Le médecin traitant, lorsqu'il signe le certificat de maladie, est-il au courant des dessous de l'affaire ? Qu'il peut, à terme, précipiter son patient dans un arrêt de travail long dont il ne sortira peut-être pas ? Que les indemnités de maladie plafonnées peuvent pousser ce patient dans la précarité ? Que l'incapacité de travail, en augmentation incessante depuis 15 ans, menace l'équilibre de la sécu ?

Sans doute pas. Pourtant, l'évolution du nombre de personnes " invalides " (en incapacité de travail depuis plus d'un an), gonfle à la vitesse de l'éclair. Entre 2000 et 2008, leur nombre a crû de 2,8 %, puis de 5,1 % dans la période 2008-2013 et 7,5 % entre 2013 et 2015. Entre 2000 et 2010, 80.000 se sont ajoutés ; entre 2010 et 2015 plus de 90.000. On s'attend à 125.000 supplémentaires d'ici 2022.

En chiffres absolus, ils étaient 182.000 en 1995, 390.000 en 2016. On estime donc qu'ils pourraient être 516.000 en 2022 pour un coût qui passera de 5,2 milliards d'euros à 6,8 milliards entre 2016 et 2022.

Une bonne nouvelle

La seule bonne nouvelle est une baisse entre 2015 et 2016 des dépenses relatives à l'incapacité primaire (moins d'un an) de 1,811 à 1,779 milliard d'euros correspondant à une baisse du nombre de jours indemnisés de 40,3 millions à 38,37 millions d'euros.

Au niveau pyramide des âges, on constate bien sûr les effets du papy-boom puisque à partir de 50 ans, le nombre de titulaires indemnisés au titre de l'incapacité de travail est systématiquement supérieur en 2014 par rapport à 2005 (par exemple, 333.014 hommes et 283.762 femmes dans la tranche 50-54 en 2004 ans, contre respectivement 264.171 et 199.820 en 2005).

Pour les tranches d'âge inférieures à 44 ans, c'est l'inverse : les personnes indemnisées sont moins nombreuses en 2014 qu'en 2005. Le taux d'invalidité est en effet, logiquement, croissant avec l'âge : de 0,4 % pour les hommes de 20-24 ans à 28,6 % dans la tranche 60-64 ans pour les hommes et des taux systématiquement supérieurs pour les femmes.

Causes mécaniques

On attribue à l'incapacité et l'invalidité des causes " mécaniques " : le relèvement de l'âge de la pension des femmes, le taux de participation croissant des femmes sur le marché du travail, le vieillissement de la population et la progression de certaines pathologies, surtout mentales puisque les troubles mentaux comptent pour 34,1 % des causes d'invalidité en 2015 tandis que 29,5 % des causes sont liées aux maladies du système ostéo-articulaire.

Mais de l'autre côté du manche, le médecin traitant doit savoir que son patient risque d'entrer dans une zone de précarité redoutable.

En effet, si certains cohabitants profitent certainement de la situation, les indemnités pour les malades de longue durée ne sont pas Byzance. Un chef de famille en invalidité peut ainsi espérer 65 % de son salaire mensuel brut plafonné à 2.342,86 euros, un isolé 1.982,5 euros et un cohabitant 1.441,70 euros. En moyenne, un salarié gagnera 44,6 euros par jour (six jours par semaine) soit 1.160 euros bruts mensuels, un indépendant pas plus de 1.092 euros (chiffres 2015).

Il faut ajouter à cela des frais de soins supérieurs bien sûr aux personnes en bonne santé (243 euros par mois en moyenne, dont 179 euros afférents à des prestations non-remboursables). Ainsi, dans la tranche 18-64 ans, l'invalide " consomme " 9,1 contacts médecins (consultation et visite à domicile par un MG) par an en moyenne contre 3,4 pour les personnes en bonne santé. C'est 2,7 fois plus.

Or dans l'enquête de l'ANMC qui avait fait grand bruit en 2016, les personnes en invalidité ne semblent pas penser qu'elles peuvent en sortir. Les invalides depuis plus de 5 ans sont seulement 4 % à penser qu'ils ont " des chances de reprendre le travail ", contre 17 % " plutôt pessimistes " et 62 % ne s'estimant " pas en état de reprendre le travail ". Au-delà de 10 ans de maladie, ils sont respectivement 2, 5 et 83 %.

Situation kafkaïenne

L'Alliance chrétienne estime que (pour autant que la robotisation n'entraîne pas les pertes d'emplois massives annoncées par l'Iweps), le chômage devrait se résorber de lui-même... Pour le reste, le relèvement de l'âge de la pension augmente les recettes mais la poussée d'invalidité augmente les coûts... Un jeu de vases communicants intenable pour le gouvernement, quel qu'il soit. Dont on ne pourra pas reprocher la mauvaise gestion tant cette situation kafkaïenne semble inévitable.

Lors de la MC-Academy, quelques solutions ont été ébauchées : télétravail pour réduire la pression psychologique (3 jours possible à l'ANMC) et des sièges plus ergonomiques pour réduire les risques de lombalgies. On pourrait ajouter des écrans d'ordinateurs mois toxiques pour les yeux...

Mais face à ce fléau, il en faudra sans doute beaucoup plus.

Le médecin traitant, lorsqu'il signe le certificat de maladie, est-il au courant des dessous de l'affaire ? Qu'il peut, à terme, précipiter son patient dans un arrêt de travail long dont il ne sortira peut-être pas ? Que les indemnités de maladie plafonnées peuvent pousser ce patient dans la précarité ? Que l'incapacité de travail, en augmentation incessante depuis 15 ans, menace l'équilibre de la sécu ?Sans doute pas. Pourtant, l'évolution du nombre de personnes " invalides " (en incapacité de travail depuis plus d'un an), gonfle à la vitesse de l'éclair. Entre 2000 et 2008, leur nombre a crû de 2,8 %, puis de 5,1 % dans la période 2008-2013 et 7,5 % entre 2013 et 2015. Entre 2000 et 2010, 80.000 se sont ajoutés ; entre 2010 et 2015 plus de 90.000. On s'attend à 125.000 supplémentaires d'ici 2022.En chiffres absolus, ils étaient 182.000 en 1995, 390.000 en 2016. On estime donc qu'ils pourraient être 516.000 en 2022 pour un coût qui passera de 5,2 milliards d'euros à 6,8 milliards entre 2016 et 2022.La seule bonne nouvelle est une baisse entre 2015 et 2016 des dépenses relatives à l'incapacité primaire (moins d'un an) de 1,811 à 1,779 milliard d'euros correspondant à une baisse du nombre de jours indemnisés de 40,3 millions à 38,37 millions d'euros.Au niveau pyramide des âges, on constate bien sûr les effets du papy-boom puisque à partir de 50 ans, le nombre de titulaires indemnisés au titre de l'incapacité de travail est systématiquement supérieur en 2014 par rapport à 2005 (par exemple, 333.014 hommes et 283.762 femmes dans la tranche 50-54 en 2004 ans, contre respectivement 264.171 et 199.820 en 2005).Pour les tranches d'âge inférieures à 44 ans, c'est l'inverse : les personnes indemnisées sont moins nombreuses en 2014 qu'en 2005. Le taux d'invalidité est en effet, logiquement, croissant avec l'âge : de 0,4 % pour les hommes de 20-24 ans à 28,6 % dans la tranche 60-64 ans pour les hommes et des taux systématiquement supérieurs pour les femmes.On attribue à l'incapacité et l'invalidité des causes " mécaniques " : le relèvement de l'âge de la pension des femmes, le taux de participation croissant des femmes sur le marché du travail, le vieillissement de la population et la progression de certaines pathologies, surtout mentales puisque les troubles mentaux comptent pour 34,1 % des causes d'invalidité en 2015 tandis que 29,5 % des causes sont liées aux maladies du système ostéo-articulaire.Mais de l'autre côté du manche, le médecin traitant doit savoir que son patient risque d'entrer dans une zone de précarité redoutable.En effet, si certains cohabitants profitent certainement de la situation, les indemnités pour les malades de longue durée ne sont pas Byzance. Un chef de famille en invalidité peut ainsi espérer 65 % de son salaire mensuel brut plafonné à 2.342,86 euros, un isolé 1.982,5 euros et un cohabitant 1.441,70 euros. En moyenne, un salarié gagnera 44,6 euros par jour (six jours par semaine) soit 1.160 euros bruts mensuels, un indépendant pas plus de 1.092 euros (chiffres 2015).Il faut ajouter à cela des frais de soins supérieurs bien sûr aux personnes en bonne santé (243 euros par mois en moyenne, dont 179 euros afférents à des prestations non-remboursables). Ainsi, dans la tranche 18-64 ans, l'invalide " consomme " 9,1 contacts médecins (consultation et visite à domicile par un MG) par an en moyenne contre 3,4 pour les personnes en bonne santé. C'est 2,7 fois plus.Or dans l'enquête de l'ANMC qui avait fait grand bruit en 2016, les personnes en invalidité ne semblent pas penser qu'elles peuvent en sortir. Les invalides depuis plus de 5 ans sont seulement 4 % à penser qu'ils ont " des chances de reprendre le travail ", contre 17 % " plutôt pessimistes " et 62 % ne s'estimant " pas en état de reprendre le travail ". Au-delà de 10 ans de maladie, ils sont respectivement 2, 5 et 83 %.L'Alliance chrétienne estime que (pour autant que la robotisation n'entraîne pas les pertes d'emplois massives annoncées par l'Iweps), le chômage devrait se résorber de lui-même... Pour le reste, le relèvement de l'âge de la pension augmente les recettes mais la poussée d'invalidité augmente les coûts... Un jeu de vases communicants intenable pour le gouvernement, quel qu'il soit. Dont on ne pourra pas reprocher la mauvaise gestion tant cette situation kafkaïenne semble inévitable.Lors de la MC-Academy, quelques solutions ont été ébauchées : télétravail pour réduire la pression psychologique (3 jours possible à l'ANMC) et des sièges plus ergonomiques pour réduire les risques de lombalgies. On pourrait ajouter des écrans d'ordinateurs mois toxiques pour les yeux...Mais face à ce fléau, il en faudra sans doute beaucoup plus.