Il a la voix qui apaise et le sourire généreux. Pourtant, Olivier De Lathouwer, chirurgien plasticien "un peu particulier, avec une activité essentiellement concentrée sur la cancérologie cutanée", vit une période de troubles personnels, que la pleine conscience aide à surmonter. "La mindfulness, c'est l'état de conscience qui résulte du fait de porter son attention de façon intentionnelle sur la vie qui se déploie moment après moment, sans jugement", explique Olivier, qui évite donc de se laisser porter par ses émotions, ses pensées. Reste que la vie du chirurgien, jusqu'à il y a peu, n'était pas empreinte d'une telle philosophie.

Après des études secondaires rondement menées, il décide d'opter pour la psychologie à l'Université libre de Bruxelles, pour ne plus croiser la route de la physique, de la chimie et des mathématiques. "Ensuite, je suis tombé sur une vidéo faisant la promotion d'une technique chirurgicale : la mise en place d'implants dentaires, se souvient-il. Je trouvais ça beau, j'étais scotché par ce que je voyais. C'est à ce moment-là que je me suis décidé à m'inscrire en médecine." Indécis, Olivier s'essaye à toutes sortes de chirurgie, de la digestive à la vasculaire, en passant par l'orthopédique. Avant de découvrir la chirurgie plastique, "qui présente l'avantage de toucher à toutes les parties du corps, à la plupart des tissus, et offre des aspects très différents". Dans ce domaine, il a rapidement "développé un tropisme pour la cancérologie cutanée" et en a fait sa spécialité.

Une rencontre bouleversante

Il est des rencontres qui donnent un sens nouveau à la vie, qui la révolutionnent. Olivier peut en témoigner. En 2010, à Erasme, il reçoit une patiente atteinte d'un petit mélanome, avec laquelle il se lie d'amitié au gré des opérations qu'elle doit subir. "Statistiquement, son mélanome aurait dû évoluer sans suites et sans complications, mais ma patiente est devenue métastatique, se rappelle Olivier. Au plus sa maladie évoluait, au plus elle avait l'air vivante et rayonnante. En fait, Matthieu Ricard, un moine tibétain, lui avait conseillé de rencontrer Jon Kabat-Zinn, l'homme qui a mis au point le protocole Mindfulness-Based Stress Reduction (MBSR pour les intimes). Ça n'a pas changé son combat, ni l'évolution de la maladie, mais son rapport à celle-ci."

En 2012, Olivier tente l'expérience à son tour. "J'ai mis le petit doigt et j'y suis passé tout entier", sourit-il. Au point de décrocher un nouveau diplôme, pour devenir instructeur du programme, lequel comporte 8 séances d'environ 3 heures et des exercices quotidiens à effectuer pendant 8 semaines. "Si vous ne faites pas vos devoirs, vous n'arriverez à rien", prévient-il.

Parallèlement à ça, il assiste à une conférence au cours de laquelle il se sent "très touché par un exposé de Matthieu Ricard sur la question des vraies valeurs". Tout ce qui est matériel, à ses yeux, ne revêt plus d'importance, ou presque. Son cabriolet Mercedes ? Vendu, au profit d'une Fiat 500. Il décide de se tourner exclusivement vers des valeurs intrinsèques. "Je me suis demandé ce que je voulais léguer à mes enfants : un compte en banque ? Qu'est-ce qu'ils en auraient fait ?", se questionne-t-il.

Des changements radicaux

La mindfulness a eu un impact conséquent sur plusieurs aspects de la vie d'Olivier. "Je suis devenu strictement végétarien. La compassion occupe une place importante dans mon esprit, je suis contre toute forme de souffrance, précise Olivier. J'ai le sentiment d'avoir une certaine responsabilité vis-à-vis des animaux. En me baladant dans la campagne, quand je vois une vache, je peux me mettre à sa place. Je me sens lié à la nature."

La pratique de la méditation a donné un relief différent à son existence. "D'une certaine façon, ça a été à la base d'un processus de développement d'autonomie, de réflexion et d'existence."

Sa pratique médicale a également été impactée par la mindfulness. Désormais, il s'escrime à soigner l'humain lorsque la maladie est incurable. "J'essaye d'accompagner mes patients, de rajouter de la vie aux jours quand on ne peut plus rajouter de jours à la vie. J'essaye de ne pas oublier le patient derrière la maladie, qui est simplement un aspect de la relation que l'on entretient", détaille le chirurgien de 43 ans. Et de poursuivre : "Je ne sais pas si la mindfulness aide à guérir mes patients. Mais, à mes yeux, guérir n'est pas le plus important, même si c'est capital. Certaines personnes guérissent tout en restant altérées dans leur être, dans leur mental. D'autres meurent sereines. Qu'est-ce qui est le mieux ? Souffrir toute sa vie ou vivre pleinement ? C'est important de guérir les gens, ça va de soi, mais il y a deux aspects à prendre en compte."

Tout le monde est bénéficiaire

Olivier estime sa manière nouvelle de considérer la médecine bénéfique pour tout le monde. "Le bénéfice n'est pas un capital défini. Plus on le partage, plus il y en a. J'ai une véritable relation avec mes patients. J'essaye de les accompagner, d'être là pour eux. Il m'arrive d'avoir les larmes aux yeux pendant mes consultations, dévoile-t-il. La médecine et la mindfulness sont deux modalités essentielles de ma vie. Même si leur association peut sembler surprenante, elles sont complémentaires. La première a inculqué en moi le souci d'aider les autres. La deuxième a élargi la potentialité de cette notion d'aide."

Bien que pour le moment étrangers à la pleine conscience - "ma fille s'est essayée à la mindfulness, sans succès" -, les trois enfants d'Olivier tirent, selon lui, également profit de la nouvelle philosophie adoptée par leur père. "Avant, j'étais un véritable bourreau de travail. La mindfulness m'a rendu plus présent à la maison, même si en ce moment, mes journées sont bien remplies." Il est vrai qu'entre ses professions de chirurgien et d'instructeur MBSR, la méditation, les loisirs (le sport et la lecture) et son déménagement, l'agenda d'Olivier est copieusement garni. "Mieux vaut ça que l'inverse, même si ça m'arrangerait d'avoir des journées de 48 heures, plaisante-t-il. J'aimerais avoir plus de temps à passer avec mes enfants. Mais je pense que la qualité des moments qu'on partage est meilleure qu'avant."

C'est donc aussi ça, la pleine conscience. Se concentrer sur l'instant présent pour profiter le plus possible de ses proches. À méditer.

Il a la voix qui apaise et le sourire généreux. Pourtant, Olivier De Lathouwer, chirurgien plasticien "un peu particulier, avec une activité essentiellement concentrée sur la cancérologie cutanée", vit une période de troubles personnels, que la pleine conscience aide à surmonter. "La mindfulness, c'est l'état de conscience qui résulte du fait de porter son attention de façon intentionnelle sur la vie qui se déploie moment après moment, sans jugement", explique Olivier, qui évite donc de se laisser porter par ses émotions, ses pensées. Reste que la vie du chirurgien, jusqu'à il y a peu, n'était pas empreinte d'une telle philosophie. Après des études secondaires rondement menées, il décide d'opter pour la psychologie à l'Université libre de Bruxelles, pour ne plus croiser la route de la physique, de la chimie et des mathématiques. "Ensuite, je suis tombé sur une vidéo faisant la promotion d'une technique chirurgicale : la mise en place d'implants dentaires, se souvient-il. Je trouvais ça beau, j'étais scotché par ce que je voyais. C'est à ce moment-là que je me suis décidé à m'inscrire en médecine." Indécis, Olivier s'essaye à toutes sortes de chirurgie, de la digestive à la vasculaire, en passant par l'orthopédique. Avant de découvrir la chirurgie plastique, "qui présente l'avantage de toucher à toutes les parties du corps, à la plupart des tissus, et offre des aspects très différents". Dans ce domaine, il a rapidement "développé un tropisme pour la cancérologie cutanée" et en a fait sa spécialité. Il est des rencontres qui donnent un sens nouveau à la vie, qui la révolutionnent. Olivier peut en témoigner. En 2010, à Erasme, il reçoit une patiente atteinte d'un petit mélanome, avec laquelle il se lie d'amitié au gré des opérations qu'elle doit subir. "Statistiquement, son mélanome aurait dû évoluer sans suites et sans complications, mais ma patiente est devenue métastatique, se rappelle Olivier. Au plus sa maladie évoluait, au plus elle avait l'air vivante et rayonnante. En fait, Matthieu Ricard, un moine tibétain, lui avait conseillé de rencontrer Jon Kabat-Zinn, l'homme qui a mis au point le protocole Mindfulness-Based Stress Reduction (MBSR pour les intimes). Ça n'a pas changé son combat, ni l'évolution de la maladie, mais son rapport à celle-ci."En 2012, Olivier tente l'expérience à son tour. "J'ai mis le petit doigt et j'y suis passé tout entier", sourit-il. Au point de décrocher un nouveau diplôme, pour devenir instructeur du programme, lequel comporte 8 séances d'environ 3 heures et des exercices quotidiens à effectuer pendant 8 semaines. "Si vous ne faites pas vos devoirs, vous n'arriverez à rien", prévient-il. Parallèlement à ça, il assiste à une conférence au cours de laquelle il se sent "très touché par un exposé de Matthieu Ricard sur la question des vraies valeurs". Tout ce qui est matériel, à ses yeux, ne revêt plus d'importance, ou presque. Son cabriolet Mercedes ? Vendu, au profit d'une Fiat 500. Il décide de se tourner exclusivement vers des valeurs intrinsèques. "Je me suis demandé ce que je voulais léguer à mes enfants : un compte en banque ? Qu'est-ce qu'ils en auraient fait ?", se questionne-t-il.La mindfulness a eu un impact conséquent sur plusieurs aspects de la vie d'Olivier. "Je suis devenu strictement végétarien. La compassion occupe une place importante dans mon esprit, je suis contre toute forme de souffrance, précise Olivier. J'ai le sentiment d'avoir une certaine responsabilité vis-à-vis des animaux. En me baladant dans la campagne, quand je vois une vache, je peux me mettre à sa place. Je me sens lié à la nature."La pratique de la méditation a donné un relief différent à son existence. "D'une certaine façon, ça a été à la base d'un processus de développement d'autonomie, de réflexion et d'existence."Sa pratique médicale a également été impactée par la mindfulness. Désormais, il s'escrime à soigner l'humain lorsque la maladie est incurable. "J'essaye d'accompagner mes patients, de rajouter de la vie aux jours quand on ne peut plus rajouter de jours à la vie. J'essaye de ne pas oublier le patient derrière la maladie, qui est simplement un aspect de la relation que l'on entretient", détaille le chirurgien de 43 ans. Et de poursuivre : "Je ne sais pas si la mindfulness aide à guérir mes patients. Mais, à mes yeux, guérir n'est pas le plus important, même si c'est capital. Certaines personnes guérissent tout en restant altérées dans leur être, dans leur mental. D'autres meurent sereines. Qu'est-ce qui est le mieux ? Souffrir toute sa vie ou vivre pleinement ? C'est important de guérir les gens, ça va de soi, mais il y a deux aspects à prendre en compte." Olivier estime sa manière nouvelle de considérer la médecine bénéfique pour tout le monde. "Le bénéfice n'est pas un capital défini. Plus on le partage, plus il y en a. J'ai une véritable relation avec mes patients. J'essaye de les accompagner, d'être là pour eux. Il m'arrive d'avoir les larmes aux yeux pendant mes consultations, dévoile-t-il. La médecine et la mindfulness sont deux modalités essentielles de ma vie. Même si leur association peut sembler surprenante, elles sont complémentaires. La première a inculqué en moi le souci d'aider les autres. La deuxième a élargi la potentialité de cette notion d'aide."Bien que pour le moment étrangers à la pleine conscience - "ma fille s'est essayée à la mindfulness, sans succès" -, les trois enfants d'Olivier tirent, selon lui, également profit de la nouvelle philosophie adoptée par leur père. "Avant, j'étais un véritable bourreau de travail. La mindfulness m'a rendu plus présent à la maison, même si en ce moment, mes journées sont bien remplies." Il est vrai qu'entre ses professions de chirurgien et d'instructeur MBSR, la méditation, les loisirs (le sport et la lecture) et son déménagement, l'agenda d'Olivier est copieusement garni. "Mieux vaut ça que l'inverse, même si ça m'arrangerait d'avoir des journées de 48 heures, plaisante-t-il. J'aimerais avoir plus de temps à passer avec mes enfants. Mais je pense que la qualité des moments qu'on partage est meilleure qu'avant." C'est donc aussi ça, la pleine conscience. Se concentrer sur l'instant présent pour profiter le plus possible de ses proches. À méditer.