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Suite à l'ampleur pris par l'affaire Weinstein dans le monde, l'hôpital néerlandais UMC a pris une série d'actions pour réduire les comportements déplacés et le sentiment d'insécurité dans les relations interpersonnelles. Ainsi, les dirigeants de l'hôpital ont participé à des sessions pour faire connaître la politique de l'institution concernant les comportements déplacés.L'hôpital a également cherché des ambassadeurs pour sensibiliser les patients et les collaborateurs.En Belgique, la problématique de l'agression sexuelle et du harcèlement, plus particulièrement dans le milieu professionnel, touche également le secteur de la santé. Une enquête réalisée par notre journal en 2017 avait révélé que 12,5 % des médecins interrogés ont été confrontés ces dix dernières années à un comportement sexuel indésirable de la part d'un collègue. 38 % ont été confrontés à un comportement sexuel indésirable de la part d'un patient.En outre, la moitié des 1.800 répondants à notre enquête estimait que la tolérance vis-à-vis des comportements sexuels indésirables est trop grande.Plusieurs hôpitaux belges semblent être conscients de cette problématique. Ceux qui ont répondu à notre enquête annoncent avoir mis en place des mesures de prévention et d'accompagnement depuis quelques années." Le dispositif d'accueil du personnel est important aux Cliniques universitaires Saint-Luc : il y a des personnes de confiance internes et externes, un service social du personnel et une cellule de soutien psychologique pour le personnel, explique Thomas Denayer, directeur du service communication. Le besoin de l'amplifier ou de l'adapter ne s'est pas fait sentir. Le type de plaintes n'a pas évolué non plus suite à la médiatisation MeToo. Et donc, nous n'avons pas mis en place de sensibilisations spécifiques. Le dispositif en place permet de maintenir une veille et de rester attentifs aux éventuelles évolutions du phénomène. "" Nous n'avons rien mis en place de spécifique suite au buzz MeToo par rapport à ce que nous faisions déjà, explique Alexia Argyrakis, responsable communication au CHU Saint-Pierre. Nous avons depuis de nombreuses années désigné des personnes dites de confiance dans notre institution ainsi qu'un psychologue indépendant à l'autorité de l'hôpital et une cellule psychosociale. Ils sont à disposition de tous les membres du personnel qui le souhaitent et ce, pour aborder n'importe quel thème (harcèlement au travail, harcèlement sexuel, deuil, etc.) en toute confidentialité. Si la situation est grave ou s'aggrave, en accord avec la victime, la direction est avertie. Il arrive qu'une plainte soit déposée à la police et une enquête interne peut alors avoir lieu. Cela peut mener à une rupture de contrat. " L'hôpital bruxellois a mis en place des formations pour le personnel (accueil, équipes d'intervention et autres) afin de les aider à mieux appréhender l'agressivité en général. " Ces mesures concernent tous nos membres du personnel ainsi que les patients. Elles sont nécessaires. En tant qu'employeur nous souhaitons prendre autant soin de notre personnel que de nos patients. "Le Centre hospitalier chrétien (CHC) explique au JdM que le mouvement MeToo n'a pas engendré de réelles réactions de l'institution liégeoise dans la mesure où des mesures de prévention et des actions avaient déjà été prises largement avant l'explosion de cette bombe afin de limiter les éventuels faits de harcèlement ou de violence au sein du groupe hospitalier. " Outre le règlement de travail qui prévoit des interdictions de comportement claires ainsi qu'une annexe relative aux faits de harcèlement, nous avions développé plusieurs axes. Nous avons créé un support " bien vivre son travail au CHC ", lequel donne une série d'indications (réactions à avoir, personnes à contacter face à une situation donnée, numéros utiles, ...) aux personnes confrontées à divers incidents, dont l'assuétude (alcool, médicaments, drogues, ...) ou les comportements déviants tels que harcèlement moral ou sexuel. Le comité de direction a confirmé à l'ensemble des collaborateurs du CHC, mais aussi à ses patients et visiteurs, la " tolérance zéro " pour les faits de violence, verbale ou physique, l'agressivité... L'hôpital portant systématiquement plainte contre le trublion. Nous avons organisé une série de séances de formation destinées à améliorer la qualité de la communication entre collègues, mais aussi entre nos collaborateurs et les patients ou leurs familles et de multiples formations pour mieux gérer les comportements agressifs des patients, des collègues, des visiteurs. Ces diverses formations étant ouvertes tant aux médecins et prestataires indépendants qu'à l'ensemble du personnel salarié du groupe. Le CHC a affiché clairement ses valeurs dont l'une, le respect, est une ligne de conduite que toute l'organisation doit suivre, au risque d'en être exclu. "Et de conclure : " nous n'avons pas attendu l'affaire Weinstein et les réactions MeToo pour prendre conscience des risques et tenter de les contenir. "Du côté du Artsenkrant, notre journal frère, une trentaine d'hôpitaux ont également été invités à répondre à notre enquête. Les répondants déclarent qu'ils mènent déjà depuis des années des politiques proactives pour éviter les comportements déplacés tant entre collègues que dans la relation thérapeutique. La médiatisation de la problématique MeToo a été l'occasion pour plusieurs hôpitaux de réfléchir aux mesures de prévention et de sensibilisation qu'ils prennent face aux harcèlements. L'AZ Nikolaas, par exemple, a décidé d'étendre son système de signalement des incidents entre les médecins et les collaborateurs. L'AZ Jan Portaels a organisé il y a deux ans une campagne d'affichage pour indiquer aux victimes de harcèlement chez qui elles peuvent s'adresser pour être assistées. Un piqûre de rappel toujours utile.Vincent Claes/E.N.