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Il y a deux ans, la Mutualité chrétienne se lançait dans un projet d'identification des bénéficiaires potentiels de l'intervention majorée (BIM), en faisant appel au fisc afin que celui-ci alerte l'OA quand des membres se trouvent sous le plafond de revenus donnant droit à l'intervention majorée. Depuis août 2015 en effet, les mutualités chrétiennes reçoivent un signal du fisc quand des membres se trouvent dans cette situation. Ils reçoivent alors une invitation à réaliser une enquête de revenus. En deux ans, la MC a ainsi contacté 149.000 membres. Parmi eux, 22.200 (15 %) ont sollicité avec succès l'intervention majorée. La MC a fait analyser ces résultats par des chercheurs de l'Université d'Anvers, afin de déterminer plus précisément l'impact de cette démarche proactive."Au sein du groupe des personnes à faibles revenus, le contact ciblé a fait tripler le nombre de bénéficiaires de l'intervention majorée." expliquent Tim Goedemé et Raf Van Gestel de l'Université d'Anvers. "Sans cette démarche proactive, seuls 5 % d'entre eux auraient bénéficié de l'intervention majorée. Grâce à l'action de la MC, cette part est passée à 15 %." Pour en arriver à cette conclusion, les auteurs de l'étude ont utilisé un modèle expérimental. En premier lieu (dans la seconde moitié de 2015), la MC a reçu du fisc la liste des ménages qui auraient pu bénéficier en 2013 de l'intervention majorée, en raison de leurs faibles revenus. Comme il était pratiquement impossible de contacter toutes ces personnes en une seule fois, la MC a travaillé en 6 phases. Les ménages concernés y ont été répartis de façon aléatoire. "Entre novembre 2015 et juin 2017, la MC a contacté ces bénéficiaires potentiels via un courrier, un prospectus et, dans certaines régions, également par téléphone. En comparant les demandes d'intervention majorée durant les trois premières phases avec les demandes des trois dernières, il est possible de mesurer correctement l'effet des prises de contact proactives", expliquent les chercheurs.Une meilleure accessibilité aux soins"Nous touchons des personnes à faibles revenus qui payaient jusqu'ici trop cher leurs soins de santé", explique Jean Hermesse, secrétaire général de la MC. "Pour elles, le coût est souvent un obstacle pour aller consulter le médecin ou le dentiste. L'intervention majorée représente donc une différence essentielle". Le secrétaire général de la MC souhaiterait encore augmenter les efforts pour identifier ces bénéficiaires potentiels. "D'autres organisations peuvent également jouer un rôle. Les CPAS ou les hôpitaux peuvent, par exemple, attirer l'attention des gens sur l'existence de l'intervention majorée. Nous sommes également favorables à l'octroi semi-automatique du droit à l'intervention majorée, sans que les gens ne le demandent. Mais pour cela, nous avons besoin de données suffisantes. "Bien sûr, la centralisation et le recoupement de données ne doivent pas faire perdre de vue les questions de la sécurité et du respect de la vie privée voire de la marchandisation de ces précieuses data. Notons par ailleurs qu'au moment du lancement de cette initiative de la MC, la mutualité socialiste Solidarisavait revendiqué un rôle précurseur, soulignant qu'elle adressait une lettre à ses membres "vivant des changements de situations pouvant engendrer des problèmes financiers" depuis 2010 déjà.