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Car ces tests prédictifs de plus en plus nombreux peuvent être commandés sur internet pour quelques centaines de dollars. Ainsi, la société californienne 23andME (de la 23e paire sexuelle de chromosome) propose à deux millions de clients qui ont bien voulu leur envoyer leur sputum depuis 2007 de les "éclairer" quant à la charge génétique de leurs ancêtres en matière de maladies.De quoi inquiéter les compagnies d'assurance qui craignent que des clients à haut risque ne ruinent leurs tables de mortalité mais aussi certains assurés dotés de "mauvaises" gènes à qui on pourrait imposer ce type de tests. D'autant que ces tests sont commandés par des gens sans aucun symptôme (l'exemple le plus célèbre étant Angelina Jolie qui a découvert un gène mutant pouvant provoquer un cancer du sein et qui a subi à sa demande une mastectomie bilatérale prophylactique).Une personne sachant son espérance de vie très courte pourrait très bien contracter une assurance-vie. Les tests prédictifs n'étant pas inclus dans les questionnaires médiaux, un futur malade du cancer pourrait de même contracter une couverture en la matière. Selon Robert Green, chercheur à Harvard, les personnes se sachant porteuse d'une mutation délétère ont 5 fois plus de chance de contracter une assurance sur le long terme. Une femme a récemment contracté une assurance-vie ayant appris qu'elle était porteuse du gène mutant APOE4, relié à un risque élevé d'Alzheimer. La compagnie lui avait faire un test de mémoire à trois reprises sans problème puisqu'elle avait à l'époque toute sa tête, relève le New York Times. L'asymétrie d'information est évidemment un cauchemar pour les assureurs lorsque l'assuré en sait plus que la compagnie. Si les tests prédictifs ne sont pas inclus dans les questionnaires médicaux, certains produits d'assurance pourraient disparaître ou les primes impayables. Certains ont pris les devants comme cet assureur sud-africain, Discovery, qui offre un mapping du génome à ses clients, sorte de donnée de santé "actionnable" pour des assurances vie ou santé particulièrement corsées.A contrario, certains futurs patients qui sont à la recherche d'une couverture pourraient irrémédiablement échouer à trouver un assureur. On passerait alors à de la discrimination génétique. Les assureurs britanniques ont accepté un ban de trois ans quant aux tests génétiques prédictifs à l'exception de la Chorée de Huntington dont le test sur le gène ad hoc est obligatoire pour toute assurance-vie de plus de 500.000 £ (662.000 euros). Aux USA, le Genetic Information Non-discrimination Act, interdit les assureurs et les employeurs d'utiliser les tests génétiques mais uniquement dans la branche santé. Bien entendu, ces tests ne sont pas prescients. Une personne qui n'est pas porteuse de l'allèle ApoE4 peut très bien développer Alzheimer et la survenance des maladies prédictives dépend également de l'environnement, des habitudes de vie et de l'alimentation. En Allemagne, ces tests sont interdits à la vente mais les Allemands les commandent sur internet. Le même phénomène est arrivé pour les prises de sang en matière de sida. Elles étaient interdites au calcul des primes d'assurance mais permises avant la signature d'une assurance-vie. Le débat éthique n'est pas différent face aux tests génétiques.*5 août 2017