J'aimerais attirer votre attention sur la catastrophe humanitaire qui frappe actuellement l'État de Borno, au nord-est du Nigeria. Le conflit violent opposant les rebelles de BokoHaram et les forces gouvernementales a profondément traumatisé des populations entières et fait de nombreux déplacés dans la région. Des familles viennent grossir les rangs de communautés qui comptent déjà parmi les plus pauvres et les plus vulnérables au monde.Les taux de malnutrition préoccupent particulièrement les équipes de Médecins Sans Frontières, en première ligne de la réponse à cette crise. Les déplacés qui ont fui le conflitont abandonné leurs terres. Faute de ressources alimentaires suffisantes, la malnutrition aatteint des seuils critiques.

La faim au bout du chemin

Dayo est l'une de ces personnes qui n'a eu d'autre choix que de fuir. Âgée de 31 ans, elles'est réfugiée dans la forêt avec ses enfants lorsque des hommes armés ont attaqué leur village. Sur la route menant à Banki, à environ 15 kilomètres de son village, Dayo avaittellement faim qu'elle avait parfois l'impression de perdre la tête.Mais c'est son fils de quatre ans, Barine, qui a le plus souffert. Lorsque nos équipes l'ont examiné dans la clinique MSF de Banki, son état de santé était très précaire : il souffrait de malnutrition aiguë sévère.

Le cas de Barine n'est malheureusement pas exceptionnel. Près de 15% des enfants demoins de cinq ans examinés par nos équipes à Banki sont victimes de cette grave forme de malnutrition qui les expose à la rougeole, la malaria et la pneumonie, ainsi qu'à des diarrhées. Et Banki n'est qu'une des villes de la région où les taux de malnutrition sont trois fois plus élevés que les seuils d'urgence. MSF est l'une des rares organisations d'aide médicale humanitaire capables d'intervenirdans ce contexte dangereux. À Banki, nous offrons des aliments thérapeutiques aux enfants souffrant de malnutrition, nous apportons aux familles une aide alimentaire d'urgence etnous menons des campagnes de vaccination contre les maladies évitables. Lorsque Barine aété accueilli par nos équipes dans un état critique, il a immédiatement été transporté avecsa mère dans un centre nutritionnel thérapeutique de MSF au Cameroun, pays voisin. Grâce à la prise en charge et aux soins qui lui ont été dispensés, l'état de santé du petit garçon acommencé à s'améliorer, au bout de neuf jours.

La famine : un cycle annuel

Le Nigeria n'est malheureusement pas le seul pays où nous avons dû intervenir cette année en urgence pour lutter contre la malnutrition. Des régions d'Éthiopie sont elles aussi confrontées à des taux de malnutrition alarmants, conséquence de la pire sécheresse depuis 25 ans. Au Tchad, la crise alimentaire est d'une autre nature. Certaines régions du pays connaissent en effet chaque année une "période de soudure". Cette urgence alimentaire récurrente qui touche une grande partie du Sahel, où se trouve précisément le Tchad, sévit de juin à octobre. Cette période se caractérise par l'épuisement des réserves alimentaires de l'année précédente, alors que les nouvelles récoltes n'ont pas encore eu lieu. Il ne s'agit pas d'une urgence ponctuelle : la malnutrition, endémique dans une grande partie du pays, est responsable de près de la moitié de la mortalité infantile.

La connaissance de ce phénomène n'atténue en rien le choc ressenti par de nombreux membres de notre personnel lorsqu'ils arrivent pour la première fois au Tchad. "Je n'avais jamais vu un si grand nombre d'enfants aussi mal en point de ma vie" a expliqué Andrea près sa première visite dans l'une des cliniques mobiles de MSF à Bokoro.Andrea était chargée de la supervision de 15 cliniques mobiles gérées par MSF, en partenariat avec le ministère de la santé, à Bokoro. Ces structures sont spécialisées dans laprise en charge des enfants de six mois à cinq ans souffrant de malnutrition. Nos équipes médicales mobiles soignent mais font également de la prévention: cette année, MSF a organisé ces cliniques avant le pic de malnutrition, dans le cadre d'un projet visant à prévenir la malnutrition des nouveau-nés et des enfants en bas âge. Dans chaque clinique mobile, le personnel de MSF a soigné les enfants souffrant de malnutrition, identifié les plus vulnérables et distribué des aliments complémentairesspécialement formulés pour aider ces enfants à rester en bonne santé. L'équipe prend également en charge les diarrhées, la malaria, les infections respiratoires et parasitaires, les carences en vitamine A et les infections oculaires, pour ne citer que quelques-unes desnombreuses maladies que les enfants souffrant de malnutrition risquent de contracter suite à l'affaiblissement de leurs défenses immunitaires.

Un décès très rapide de l'enfant

Benedicte est infirmière dans le centre nutritionnel et l'unité de soins intensifs de MSF à Bokoro. "J'arrive tôt le matin et je commence par contrôler les signes vitaux de tous les enfants", explique Benedicte. "Nous effectuons ce contrôle toutes les heures, car beaucoupd'enfants admis dans le centre nutritionnel thérapeutique sont vraiment mal en point. Les enfants dont la vie est en danger sont même examinés toutes les 10 à 15 minutes. Je ne faisaucune pause. Chaque minute compte car tout retard peut avoir de terribles conséquences pour la vie des enfants. Un enfant souffrant de malnutrition sévère peut mourir très rapidement."L'ampleur des besoins, ainsi que des ressources et des efforts nécessaires pour répondre àdes urgences comme celles qui touchent actuellement le Nigeria et le Tchad reste immense malgré nos actions."

J'aimerais attirer votre attention sur la catastrophe humanitaire qui frappe actuellement l'État de Borno, au nord-est du Nigeria. Le conflit violent opposant les rebelles de BokoHaram et les forces gouvernementales a profondément traumatisé des populations entières et fait de nombreux déplacés dans la région. Des familles viennent grossir les rangs de communautés qui comptent déjà parmi les plus pauvres et les plus vulnérables au monde.Les taux de malnutrition préoccupent particulièrement les équipes de Médecins Sans Frontières, en première ligne de la réponse à cette crise. Les déplacés qui ont fui le conflitont abandonné leurs terres. Faute de ressources alimentaires suffisantes, la malnutrition aatteint des seuils critiques.Dayo est l'une de ces personnes qui n'a eu d'autre choix que de fuir. Âgée de 31 ans, elles'est réfugiée dans la forêt avec ses enfants lorsque des hommes armés ont attaqué leur village. Sur la route menant à Banki, à environ 15 kilomètres de son village, Dayo avaittellement faim qu'elle avait parfois l'impression de perdre la tête.Mais c'est son fils de quatre ans, Barine, qui a le plus souffert. Lorsque nos équipes l'ont examiné dans la clinique MSF de Banki, son état de santé était très précaire : il souffrait de malnutrition aiguë sévère.Le cas de Barine n'est malheureusement pas exceptionnel. Près de 15% des enfants demoins de cinq ans examinés par nos équipes à Banki sont victimes de cette grave forme de malnutrition qui les expose à la rougeole, la malaria et la pneumonie, ainsi qu'à des diarrhées. Et Banki n'est qu'une des villes de la région où les taux de malnutrition sont trois fois plus élevés que les seuils d'urgence. MSF est l'une des rares organisations d'aide médicale humanitaire capables d'intervenirdans ce contexte dangereux. À Banki, nous offrons des aliments thérapeutiques aux enfants souffrant de malnutrition, nous apportons aux familles une aide alimentaire d'urgence etnous menons des campagnes de vaccination contre les maladies évitables. Lorsque Barine aété accueilli par nos équipes dans un état critique, il a immédiatement été transporté avecsa mère dans un centre nutritionnel thérapeutique de MSF au Cameroun, pays voisin. Grâce à la prise en charge et aux soins qui lui ont été dispensés, l'état de santé du petit garçon acommencé à s'améliorer, au bout de neuf jours.Le Nigeria n'est malheureusement pas le seul pays où nous avons dû intervenir cette année en urgence pour lutter contre la malnutrition. Des régions d'Éthiopie sont elles aussi confrontées à des taux de malnutrition alarmants, conséquence de la pire sécheresse depuis 25 ans. Au Tchad, la crise alimentaire est d'une autre nature. Certaines régions du pays connaissent en effet chaque année une "période de soudure". Cette urgence alimentaire récurrente qui touche une grande partie du Sahel, où se trouve précisément le Tchad, sévit de juin à octobre. Cette période se caractérise par l'épuisement des réserves alimentaires de l'année précédente, alors que les nouvelles récoltes n'ont pas encore eu lieu. Il ne s'agit pas d'une urgence ponctuelle : la malnutrition, endémique dans une grande partie du pays, est responsable de près de la moitié de la mortalité infantile.La connaissance de ce phénomène n'atténue en rien le choc ressenti par de nombreux membres de notre personnel lorsqu'ils arrivent pour la première fois au Tchad. "Je n'avais jamais vu un si grand nombre d'enfants aussi mal en point de ma vie" a expliqué Andrea près sa première visite dans l'une des cliniques mobiles de MSF à Bokoro.Andrea était chargée de la supervision de 15 cliniques mobiles gérées par MSF, en partenariat avec le ministère de la santé, à Bokoro. Ces structures sont spécialisées dans laprise en charge des enfants de six mois à cinq ans souffrant de malnutrition. Nos équipes médicales mobiles soignent mais font également de la prévention: cette année, MSF a organisé ces cliniques avant le pic de malnutrition, dans le cadre d'un projet visant à prévenir la malnutrition des nouveau-nés et des enfants en bas âge. Dans chaque clinique mobile, le personnel de MSF a soigné les enfants souffrant de malnutrition, identifié les plus vulnérables et distribué des aliments complémentairesspécialement formulés pour aider ces enfants à rester en bonne santé. L'équipe prend également en charge les diarrhées, la malaria, les infections respiratoires et parasitaires, les carences en vitamine A et les infections oculaires, pour ne citer que quelques-unes desnombreuses maladies que les enfants souffrant de malnutrition risquent de contracter suite à l'affaiblissement de leurs défenses immunitaires.Benedicte est infirmière dans le centre nutritionnel et l'unité de soins intensifs de MSF à Bokoro. "J'arrive tôt le matin et je commence par contrôler les signes vitaux de tous les enfants", explique Benedicte. "Nous effectuons ce contrôle toutes les heures, car beaucoupd'enfants admis dans le centre nutritionnel thérapeutique sont vraiment mal en point. Les enfants dont la vie est en danger sont même examinés toutes les 10 à 15 minutes. Je ne faisaucune pause. Chaque minute compte car tout retard peut avoir de terribles conséquences pour la vie des enfants. Un enfant souffrant de malnutrition sévère peut mourir très rapidement."L'ampleur des besoins, ainsi que des ressources et des efforts nécessaires pour répondre àdes urgences comme celles qui touchent actuellement le Nigeria et le Tchad reste immense malgré nos actions."