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"Nous avons développé le projet d'un Passeport médicamenteux préopératoire personnalisé et informatisé qui répond à la difficulté éprouvée par les médecins de pouvoir réaliser une anamnèse complète du patient avant son hospitalisation", explique Sylvie Demaret, pharmacien chef de service du site Val de Sambre du CHR Sambre et Meuse et maître de stage."Notre objectif est de réaliser ce passeport avant que le patient soit hospitalisé pour une chirurgie élective, ajoute Nathalie Gillard, pharmacien hospitalier clinicien et cheffe du projet. Nous sommes partis du postulat que les erreurs médicamenteuses sont liées à des anamnèses sommaires et/ou incomplètes. Nous voulons établir une liste actualisée des médicaments pris par le patient avant son entrée à l'hôpital. Cela permet d'assurer la bonne continuité des soins, de réduire le nombre d'erreurs médicamenteuses et le temps d'attente lors de l'admission. Nous avons décidé de cibler les patients chirurgicaux parce qu'ils sont plus à risque que les autres patients : il y a plusieurs prescripteurs et le temps consacré à la prescription est plus limité. Nous avons concentré nos efforts sur les patients âgés (+ de 70 ans) qui prennent de nombreux médicaments et passent plus de deux nuits à l'hôpital."Les pharmaciens cliniciens de l'hôpital ont analysé le circuit pré-opératoire de ces patients afin d'intégrer ce projet dans les trajets de soins existant. "Au départ, nous avons réuni tous les intervenants à ce projet : infirmières, secrétaires, chirurgiens..., souligne Nathalie Gillard. Ensuite, nous avons développé des outils pour mettre en place la consultation de pharmacie clinique : un agenda, un local de consultation... Il est important de faire participer le patient à l'établissement de sa liste complète de médicaments. Lors de la prise de rendez-vous, la secrétaire remet un sac au patient et lui explique qu'il va rencontrer le pharmacien clinicien avant de voir l'anesthésiste. Le patient doit compléter un formulaire et mettre tous les emballages des médicaments (au sens large : NDLR) qu'il prend dans le sac en papier. Il le remettra lors de la consultation de pharmacie clinique. Un dépliant explique les démarches et donne aussi des conseils sur le bon usage des médicaments."Les pharmaciens établissent ensuite un dossier informatisé reprenant la liste complète des médicaments du patient, les allergies, les changements récents dans les médications... "Nous émettons des suggestions par rapport au formulaire thérapeutique de l'hôpital à l'attention de l'anesthésiste et du chirurgien, précise la cheffe de projet. A la fin de la consultation, nous donnons une liste complète au patient et nous envoyons un courrier à l'anesthésiste. Ce dernier peut extraire de façon électronique la liste dans son dossier.""Cette consultation préalable par le pharmacien de l'hôpital rassure les patients et les conscientise. Elle favorise l'implication du patient et de sa famille. C'est parfois la famille qui participe en remplissant le formulaire et le sac", souligne Pascal Mertens. De plus, ajoute Sylvie Demaret, le pharmacien hospitalier peut transmettre des informations au médecin traitant du patient, au pharmacien d'officine, à l'infirmière qui suit le patient...Les pharmaciens hospitaliers n'ont actuellement pas accès aux sumehrs postés par les médecins généralistes sur le Réseau santé wallon. Le passeport permet d'améliorer encore la collaboration entre les pharmaciens hospitaliers et les généralistes locaux. Une relation particulièrement importante pour un hôpital comme le CHRVS dont 50% de la patientèle vient des communes environnantes. "Pour convaincre les généralistes d'envoyer leurs patients sur notre site d'Auvelais, il faut montrer que des projets intéressants s'y développent et que ceux-ci impliquent la médecine générale et les autres partenaires locaux", commente Pascal Mertens, directeur général du CHR Sambre et Meuse. "Ce prix prouve que ce que d'aucuns pourraient considérer comme un petit hôpital de province est aussi capable de prendre des initiatives intéressantes et innovantes pour les patients et prestataires", souligne Pascal Mertens. Les pharmaciens du site d'Auvelais ont présenté leur projet à ceux du site de Namur. "Il y a une belle réceptivité. Des contacts vont être pris dans les prochaines semaines au sein du CHR Sambre et Meuse. Ensuite, en fonction de l'avancée de la fusion avec la Clinique Saint-Luc, nous essayerons de développer ce passeport médicamenteux sur tous les sites de notre groupe hospitalier. C'est grâce à des projets comme celui-ci que chaque partenaire d'une fusion peut montrer qu'il est crédible aux autres. De telles réalisations permettent aux acteurs de se parler et de nouer des contacts."La firme Baxter a offert un chèque de 25.000 euros à l'hôpital pour implémenter le projet. Pour l'instant, le projet-pilote mené par les pharmaciens cliniques concerne uniquement la chirurgie vasculaire et thoracique. Par après, il sera étendu à d'autres pathologies. La direction du CHR soutient activement le projet. "Pour l'instant, l'investissement financier de l'hôpital dans ce projet a été minime, si on ne tient pas compte évidemment du travail supplémentaire des personnes qui l'ont développé. Nous comptons que ce projet puisse prendre de l'ampleur. Il va falloir le pérenniser, entre autres en aménageant un local réservé à la pharmacie clinique."La pharmacie clinique est déjà bien développée au CHR Val de Sambre. "Depuis 2011, les pharmaciens cliniques travaillent en gériatrie. Ils tournent avec les médecins et participent aux réunions de service. Ils réalisent l'anamnèse pharmaceutique à l'entrée et rédigent les documents de sortie à l'intention des maisons de repos, des généralistes et des patients. A terme, notre objectif est de pouvoir publier ces informations sur le RSW pour les partager avec les autres prestataires", espère Sylvie Demaret, pharmacien chef de service.