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La logique marchande en santé, si elle s'impose, nous mènera à une régulation limitée sur l'offre, les prix, le remboursement et la qualité des soins. Dans une optique de maximisation du profit, l'intérêt financier des actionnaires primera sur l'intérêt général, affirme Hermesse. "Des questionnaires médicaux mèneront à l'exclusion de certains patients par la sélection des risques. La recherche médicale se concentrera sur des critères de rendement pur. On fermera les services non rentables et on appliquera des prix élevés dérivés de monopoles et peu transparents." Ce système marchand appliqué à la Belgique serait mortifère car 5% des 550.000 membres des MC les plus malades concentrent 55% des dépenses (il s'agit des malades chroniques et des plus âgés qui seraient exclus d'une assurance privée). La maîtrise des coûts y est inatteignable puisque les USA consacrent, en dépit d'une espérance de vie déplorable, 17% de leur PIB aux soins de santé (dépenses totales) contre 10,4% en Belgique (les dépenses publiques sont quasi identiques à environ 8%). Même en Belgique, l'espérance de vie entre Anderlues et Laethem Saint-Martin affiche un différentiel de 8 ans. Et les frais d'administration sont huit fois plus importants dans le privé (20-25% contre 3,4%). La privatisation n'est donc pas une solution. Hermesse met en garde quant à la charge pour le seul patient que constituent les suppléments d'honoraires en chambre individuelle : 400 millions (sur 600 millions) liés à 22% d'admissions, alors que les nouveaux hôpitaux construits ou en construction prévoient 60 à 70% de chambres à un lit. Le phénomène accentue les inégalités envers les Belges exclus des assurances privées via des questionnaires médicaux. L'Assurance hospi solidaire, produite par les MC, sans sélection des risques, a donc tout son sens.Il existe un lien positif entre les inégalités et les problèmes sociaux et de santé constatés dans les pays développés. Les problèmes sociaux y sont d'ailleurs gérés à coups d'antidépresseurs.En Belgique, si la moyenne des patients des MC reçoit l'indice 100, la thérapie cardiaque atteint 107 pour les patients défavorisés pour seulement 90,4 pour les patients favorisés en fonction du lieu de résidence (2012). La quote-part patient en dépenses de santé (9/40 milliards) va croissant.Hermesse pointe, pour conclure, l'évolution inquiétante de la décroissance des dépenses en soins de santé : 4,5% en 2008-2009 pour seulement 1,5% en 2016 et 2017, et seulement 0,5% en 2017-2019. Le Fédéral s'est défaussé dans la 6e Réforme de l'Etat, sur les régions, pour deux postes très budgétivores : les soins aux personnes âgées et les malades chroniques sans que les Régions bruxelloise et wallonne puissent répondre à la croissance des dépenses futures.