...

Le respect inconditionnel pour chaque individu qui mérite les mêmes soins, quels que soient son origine, son âge ou son sexe, semble parfois inexistant. La solidarité est et reste la condition primordiale de la socialisation des soins. Après tout, ne devrions-nous pas nous écarter d'un marketing omnipotent de notre politique de soins et du défaitisme actuel selon lequel les soins de santé sont inabordables ? Pouvons-nous aspirer à une solidarité en termes de complicité née d'un sort commun et d'empathie dans les soins ? Malheureusement, la politique de soins actuelle sollicite de plus en plus la responsabilité individuelle et l'autosuffisance du citoyen. Les personnes doivent mener une vie plus saine et sont également explicitement et individuellement responsables de leurs comportements. De nombreux patients ne peuvent répondre à ces exigences et risquent donc de ne pas recevoir les soins nécessaires. En tant que fonds pour personnes malades, n'est-il pas de notre devoir d'exprimer réellement notre solidarité envers les personnes ayant des problèmes de santé ?Si nous continuons à considérer les soins de santé d'un point de vue purement économique, nous risquerons d'exclure un groupe de personnes vulnérables. On procédera d'abord à une évaluation économique du coût d'une personne ; ensuite, on déterminera si son traitement (égal) est justifié. La valeur des soins sera en fait renseignée en tant que valeur marchande économique, le rendement et l'utilité étant pondérés dans un bilan comptable. L'exclusion sera justifiée par des arguments tels que l'inaccessibilité et la rentabilité. Si nous transposons cela dans la position par laquelle j'ai introduit cette opinion, une prothèse de genou pour un patient de 95 ans ou atteint de démence ne sera en effet pas rentable. Une personne de chair et de sang sera alors réduite à l'homo economicus. Cela va en totale contradiction avec notre vision sur l'égalité et la solidarité entre les hommes susmentionnées, qui demeurent des pierres angulaires fondamentales dans les soins de santé et que nous continuons à défendre en tant que mutualité libérale.