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"Nos analyses mettent en évidence l'efficacité très limitée des bombardements aériens contre les combattants de l'opposition, et en comparaison, leur impact létal disproportionné sur les civils, et particulièrement les enfants. Ces découvertes posent la question de l'utilisation de ces armes dans les zones urbaines et peuplées et indiquent un usage contraire au droit humanitaire international et un possible crime de guerre", indique la Pr Debarati Guha-Sapir (Centre de recherche sur l'épidémiologie des désastres, UCL), auteure de l'étude.Si le nombre total de décès dus au conflit a baissé entre 2011 et 2016, et si les hommes constituent le plus grand nombre de victimes, la proportion de femmes et enfants tués a quant à elle augmenté de manière notable. Au début du conflit, les enfants composaient 8,9% des décès civils (388/4.254). En 2013, ce chiffre est monté à 19 % (4.927/25. 972) pour arriver à 23,3 % au 31 décembre 2016 (2.662/11.444).Les auteurs attribuent cette augmentationau au recours croissant aux bombardements aériens, notamment suite à l'intervention des coalitions internationales, ce qui a eu un impact direct sur les populations civiles, ces attaques visant des zones peuplées tuant 5 fois plus de civils que de combattants. Les bombardements aériens et les tirs d'obus sont les causes principales des décès chez les femmes et les enfants.Frapper les secours et les centres médicauxLes bombes à barils - soit des bombes constituées d'explosifs, de gaz, de ferraille généralement lancées depuis un hélicoptère ou un avion -, sont largement utilisées dans le conflit syrien. Plus d'un quart des civils tués dans ces attaques sont des enfants, soulignent les auteurs. La stratégie des "doubles-frappes" a été utilisée dans certains cas, à savoir le fait, soit de larguer une bombe baril peu après la première dans le but d'éliminer les premiers intervenants et les équipes médicales arrivées sur les lieux, soit le fait de bombarder les centres médicaux qui accueillent les blessés de la première attaque.Les auteurs soulignent dans leurs conclusions, notamment, qu'environ trois quarts des bombes barils ont été lancées sur des zones densément peuplées, ce qui démontre à leurs yeux l'intention de cibler les civils ou un usage aléatoire dans un but terroriste.