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Le ministre des Pensions était présent le samedi 24 mars pour expliquer sa réforme à ses confrères. Il a rappelé les objectifs principaux de ce grand chantier du gouvernement Michel : garantir le paiement des pensions, harmoniser les différents régimes, récompenser le travail, réduire le risque de pauvreté, généraliser les pensions complémentaires et mieux informer le citoyen. " Le budget des pensions a augmenté de 64,1% en 10 ans. Il est passé de 28,3 milliards en 2007 à 45,3 milliards en 2017. C'est le budget le plus important de l'État fédéral, celui des soins de santé tourne autour de 25 milliards et celui du chômage autour de 12 milliards. La croissance du budget des pensions est importante en comparaison avec ceux d'autres postes. Celui du chômage, par exemple, diminue ", a souligné Daniel Bacquelaine. Un des axes majeurs de la réforme est la volonté de récompenser le travail. " Pour moi en tant que politicien libéral, c'est un objectif essentiel ", a souligné le Dr Bacquelaine lors du colloque. Une des premières mesures prises par le ministre des Pensions a été de permettre aux Belges de travailler sans limites de revenus après 65 ans ou 45 années de carrière, tout en percevant leur pension. " Les périodes de travail effectif doivent compter davantage dans le calcul de la pension ", a déclaré le ministre. Il a illustré son propos en prenant l'exemple de Pierre et Paul, âgés tous les deux de 65 ans. Pierre a travaillé durant 45 ans. Paul a travaillé 35 ans, a été 5 ans au chômage et 5 ans en prépension. À 65 ans, ils toucheront cependant une pension identique. Est-ce bien normal ?Quant au risque de pauvreté qui peut être évité grâce à la pension minimum, Daniel Bacquelaine a rappelé que celle-ci a augmenté sensiblement ces dernières années. Le montant de la pension (carrière complète pour isolé) a été augmenté de 57 euros (sous le gouvernement Di Rupo) et de 98 euros (sous le gouvernement Michel) pour les salariés, et de 54 euros (gouvernement Di Rupo) et 160 euros (gouvernement Michel) pour les indépendants. En outre, depuis quelques années, la pension minimum des indépendants a rattrapé celle des salariés, autour de 1.200 euros pour les isolés. Le concept de pension à points va également renforcer le lien entre le travail et la pension. " La pension à points va changer fortement le principe du calcul de la pension, explique Daniel Bacquelaine. Plutôt que d'utiliser l'âge de la personne comme référence principale, on va prendre la durée de carrière. Comme pour une voiture, on va plutôt tenir compte du kilométrage du véhicule que de son âge. Ce système paraît plus juste et va permettre de mieux harmoniser les différents régimes de pension. En gros, une pension correspondra à l'ensemble de points accumulés tout au long d'une carrière, indépendamment du régime dans lequel on a travaillé. Le nombre de points sera proportionnel aux cotisations sociales payées par le citoyen. Celui qui a payé des cotisations sociales élevées parce qu'il a beaucoup travaillé, aura beaucoup de points. À l'inverse, celui qui ne travaille pas beaucoup n'aura pas beaucoup de points. Celui qui décide de partir faire le tour du monde durant trois ans, n'accumulera pas de points durant cette période. Au moment de la pension, le nombre de points sera multiplié par la valeur du point. "Et le ministre de tordre le cou à un canard : la valeur du point ne pourra jamais descendre, même pas pour ajuster les comptes de l'État. " La loi prévoit que la valeur du point ne peut pas diminuer. C'est vrai qu'elle pourrait ne pas augmenter en période de récession ou lorsque la croissance est nulle... Dans notre pays, on ne diminue pas les salaires. Il n'y a donc pas de raison que l'on diminue la valeur du point. Celle-ci sera indexée. " Chaque Belge pourra quand il veut consulter le nombre de points accumulés durant sa carrière. La loi du 18 décembre 2015 a fixé que la pension complémentaire doit être payée lors de la prise de cours effective de la pension légale. " Le médecin pensionné ne peut donc plus se constituer une pension complémentaire. C'était déjà le cas avant, mais il y avait une certaine tolérance. Désormais, l'application de la loi est stricte, souligne le ministre. Si le dispensateur, qui remplit les conditions pour la pension, reste professionnellement actif, rien ne change pour lui. Ses avantages sociaux pourront notamment consister en une participation de l'Inami dans les primes ou cotisations. Pour le médecin pensionné avant le 1er janvier 2016, les avantages sociaux pourront consister en une participation de l'Inami dans les primes ou cotisations si la convention de pension a été conclue avant le 1er janvier 2016 et que la prestation de pension a été liquidée avant le 1er janvier 2016. Pour les dispensateurs de soins pensionnés après le 1er janvier 2016, les avantages sociaux ne pourront plus consister en une participation de l'Inami dans les primes ou cotisations. Nous cherchons actuellement avec la ministre Maggie De Block une solution pour utiliser la prime Inami en dehors de la pension complémentaire. La loi santé - qui va bientôt être déposée au parlement - devrait comprendre une série de possibilités pour permettre aux médecins conventionnés actifs de continuer de bénéficier de la prime Inami après la prise de pension ", a expliqué Daniel Bacquelaine à ses confrères.Vincent Claes