretien semi-dirigé de huit médecins généralistes de la région liégeoise a été mené et analysé qualitativement afin d'évaluer la prise en charge thérapeutique. L'avis d'un endocrinologue spécialisé dans les pathologies de la thyroïde a été demandé. Une recherche des données de la littérature a été réalisée en favorisant les différents sites de recommandations afin de mettre en évidence s'il existe une éventuelle discordance entre la théorie et la pratique.La plupart des médecins généralistes interrogés ont une connaissance limitée de l'hypothyroïdie infraclinique, ce qui amène à un dépistage excessif, un sur-diagnostic et l'instauration d'un traitement de supplémentation parfois injustifiée. L'expert endocrinologue a une très bonne connaissance de la pathologie, cependant, son algorithme de prise en charge diffère des recommandations actuelles.Les données issues de la littérature peuvent être contradictoires et parfois non consensuelles. Elles ne reposent que sur les études observationnelles de courte durée avec, parfois, un échantillon de trop faible importance.Il n'existe pas de preuves suffisantes pour déterminer une prise en charge certaine de l'hypothyroïdie infraclinique. Cependant, les données actuelles de la littérature nous donnent des pistes pour adapter notre approche thérapeutique afin d'éviter de traiter de manière inadéquate un patient et éviter ainsi de lui procurer un traitement chronique illégitime.Ainsi, il est recommandé de réaliser un dépistage ciblé sur une population considérée comme à risque d'une dysfonction thyroïdienne. Ce dépistage consiste en un dosage de la TSH. Si sa valeur est élevée, il est recommandé d'ajouter le dosage de l'hormone thyroxine libre (T4 libre) puis de réaliser un second dosage de TSH et T4 libre après 3 à 6 mois.Si cette valeur de TSH reste élevée sans anomalie de la T4, le diagnostic d'hypothyroïdie infraclinique peut être posé sur simple bilan biologique.Les indications de traitement concernent uniquement les patients à risque de progression vers une hypothyroïdie franche.