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"Cette argumentation met en avant qu'aujourd'hui, toutes les victimes de traumatismes graves doivent être acheminées vers l'hôpital le plus proche. Bien entendu, cela ne fonctionne pas ainsi , souligne le Dr Jan Stroobants, président du BeCEP. En effet, en cas d'accident grave, nos SMUR sont dépêchés sur place, comme la loi le prévoit d'ailleurs depuis longue date, pour transporter le patient à l'hôpital le plus adapté, et donc pas nécessairement le plus proche, en tenant compte des constats et des possibilités des différents hôpitaux disponibles. Tous les hôpitaux qui accueillent les accidentés graves sont équipés des installations adéquates pour leur prise en charge. Les médecins urgentistes auraient déjà tiré la sonnette d'alarme depuis longtemps si jamais il en était autrement."Le président du BeCEP contredit la thèse du Pr Nijs (UZ Leuven) qui estime que la création de tels centres de traumatologie permettrait d'éviter 900 décès par an. "Les études scientifiques actuelles ne démontrent pas que l'installation de tels centres aurait la moindre incidence sur le taux de mortalité, argumente Jan Stroobants. Cette absence de preuve est d'ailleurs explicitement indiquée dans le rapport, de même que le constat qu'en Belgique, aucune donnée n'existe pour établir un comparatif entre nos propres hôpitaux ou pour les comparer avec l'étranger. On se demande par quel mystère les assertions de ce professeur de l'UZ de Leuven reposent sur des données concrètes. L'évolution positive du taux de mortalité lié aux accidents de la route doit d'abord être attribuée à la gestion du trafic et à l'amélioration des développements techniques des véhicules. L'évolution médicale favorable que nous constatons actuellement au fil des ans est entièrement due et coïncide avec les progrès de la médecine et n'a rien à voir avec de nouvelles structures dans les pays déjà dotés des installations adéquates."Le Pr Stroobants s'interroge sur les motivations réelles de cette étude et sur son manque de charpente scientifique. Il pointe la tendance actuelle qui veut que les centres labellisés soient supérieurs aux "simples" services hospitaliers. "Quoi qu'il en soit, les médecins urgentistes n'ont pas l'intention de se balader avec les blessés à travers le pays pour se rendre dans ces centres alors qu'on sait qu'ils peuvent compter sur des soins tout aussi efficaces et plus proches comme c'est actuellement le cas. Si on veut nous persuader de procéder autrement, ce sera à l'appui de données vraiment scientifiques prouvant que cela peut profiter aux patients. Changer le système des soins de santé, pour autant qu'il existe un problème dans notre pays, mérite une analyse approfondie pour évaluer correctement toutes les conséquences au lieu de se contenter d'études vagues basées sur des arguments fallacieux."