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L'Agence intermutualiste a réalisé une comparaison entre la médecine à l'acte et la médecine au forfait pratiquée par les maisons médicales. Ces dernières années, ce système au forfait a connu une croissance rapide. 3% de la patientèle belge y a recours.Cette étude a comparé deux échantillons de 50.000 personnes ayant les mêmes caractéristiques, l'un soigné dans le système du financement forfaitaire et l'autre dans le système à l'acte. "Premier constat : les coûts supportés par l'assurance-maladie sont identiques dans les deux systèmes, avance l'AIM. En moyenne, 2.074 euros au forfait et 2.080 euros à l'acte. En effet, si les dépenses en première ligne de soins (médecine, kinésithérapie et soins infirmiers) sont plus élevées dans le système au forfait, ce surcoût est intégralement compensé par les économies réalisées en deuxième ligne (médicaments, hospitalisations, prises en charge institutionnalisée, etc.). Pour les patients, le système forfaitaire est cependant moins coûteux : d'une part, il n'y a pas de tickets modérateurs en première ligne et, d'autre part, comme il y a moins de prestations de soins en deuxième ligne et de médicaments prescrits, les frais supportés par le patient sont également moins importants à ce niveau.""Deuxième constat, les résultats obtenus sur base de certains indicateurs de qualité sont meilleurs dans les centres forfaitaires, poursuit l'agence. Par exemple, le taux de vaccination contre la grippe des personnes âgées et le dépistage des cancers du col de l'utérus et du sein chez les femmes sont meilleurs. Les prescriptions d'antibiotiques y sont aussi plus mesurées et en meilleure adéquation avec les recommandations dans le choix de la molécule. Les versions moins chères des médicaments sont également plus souvent prescrites. Enfin, les diabétiques sont mieux suivis. Il subsiste néanmoins une marge de progression importante au regard des recommandations nationales et internationales."Selon cette étude, les maisons médicales offrent une prise en charge de première ligne largement accessible aux populations plus fragiles sur le plan socio-économique et dès lors davantage exposées au risque de report de soins.L'analyse relève des disparités parfois importantes entre les maisons médicales, en particulier en termes d'économies réalisées en seconde ligne. Pour l'Agence intermutualiste, cette étude montre que le financement au forfait a clairement sa place dans notre système de soins de santé, à côté des pratiques traditionnelles à l'acte. "Elle démontre que des soins de première ligne accessibles et multidisciplinaires peuvent même réduire les coûts de certains soins de deuxième ligne. En outre, ils ne compromettent pas la qualité de ceux-ci puisque sur les divers indicateurs de qualité étudiés, les résultats sont supérieurs à ceux de la médecine à l'acte."Rappelons qu'en Région wallonne, la ministre Greoli veut soutenir les maisons médicales (au forfait ou non) (lire le jdM 2521) grâce à l'aide de fonds européens. Pour sa part, la ministre De Block a fixé un moratoire pour la création de nouvelles maisons médicales au forfait. Peut-être va-t-elle changer d'avis à la lecture de l'étude de l'AIM. D'autant plus que l'audit de KPMG serait également positif envers les maisons médicales ? L'AIM formule une série de recommandations : • Renforcer la base légale du système forfaitaire, afin que la continuité et la qualité des soins puissent être garanties dans chaque centre et que la sélection des risques puisse être évitée autant que possible.• Affiner davantage le modèle de financement de manière à ce que le forfait alloué à chaque maison médicale reflète le mieux possible les besoins de soins des patients qui y sont traités.• Orienter prioritairement le financement vers les centres forfaitaires travaillant de manière multidisciplinaire et qui montrent de bons résultats dans leurs pratiques de prévention.• Reconnaître la plus-value du modèle forfaitaire face à la problématique du report de soins et de l'accessibilité aux soins des populations précarisées.