À l'instar du " binge drinking " qui caractérise une alcoolisation massive, on parle aussi de " binge watching " pour les personnes qui se livrent à un visionnage boulimique de séries télévisées comme " The Walking Dead ", " Game of Thrones ", " House of Cards " ou encore " Breaking Bad ".

Doctorante à la Leuven School for Mass Communication Research (KU Leuven),Liese Exelmans a voulu savoir quels pouvaient être les effets sur le sommeil, et donc sur la santé, de cette pratique que l'on dit en constante augmentation, surtout chez les jeunes adultes.

Phénomène très répandu

Bien épaulée par le promoteur de son doctorat et co-auteur de l'étude, Jan Van den Bulck, qui a rejoint l'an dernier l'Université du Michigan, la jeune chercheuse a interrogé, via des questionnaires en ligne, 423 jeunes adultes flamands âgés de 18 à 25 ans sur leur qualité de sommeil ainsi que sur la fréquence de leur séance de " binge watching " sur tous supports (télévision, laptop, ou ordinateur).

Les auteurs ont pu constater qu'il s'agit d'un phénomène très répandu puisque 80,6% des participants ont affirmé être des adeptes du " gavage télévisuel ". Parmi eux, 39,6% l'ont pratiqué une fois et 28,4% plusieurs fois sur une période d'un mois, 11,7% à une reprise et 13,5% à plusieurs reprises au cours d'une semaine et 6,7% quasiment tous les jours, la durée moyenne d'une session étant de 3 heures et 8 minutes.

Problème, selon Liese Exelmans, l'étude montre que les personnes qui enchaînent les épisodes en une fois courent un risque plus important de subir des troubles du sommeil. " Un lien que nous avons pu établir formellement pour la première fois et qu'on ne retrouve pas chez les personnes qui ont une consommation télévisuelle 'normale'. "

Excitation cognitive

" Un binge watcher sur trois rapporte une fatigue accrue, des difficultés à l'endormissement et des problèmes d'insomnies plus fréquents par rapport à ses congénères du même âge qui ne pratiquent pas le visionnage en rafale régulièrement ", poursuit la doctorante. " Le problème ne concerne donc pas la durée du sommeil mais sa qualité. La majorité des spectateurs compulsifs dort en effet près de huit heures par nuit. "

La scientifique a également découvert le mécanisme à l'origine des problèmes de sommeil des binge watchers. " Totalement immergés dans l'histoire et préoccupés par les personnages, ils continuent à y penser quand ils veulent aller dormir. Ils sont en 'alerte mentale' et connaissent une excitation cognitive accrue avant le sommeil. Cela est dû au fait que ces séries possèdent une structure narrative souvent complexe. Chaque épisode s'achève avec un 'cliffhanger' qui pousse à poursuivre le visionnage. "

Quelques conseils

Au vu des résultats obtenus, Liese Exelmans se permet de distiller quelques conseils aux adeptes des marathons télévisuels. " Le premier, c'est qu'ils décident de limiter leur temps d'écran avant d'aller dormir. Le deuxième, qu'ils prennent conscience de leur comportement et qu'ils soient confrontés à la durée réelle quotidienne qu'ils passent devant leur écran, ce qui devrait les inciter davantage à changer. Le troisième, qu'ils prennent un temps suffisamment long pour se calmer avant d'aller au lit, qu'ils se mettent dans un état qui favorise l'endormissement. "

La jeune chercheuse ajoute qu'il est important que les binge watchers soient avertis des conséquences pour leur santé d'un mauvais sommeil : réduction de la mémoire et des capacités d'apprentissage et risque accru d'obésité, d'hypertension et de maladies cardiovasculaires. Enfin, étant donné que le visionnage compulsif se produit souvent involontairement, elle suggère que " les services de diffusion de vidéos en continu comme Netflix proposent aux téléspectateurs de présélectionner leur durée de visualisation maximale avant de commencer. "

Référence : Journal of Clinical Sleep Medicine, 15 août 2017, doi : 10.5664/jcsm.6704

À l'instar du " binge drinking " qui caractérise une alcoolisation massive, on parle aussi de " binge watching " pour les personnes qui se livrent à un visionnage boulimique de séries télévisées comme " The Walking Dead ", " Game of Thrones ", " House of Cards " ou encore " Breaking Bad ".Doctorante à la Leuven School for Mass Communication Research (KU Leuven),Liese Exelmans a voulu savoir quels pouvaient être les effets sur le sommeil, et donc sur la santé, de cette pratique que l'on dit en constante augmentation, surtout chez les jeunes adultes.Bien épaulée par le promoteur de son doctorat et co-auteur de l'étude, Jan Van den Bulck, qui a rejoint l'an dernier l'Université du Michigan, la jeune chercheuse a interrogé, via des questionnaires en ligne, 423 jeunes adultes flamands âgés de 18 à 25 ans sur leur qualité de sommeil ainsi que sur la fréquence de leur séance de " binge watching " sur tous supports (télévision, laptop, ou ordinateur).Les auteurs ont pu constater qu'il s'agit d'un phénomène très répandu puisque 80,6% des participants ont affirmé être des adeptes du " gavage télévisuel ". Parmi eux, 39,6% l'ont pratiqué une fois et 28,4% plusieurs fois sur une période d'un mois, 11,7% à une reprise et 13,5% à plusieurs reprises au cours d'une semaine et 6,7% quasiment tous les jours, la durée moyenne d'une session étant de 3 heures et 8 minutes.Problème, selon Liese Exelmans, l'étude montre que les personnes qui enchaînent les épisodes en une fois courent un risque plus important de subir des troubles du sommeil. " Un lien que nous avons pu établir formellement pour la première fois et qu'on ne retrouve pas chez les personnes qui ont une consommation télévisuelle 'normale'. "" Un binge watcher sur trois rapporte une fatigue accrue, des difficultés à l'endormissement et des problèmes d'insomnies plus fréquents par rapport à ses congénères du même âge qui ne pratiquent pas le visionnage en rafale régulièrement ", poursuit la doctorante. " Le problème ne concerne donc pas la durée du sommeil mais sa qualité. La majorité des spectateurs compulsifs dort en effet près de huit heures par nuit. "La scientifique a également découvert le mécanisme à l'origine des problèmes de sommeil des binge watchers. " Totalement immergés dans l'histoire et préoccupés par les personnages, ils continuent à y penser quand ils veulent aller dormir. Ils sont en 'alerte mentale' et connaissent une excitation cognitive accrue avant le sommeil. Cela est dû au fait que ces séries possèdent une structure narrative souvent complexe. Chaque épisode s'achève avec un 'cliffhanger' qui pousse à poursuivre le visionnage. "Au vu des résultats obtenus, Liese Exelmans se permet de distiller quelques conseils aux adeptes des marathons télévisuels. " Le premier, c'est qu'ils décident de limiter leur temps d'écran avant d'aller dormir. Le deuxième, qu'ils prennent conscience de leur comportement et qu'ils soient confrontés à la durée réelle quotidienne qu'ils passent devant leur écran, ce qui devrait les inciter davantage à changer. Le troisième, qu'ils prennent un temps suffisamment long pour se calmer avant d'aller au lit, qu'ils se mettent dans un état qui favorise l'endormissement. "La jeune chercheuse ajoute qu'il est important que les binge watchers soient avertis des conséquences pour leur santé d'un mauvais sommeil : réduction de la mémoire et des capacités d'apprentissage et risque accru d'obésité, d'hypertension et de maladies cardiovasculaires. Enfin, étant donné que le visionnage compulsif se produit souvent involontairement, elle suggère que " les services de diffusion de vidéos en continu comme Netflix proposent aux téléspectateurs de présélectionner leur durée de visualisation maximale avant de commencer. "Référence : Journal of Clinical Sleep Medicine, 15 août 2017, doi : 10.5664/jcsm.6704