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La deuxième phase de l'audit sur les pratiques forfaitaires s'est achevée fin de semaine dernière. La Fédération des maisons médicales s'en inquiète. Rappelons que Maggie De Block veut un moratoire sur le système du forfait. "Ce qui empêche la création de nouvelles pratiques, rétrorque Christophe Cocu, secrétaire général de la Fédération des maisons médicales Le forfait est un système de solidarité qui permet aux personnes de ne pas devoir payer la consultation chez le/la généraliste, kiné et infirmier(ère).Les mutuelles versent pour cela aux maisons médicales une somme par mois et par patient."La FMM n'est pas opposée par principe à la réalisation d'une évaluation de son secteur. "Il nous apparait en effet logique de collaborer lorsqu'on nous demande de rendre de comptes sur l'utilisation d'argent public, et en cela, une forme d'"audit" n'est pas dénuée de sens. Depuis de nombreuses années, et en collaboration avec la VWGC (notre équivalent flamand) nous mettons d'ailleurs tout en place pour permettre un secteur assaini des pratiques déviantes. Nous avions notamment proposé une étude au KCE, centre d'expertise fédéral et indépendant, qui a été refusée. Nous ne partageons pas les positions extrêmes de boycott prises par une petite minorité de pratiques associées à l'extrême gauche, dont nous nous distinguons par notre pluralisme et notre combat politique non partisan. Mais nous condamnons également la méthode violente, inadaptée et inefficace choisie par la ministre."La FMM regrette que "le cabinet De Block préfère assommer le secteur d'un moratoire qui ne génère aucune économie pour la sécurité sociale, afin de piloter en toute discrétion un audit à charge." Et de dénoncer des arguments erronés : la croissance du budget pour le secteur, alors que celle-ci est liée à la croissance du nombre de patients inscrits dans le système. "Nous coûtons plus cher, car nous soignons de plus en plus de gens. Et ce n'est pas sans lien avec la croissance de la précarité dans notre société, elle-même liée aux politiques d'austérité choisies par notre gouvernement, commente Christophe Cocu. Les patients qui se voient refuser l'accès aux maisons médicales à cause de ce moratoire iront, au mieux, se faire soigner en médecine libérale ou aux urgences des hôpitaux, ce qui ne changera rien dans le budget des soins de santé, et au pire, reporterons les soins, ce qui engendra des coûts supplémentaires pour des maladies prises en charge à des stades plus avancés."Pour la FMM, l'audit ministériel est mené selon une méthodologie plus que douteuse, "pointant certains aspects et en oubliant d'autres, consultant les parties prenantes, mais en n'en faisant rien, car le questionnaire est validé par le cabinet. Il est également mené dans la précipitation : sur les 51 questions posées, toutes sauf trois ont été retournées à KPMG pour réécriture. Par ailleurs certaines questions sont restées hors propos, sans réponse possible, ou répétitive. Le questionnaire s'est par contre largement étendu sur les résultats comptables, sans prendre en compte des critères de qualité des soins délivrés."La gestion globale de la santé (intégration de la médecine préventive et de la santé communautaire, travail pluridisciplinaire) est le socle du travail des maisons médicales de la fédération. Le système forfaitaire est un outil qui lui permet d'atteindre ces objectifs. La FMM regrette l'hostilité du cabinet envers ses pratiques. La fédération met Maggie De Block face à ses responsabilités et contradictions. "Soit pour elle et le gouvernement fédéral, l'accessibilité à des soins généralistes n'est pas une priorité, il faut alors l'assumer sans se cacher derrière cet audit pseudo-scientifique et un moratoire qui ne réalise aucune économie. Soit c'est une priorité et il est nécessaire d'ouvrir enfin le dialogue, de lever le moratoire et d'enfin permettre aux nouvelles structures qui le souhaitent de pratiquer au forfait, d'étudier les pistes qui ont été proposées pour améliorer le fonctionnement forfaitaire et de compléter l'audit en cours par une recherche, validée scientifiquement par un organe neutre et publique comme le Centre fédéral d'expertise (KCE)."