Chers étudiants fraichement sortis de rhétorique, comment devez vous annoncer à un patient 'fragile' qu'il est atteint d'une maladie incurable. Veuillez sélectionner la bonne réponse.

A. Devez-vous le dire au patient en premier ?

B. A sa famille en premier ?

C. Ne devez vous pas le dire ?

C'est un extrait, à peu de choses de prêt, de l'examen d'entrée dont la première édition s'est déroulée début du mois et qui a enregistré un taux de succès de 18%. Un examen qui, rappelons le, a été soutenu massivement à la fois par certain(s) syndicat(s) médicaux corporatistes et conservateurs, par certains partis francophones (MR et CDH) et par une Flandre (Open VLD, CD&V, et NVA) désirant imposer sa vision de l'accès à la médecine aux francophones.

Comment peut on donner du crédit à cet examen à la lecture de certaines questions comme celle exposée ci-dessus? N'importe quel praticien sait, de par son expérience et ses connaissances de la loi, qu'il n'existe pas une seule bonne réponse à de telles questions et que l'attitude à adopter dépend fortement de nombreux facteurs contextuels gravitant autour du patient (âge, pathologie, famille, etc.). Comment peut-on évaluer ce genre d'aptitude chez des jeunes de 17-18 ans qui n'ont jamais vu un patient et qui n'ont jamais expérimenté la médecine sur le terrain?

Le premier constat qu'on peut tirer de cet examen concerne l'utilité réelle de questionner des étudiants sur des faits de pratique quotidienne de l'art de la médecine avec des questions aussi fermées, un art qui restera un rêve brisé pour 82% d'entre eux.

Le deuxième constat que nous pouvons tirer se base sur un fait consternant: cet examen qui se veut "sélectif" des gens "aptes" à réussir les études de médecine a recalé de nombreux reçus collés, à savoir des étudiants qui avaient déjà réussi leur première (ou leur deux premières années de médecine !) et qui ne figuraient pas dans les quotas du concours de l'année dernière. Une véritable démonstration par l'absurde de l'incapacité de cet examen a réellement déterminer les "aptes" des "inaptes" à la réussite du début de cursus. Ce constat, il était/est pourtant étayé par de nombreuses études scientifiques, qui ont majoritairement démontré l'impossibilité de sélectionner à l'entrée les étudiants capables ou non de réussir leur étude de médecine. On parle d'ici d'études scientifiques répondant aux prescrits de la médecine basée sur les preuves (EBM) qui nous est enseignée quotidiennement dans les facultés de médecine et qui, dans un monde idéal, devrait sous-tendre la pratique médicale de chacun d'entre nous.

Pensée magique

Mais force est de constater que bon nombre de médecins et pseudo-scientifiques, éternels défenseurs de l'examen d'entrée, préfèrent baser leurs positions sur des dogmes, ou des pensées magiques que sur les évidences scientifiques. Un phénomène qui en dit long sur la valeur que certains de ces individus accordent à la science; tout en prétendant qu'il est nécessaire de sélectionner les futurs étudiants sur la science... Ironiquement, si on pousse le raisonnement plus loin, ces individus n'auraient sans doute pas réussi dans le système "magique" d'examen d'entrée qu'ils conçoivent, capable de sélectionner (selon leur opinion) aisément les futurs meilleurs médecins (à savoir ceux qui seraient respectueux de la démarche EBM et de la science, tout en présentant des compétences humaines).

Osons le dire, cette vision anti-scientifique et dogmatique de la réussite dans les études de médecine, elle est défendue par certains syndicats de médecins conservateurs et réactionnaires qui ont déjà jugé les candidats spécialistes en formation de "main d'oeuvre taillable et corvéable à merci". Des syndicats qui ont déjà justifié le numerus clausus par la nécessité de ne pas avoir trop de médecins, et d'assurer un "salaire décent" aux gens qui ont fait 10 ans d'étude. Assurer un salaire décent mais au prix d'une pénurie et de limites à l'accès aux soins de santé ?

Est-ce vraiment un raisonnement qu'on attend d'un organe de représentation du monde de la médecine? La mission première d'un tel organe n'est-elle pas de garantir à nos malades, quel que soit leur niveau socio-économique, un accès à des soins de santé de qualité? Indéniablement, la défense de l'examen d'entrée, du numerus clausus, et de sa pénurie ne répond en rien à l'amélioration de l'accès aux soins.

Entre les politiques qui balaient constamment d'un revers de la main l'humain pour parler chiffre, budgets et dépenses, et certains syndicats de médecins qui pensent avant tout à leur intérêt personnel, le futur de la santé publique de notre royaume de Belgique semble bien sombre.

Chers étudiants fraichement sortis de rhétorique, comment devez vous annoncer à un patient 'fragile' qu'il est atteint d'une maladie incurable. Veuillez sélectionner la bonne réponse.A. Devez-vous le dire au patient en premier ?B. A sa famille en premier ?C. Ne devez vous pas le dire ?C'est un extrait, à peu de choses de prêt, de l'examen d'entrée dont la première édition s'est déroulée début du mois et qui a enregistré un taux de succès de 18%. Un examen qui, rappelons le, a été soutenu massivement à la fois par certain(s) syndicat(s) médicaux corporatistes et conservateurs, par certains partis francophones (MR et CDH) et par une Flandre (Open VLD, CD&V, et NVA) désirant imposer sa vision de l'accès à la médecine aux francophones.Comment peut on donner du crédit à cet examen à la lecture de certaines questions comme celle exposée ci-dessus? N'importe quel praticien sait, de par son expérience et ses connaissances de la loi, qu'il n'existe pas une seule bonne réponse à de telles questions et que l'attitude à adopter dépend fortement de nombreux facteurs contextuels gravitant autour du patient (âge, pathologie, famille, etc.). Comment peut-on évaluer ce genre d'aptitude chez des jeunes de 17-18 ans qui n'ont jamais vu un patient et qui n'ont jamais expérimenté la médecine sur le terrain?Le premier constat qu'on peut tirer de cet examen concerne l'utilité réelle de questionner des étudiants sur des faits de pratique quotidienne de l'art de la médecine avec des questions aussi fermées, un art qui restera un rêve brisé pour 82% d'entre eux.Le deuxième constat que nous pouvons tirer se base sur un fait consternant: cet examen qui se veut "sélectif" des gens "aptes" à réussir les études de médecine a recalé de nombreux reçus collés, à savoir des étudiants qui avaient déjà réussi leur première (ou leur deux premières années de médecine !) et qui ne figuraient pas dans les quotas du concours de l'année dernière. Une véritable démonstration par l'absurde de l'incapacité de cet examen a réellement déterminer les "aptes" des "inaptes" à la réussite du début de cursus. Ce constat, il était/est pourtant étayé par de nombreuses études scientifiques, qui ont majoritairement démontré l'impossibilité de sélectionner à l'entrée les étudiants capables ou non de réussir leur étude de médecine. On parle d'ici d'études scientifiques répondant aux prescrits de la médecine basée sur les preuves (EBM) qui nous est enseignée quotidiennement dans les facultés de médecine et qui, dans un monde idéal, devrait sous-tendre la pratique médicale de chacun d'entre nous.Mais force est de constater que bon nombre de médecins et pseudo-scientifiques, éternels défenseurs de l'examen d'entrée, préfèrent baser leurs positions sur des dogmes, ou des pensées magiques que sur les évidences scientifiques. Un phénomène qui en dit long sur la valeur que certains de ces individus accordent à la science; tout en prétendant qu'il est nécessaire de sélectionner les futurs étudiants sur la science... Ironiquement, si on pousse le raisonnement plus loin, ces individus n'auraient sans doute pas réussi dans le système "magique" d'examen d'entrée qu'ils conçoivent, capable de sélectionner (selon leur opinion) aisément les futurs meilleurs médecins (à savoir ceux qui seraient respectueux de la démarche EBM et de la science, tout en présentant des compétences humaines).Osons le dire, cette vision anti-scientifique et dogmatique de la réussite dans les études de médecine, elle est défendue par certains syndicats de médecins conservateurs et réactionnaires qui ont déjà jugé les candidats spécialistes en formation de "main d'oeuvre taillable et corvéable à merci". Des syndicats qui ont déjà justifié le numerus clausus par la nécessité de ne pas avoir trop de médecins, et d'assurer un "salaire décent" aux gens qui ont fait 10 ans d'étude. Assurer un salaire décent mais au prix d'une pénurie et de limites à l'accès aux soins de santé ? Est-ce vraiment un raisonnement qu'on attend d'un organe de représentation du monde de la médecine? La mission première d'un tel organe n'est-elle pas de garantir à nos malades, quel que soit leur niveau socio-économique, un accès à des soins de santé de qualité? Indéniablement, la défense de l'examen d'entrée, du numerus clausus, et de sa pénurie ne répond en rien à l'amélioration de l'accès aux soins. Entre les politiques qui balaient constamment d'un revers de la main l'humain pour parler chiffre, budgets et dépenses, et certains syndicats de médecins qui pensent avant tout à leur intérêt personnel, le futur de la santé publique de notre royaume de Belgique semble bien sombre.