...

L'enquête - à laquelle 160 maisons médicales (soit un taux de réponse de 91%) ont répondu - permet de connaître, entre autres, le nombre de patients par ETP dispensateur de soins. En moyenne, on dénombre environ 673 patients par ETP médecin généraliste. L'enquête de KMPG ne montre pas de différence significative quant au nombre de patients par médecin généraliste d'une région à l'autre mais bien un nombre moins élevé de patients par ETP médecin généraliste en milieu rural, compte tenu de la plus grande proportion de patients âgés et de visites à domicile dans cette région. "Lors des entretiens, on a pointé plusieurs fois l'importance d'un bon équilibre du nombre de patients par ETP médecin généraliste pour pouvoir garantir la qualité et la continuité des soins", indique KMPG.Commentant ces résultats, l'Absym estime "qu'avec une moyenne de 673 patients par médecin généraliste, la charge de travail y est dangereusement faible. D'autant plus qu'il arrive également que certains médecins généralistes y forment 3 ou 4 médecins généralistes en formation (MGF), ce qui soulève des questions relatives à l'exposition de ceux-ci à la pathologie au cours de la formation. La continuité des soins en prend un coup et il ressort que le nombre de renvois vers d'autres dispensateurs de soins est peu, voire pas du tout, enregistré."Selon l'Absym, cet audit donne une image démystifiante de la manière dont les maisons médicales (MM) travaillent. "Un médecin généraliste ETP n'y traite en moyenne que quelque 673 citoyens/nes inscrit(es). Ces médecins sont confrontés à trop peu de pathologies pour entretenir leur expérience médicale. Calculé sur la base d'une charge de travail aussi faible, le territoire national entier aurait besoin de 16.716 médecins généralistes ETP, soit presque deux fois plus qu'actuellement. Il convient cependant de noter que les maisons médicales ont mis un terme à l'inscription de nouveaux patients, en avançant l'argument que "le nombre maximum de patients est atteint pour pouvoir continuer de garantir aux patients actuels la bonne qualité et la continuité des soins". Un cabinet de médecine générale néerlandais avec un encadrement comparable compte 2.168 patients. L'association nationale des MG néerlandais souhaite diminuer ce nombre à 2095 patients, à partir de 2018."L'Absym s'étonne du nombre élevé de MG en formation employés dans les maisons médicales. "Cela fait réfléchir quant à la potentielle exposition aux pathologies et remet donc en question la qualité de la formation que ces médecins sont en mesure de proposer. L'expérience de la pratique leur importe apparemment peu. L'un des fils conducteurs que l'on retrouve tout au long de cet audit est la préoccupation nourrie par les médecins généralistes au sujet de leur propre équilibre vie privée/vie professionnelle. Cette mentalité 'nine to five' prédomine et ce, aux dépens du lien personnel qu'ils peuvent tisser avec leurs patients et aux dépens de la qualité des soins dispensés à ces derniers. La continuité des soins après les heures de bureau est une considération dont doivent se soucier leurs confrères du système "libéral"."Le syndicat se déclare "très préoccupé" par "le manque manifeste et intentionnel de continuité des soins dans les maisons médicales". Et de pointer la faible participation à la garde. "Un médecin généraliste sur trois (35%) travaillant en maison médicale ne participe à aucun service de garde. À Bruxelles, ce chiffre atteint même 47% !"L'audit de KPMG se penche également plus avant sur la question de la politique de référence des maisons médicales. Le nombre de renvois est peu, voire pas du tout enregistré, de sorte que cela "ne permet d'avoir qu'une connaissance limitée du nombre de ces renvois (tant en première qu'en deuxième et troisième ligne)". La plupart des maisons médicales indiquent être bel et bien prêtes à enregistrer des renvois dans le futur. D'autres craignent toutefois que cela augmente la charge administrative.L'audit analyse aussi les questions relatives au financement des maisons médicales. Le financement par patient se compose en moyenne à 81 % d'indemnités forfaitaires, recalculé en fonction des besoins en matière de soins avec une marge de sécurité déterminant que le budget d'une pratique ne peut baisser de plus d'1%. Les interventions dans le cadre du Maribel s'élèvent en moyenne à 12% du financement par patient, tandis que les interventions diverses représentent 7 %. En 2016, l'intervention forfaitaire par patient assuré s'élève en moyenne à 382 €. Si l'on considère les différentes régions, c'est en Wallonie que cette intervention forfaitaire est la plus élevée en moyenne. "Nous sommes donc face à un cas de concurrence déloyale pour les médecins généralistes actifs classiques! Aussi étrange que cela puisse paraître, des interventions par des universités ne sont citées nulle part", commente Marc Moens, président de l'Absym."Les maisons médicales voient la médecine générale comme un hamac, ajoute le syndicaliste. Les médecins généralistes qui y travaillent sont plus souvent préoccupés par leur propre confort, bafouent bon nombre d'obligations déontologiques et autres et peuvent compter sur un financement garanti avec une marge de sécurité absolue, qui est encore nourri davantage par les flux d'argent supplémentaires en provenance des communes, des villes, des provinces et d'autres autorités publiques. Tout cela se fait au détriment des médecins généralistes traditionnels qui travaillent dur et gagnent eux-mêmes la confiance de leurs patients, mais se retrouvent concurrencés de manière déloyale par les maisons médicales."Le syndicat médical souligne qu'il soutient "les médecins généralistes qui, dans la mesure du possible, collaborent également de manière multidisciplinaire, mais pas selon le modèle utilisé dans les maisons médicales. Le statut des confrères médecins généralistes qui travaillent au sein d'un modèle de coopération est moins important mais ils doivent avoir les mêmes droits et obligations que les médecins généralistes qui traitent les autres 96,7% de la population belge." 1. Audit relatif à l'organisation, au fonctionnement et à la structure de coûts des maisons médicales, KPMG..