L'empathie est pour Pierre Scalliet le fondement de l'attitude du médecin. "Au-delà des aspects éthiques, la personne qui s'adresse à vous attend quelque chose. Les renseignements strictement cliniques qu'on retire à travers cette empathie sont très utiles en tant que tels." Prédisposition ou pas, aux Cliniques Saint-Luc, les médecins reçoivent des formations à la communication depuis des années. "Cela nous a plus qu'aidés tant en matière de qualité de la communication elle-même que dans la stabilisation de notre propre niveau émotionnel par rapport au stress, surtout chez nous en oncologie où les patients ont des questions existentielles comme 'Vais-je survivre ? Souffrir ?' Cela nous a permis aussi de mieux communiquer avec nous-mêmes."

Travail d'équipe

L'empathie est aussi une aide précieuse pour communiquer avec confrères et partenaires en soins et même ingénieurs qui sont nombreux en radiothérapie et dont le passé n'a rien à voir avec la médecine. Là aussi, le Dr Scalliet mentionne la formation à la communication en équipe, autour du patient, organisée à l'UCL. "C'est tellement important pour porter la parole du patient d'une personne à l'autre! Mais aussi avec le médecin généraliste avec qui il faut entretenir des rapports autant que possible... Le courriel a été un progrès important en la matière. Quant aux rapports avec les infirmières, j'en ai épousé une. Cela m'a bien aidé. Tout jeune stagiaire, je suis tombé dans un service avec des infirmières qui avaient beaucoup de caractère. Le chef de service m'a dit : 'Ecoute, des médecins il y en a trop et des infirmières il n'y en a pas assez. Donc si tu as des ennuis, d'office TU auras tort.' En réalité, le nursing et la médecine sont complémentaire mais se recoupent peu. Donc, chacun a un rôle à jouer. Quand je suis arrivé dans le service à Saint Luc, on m'a chargé de mettre en place les structures de concertation entre médecins spécialistes mais aussi avec les kinés, les diététiciens, les oncologues, etc. On a maintenant 17 groupes de concertation. Pratiquement la totalité des pathologies cancéreuses..."

La radiothérapie est l'occasion de formaliser toutes sortes d'échanges entre les services grands et petits, académiques ou non. "Quand un patient s'adresse à un service de radiothérapie, il reçoit le State of the art, le bon traitement au bon endroit. Le collège s'est engagé sous mon impulsion dans un très grand travail de nivellement par le haut sur la sécurité des soins et la sécurité du patient. Tout cela s'est formalisé entre 2000 et 2010 avec le soutien financier, notamment du plan cancer. Depuis 2011, les services de radiothérapie s'auditent les uns les autres sur toute une série de thématiques."

Ces audits ont apporté des éléments de connaissance complètement inattendus. "La qualité s'est homogénéisée entre les services! Où qu'il aille, un patient oncologique belge aura un traitement de qualité. Cette approche m'a occupé pendant une dizaine d'années."

Le Pr Scalliet est d'ailleurs co-auteur de 3 livres traitant de la qualité. "Nous avons écrit le manuel d'audit clinique à l'AIEA. La qualité c'est la sécurité : les radiations présentent un danger potentiel qui impose une maîtrise totale au bénéfice du patient et des mesures de sécurité particulières. On a introduit un système de déclarations d'incident bien avant que les hôpitaux n'y songent... Donc la qualité est au centre de mes préoccupations depuis longtemps mais cela ne m'a jamais empêché d'être un clinicien."

Engagement social

Cette démarche explique sans doute aussi l'engagement social de ce Français installé en Belgique : le Pr Scalliet préside une association d'accueil pour les enfants depuis 20 ans, les Cerfs-volants. "Je suis le président du CA. C'est une structure qui accueille des enfants de la naissance jusqu'à l'âge de six ans ainsi placés par le juge parce que la famille a des problèmes divers (SDF, problème de drogue, prison). Elle occupe 19 personnes."

Ce qui n'impressionne pas ce chef de service depuis 1989. "Les gens qui travaillent avec moi m'ont dit que j'avais du leadership. 'On rentre dans ton bureau avec nos idées et on en ressort avec les tiennes.' Cela étant dit, mon style de gestion (avec 50 personnes dans mon service), c'est de travailler avec énormément de concertation groupe par groupe. La rénovation des locaux a été un moment incroyable à cet égard. Tous les locaux sont organisés en couronne autour de la salle d'attente. C'est pour montrer qu'ils sont au centre de nos préoccupations."

Le "chef" est délégatif mais quand il faut trancher, il n'a aucun souci. "Chaque fois que j'ai une mauvaise adéquation entre la personne et sa fonction, j'utilise toujours le même argument : les patients ont le droit d'avoir toutes les fonctions performantes. C'est notre vraie raison d'être. Donc, une fonction qui ne performe pas, elle doit être remplacée. En dépit du rôle social que nous avons par rapport à notre équipe, la priorité est le patient et on ne peut pas avoir deux priorités équivalentes. Les respect des contrats de chacun est subordonné à cela."

Nicolas de Pape

A vous de voter!

Nous présentons dans cinq numéros consécutifs les nominés au Prix du Spécialiste de l'année. Il vous reviendra - chers lecteurs - d'attribuer votre vote de préférence après avoir lu les différents portraits, et ce à partir du 27 octobre, sur lejournaldumedecin.com.

L'empathie est pour Pierre Scalliet le fondement de l'attitude du médecin. "Au-delà des aspects éthiques, la personne qui s'adresse à vous attend quelque chose. Les renseignements strictement cliniques qu'on retire à travers cette empathie sont très utiles en tant que tels." Prédisposition ou pas, aux Cliniques Saint-Luc, les médecins reçoivent des formations à la communication depuis des années. "Cela nous a plus qu'aidés tant en matière de qualité de la communication elle-même que dans la stabilisation de notre propre niveau émotionnel par rapport au stress, surtout chez nous en oncologie où les patients ont des questions existentielles comme 'Vais-je survivre ? Souffrir ?' Cela nous a permis aussi de mieux communiquer avec nous-mêmes."L'empathie est aussi une aide précieuse pour communiquer avec confrères et partenaires en soins et même ingénieurs qui sont nombreux en radiothérapie et dont le passé n'a rien à voir avec la médecine. Là aussi, le Dr Scalliet mentionne la formation à la communication en équipe, autour du patient, organisée à l'UCL. "C'est tellement important pour porter la parole du patient d'une personne à l'autre! Mais aussi avec le médecin généraliste avec qui il faut entretenir des rapports autant que possible... Le courriel a été un progrès important en la matière. Quant aux rapports avec les infirmières, j'en ai épousé une. Cela m'a bien aidé. Tout jeune stagiaire, je suis tombé dans un service avec des infirmières qui avaient beaucoup de caractère. Le chef de service m'a dit : 'Ecoute, des médecins il y en a trop et des infirmières il n'y en a pas assez. Donc si tu as des ennuis, d'office TU auras tort.' En réalité, le nursing et la médecine sont complémentaire mais se recoupent peu. Donc, chacun a un rôle à jouer. Quand je suis arrivé dans le service à Saint Luc, on m'a chargé de mettre en place les structures de concertation entre médecins spécialistes mais aussi avec les kinés, les diététiciens, les oncologues, etc. On a maintenant 17 groupes de concertation. Pratiquement la totalité des pathologies cancéreuses..."La radiothérapie est l'occasion de formaliser toutes sortes d'échanges entre les services grands et petits, académiques ou non. "Quand un patient s'adresse à un service de radiothérapie, il reçoit le State of the art, le bon traitement au bon endroit. Le collège s'est engagé sous mon impulsion dans un très grand travail de nivellement par le haut sur la sécurité des soins et la sécurité du patient. Tout cela s'est formalisé entre 2000 et 2010 avec le soutien financier, notamment du plan cancer. Depuis 2011, les services de radiothérapie s'auditent les uns les autres sur toute une série de thématiques."Ces audits ont apporté des éléments de connaissance complètement inattendus. "La qualité s'est homogénéisée entre les services! Où qu'il aille, un patient oncologique belge aura un traitement de qualité. Cette approche m'a occupé pendant une dizaine d'années."Le Pr Scalliet est d'ailleurs co-auteur de 3 livres traitant de la qualité. "Nous avons écrit le manuel d'audit clinique à l'AIEA. La qualité c'est la sécurité : les radiations présentent un danger potentiel qui impose une maîtrise totale au bénéfice du patient et des mesures de sécurité particulières. On a introduit un système de déclarations d'incident bien avant que les hôpitaux n'y songent... Donc la qualité est au centre de mes préoccupations depuis longtemps mais cela ne m'a jamais empêché d'être un clinicien."Cette démarche explique sans doute aussi l'engagement social de ce Français installé en Belgique : le Pr Scalliet préside une association d'accueil pour les enfants depuis 20 ans, les Cerfs-volants. "Je suis le président du CA. C'est une structure qui accueille des enfants de la naissance jusqu'à l'âge de six ans ainsi placés par le juge parce que la famille a des problèmes divers (SDF, problème de drogue, prison). Elle occupe 19 personnes."Ce qui n'impressionne pas ce chef de service depuis 1989. "Les gens qui travaillent avec moi m'ont dit que j'avais du leadership. 'On rentre dans ton bureau avec nos idées et on en ressort avec les tiennes.' Cela étant dit, mon style de gestion (avec 50 personnes dans mon service), c'est de travailler avec énormément de concertation groupe par groupe. La rénovation des locaux a été un moment incroyable à cet égard. Tous les locaux sont organisés en couronne autour de la salle d'attente. C'est pour montrer qu'ils sont au centre de nos préoccupations."Le "chef" est délégatif mais quand il faut trancher, il n'a aucun souci. "Chaque fois que j'ai une mauvaise adéquation entre la personne et sa fonction, j'utilise toujours le même argument : les patients ont le droit d'avoir toutes les fonctions performantes. C'est notre vraie raison d'être. Donc, une fonction qui ne performe pas, elle doit être remplacée. En dépit du rôle social que nous avons par rapport à notre équipe, la priorité est le patient et on ne peut pas avoir deux priorités équivalentes. Les respect des contrats de chacun est subordonné à cela."Nicolas de Pape