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L'augmentation de l'espérance de vie et le vieillissement de la population font des maladies neurodégénératives et cérébro-vasculaires un enjeu de santé publique. D'un côté, les données épidémiologiques et fondamentales montrant une association entre les facteurs de risque cardiovasculaire et les pathologies neurodégénératives s'accumulent. Et, de l'autre, les progrès de la neuro-imagerie permettent de mieux cerner les relations entre l'accident vasculaire cérébral symptomatique, l'AVC silencieux, la démence vasculaire sous-corticale, les micro-hémorragies et la pathologie dégénérative à un stade pré-démentiel.Face à ce constat, le CHU de Charleroi a décidé de mettre en place un Pôle d'excellence cérébro-vasculaire (PEC). L'objectif ? Répondre à un vrai problème de santé publique et développer des synergies entre les différents services concernés par cette thématique. Il faut reconnaître que Charleroi est une des régions les plus touchées par les affections cardiovasculaires et que le CHU a un tropisme particulier pour ces maladies chroniques, ainsi qu'un programme de recherche d'envergure nationale et internationale." Derrière ce projet, il y a une réelle stratégie d'amélioration des soins basée sur une analyse de la littérature. Le constat est fait depuis longtemps et il s'affine de plus en plus : un des paramètres qui permet de réduire la mortalité hospitalière, c'est le couple enseignement/recherche. Depuis plusieurs années, le CHU Charleroi soutient le développement de la recherche et de l'enseignement et, depuis la fin des années 80, un Laboratoire de médecine expérimentale (LME) de la Faculté de médecine de l'ULB est implanté en son sein et collabore avec les cliniciens ", explique son responsable, le Pr Karim Zouaoui Boudjeltia.Comment une recherche et un enseignement peuvent-ils augmenter la qualité des soins et réduire la mortalité ? " La littérature met en évidence que le fait d'avoir cette pratique de la recherche et de l'enseignement développe une acuité particulière vers les détails," reprend-t-il. "Or, le diable se cache souvent dans les détails... L'idée c'est qu'en collaborant avec les chercheurs, les cliniciens développent leurs propres programmes de recherche clinique. C'est comme cela que l'on peut améliorer la qualité. En faisant de la recherche, vous développez une logistique, des séminaires multidisciplinaires..., et donc d'une manière générale, les gens se parlent beaucoup plus ".Le PEC, qui n'a pas d'équivalent en Fédération Wallonie-Bruxelles, regroupe différents services autour de la neurologie : la radiologie, la neurochirurgie, la neurorevalidation, les soins intensifs, la gériatrie et la cardiologie. Ce pôle d'excellence est encore soutenu par le Gerhpac (un groupe d'épistémologie appliquée qui fournit méthodologistes et biostatisticiens) et par les laboratoires dont le LME. Enfin, il y a des collaborations internationales, comme celle de l'unité de neuroradiologie interventionnelle avec les Hospices civils de Lyon." Les AVC restent un domaine fascinant parce que la majorité sont d'origine inconnue ", poursuit Karim Zouaoui Boudjeltia. " Ce qui est important dans ce projet commun, c'est qu'il faut comprendre la genèse de la pathologie, raison pour laquelle il est essentiel que la recherche fondamentale collabore avec la clinique. " (Voir ci-contre)Les questions qui taraudent les chercheurs sont en effet légion : Pourquoi les caillots ont-ils des structures différentes d'un AVC à l'autre ? La morphologie de l'aorte joue-t-elle un rôle ? Pourquoi tous les patients qui ont de la fibrillation auriculaire ne font pas un AVC ? " En partant de l'aigu, la recherche a mis au point des tests permettant de prédire quels patients vont faire un AVC, ce qui nous ramène aussi dans le champ de la prévention... " Voici un bel exemple du mode de fonctionnement du Pôle d'excellence cérébro-vasculaire qui repose sur trois grands piliers : la phase aiguë, la revalidation et la prévention.Martine Versonne