"C'est un indicateur qui vient en plus d'autres indicateurs, c'est vrai ", annonce tout de suite Martin Wauthy, directeur marketing de Solidaris. " Néanmoins, notre enquête est une approche globale qui place l'individu au centre et s'intéresse à son ressenti, à la manière dont il vit les choses. Une batterie de 200 questions est rarissime dans le domaine des sondages. "

L'enquête a été réalisée avec le sociologue Benoît Scheuer, notamment connu pour avoir travaillé sur l'étude " Noir, Jaune, Blues ". Il faut encore ajouter l'expertise du sociologue français Michel Wieviorka, qui relativisera l'étude. " Évidemment, on peut toujours critiquer ce genre d'enquête. On parle ici de représentations et non pas de réalités objectives. "

Quels résultats ?

Le résultat de ce sondage, c'est que tous les indicateurs sont à la baisse. Une des explications de cette baisse est à chercher notamment du côté de la santé, selon Solidaris. Analysé dans les conditions objectives de vie, le système de santé remporte pourtant le suffrage de la majorité des Belges francophones. " Trois quarts des citoyens estiment que notre système de santé est d'excellente qualité. Cela reste plutôt positif ", explique Delphine Ancel, chargée d'études pour Solidaris (voir graphique). " Mais deux tiers pensent que la qualité des soins est menacée, et les mesures actuelles prises tendent à leur donner raison. Ces décisions ont également un impact sur la vision que les francophones ont des soins qui sont de moins en moins adaptés à leurs besoins. En plus, six francophones sur dix trouvent que les inégalités dans l'accès aux soins de qualité sont vraiment importantes dans notre société. "

Concrètement, les citoyens remarquent une diminution de professionnels de la santé disponibles et un temps d'attente à l'hôpital trop long. Entre 2016 et 2017, les francophones sont 12 % en plus à se plaindre d'un temps d'attente trop important.

Tout n'est cependant pas négatif puisque le citoyen croit plus en son médecin généraliste qu'en ses amis proches. C'est ce que révèle également le baromètre qui place le généraliste juste derrière le noyau familial (le conjoint en tête, la famille en second) avec 81,9 % d'interrogés qui lui font confiance, bien au-delà des mutuelles (72.9%), du système d'enseignement (48,5%) et des partis politiques qui ne cessent de chuter (7,7%).

Les inégalités pointées du doigt

Ce qui inquiète plus particulièrement Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris, c'est l'accentuation des inégalités. "La société devient de plus en plus dual. Il ne faut pas ignorer le ressenti des gens qui voient leurs factures de médicaments, les consultations augmenter. Ce ressenti, c'est aussi du réel avec le report des soins qui est très concret."

" Les inégalités se creusent. L'écart entre le quartile des personnes se sentant le mieux et le quartile des personnes qui se sentent le moins bien est en augmentation ", confirme Martin Wauthy. " L'écart était de 54 en 2015 et est aujourd'hui de 58,4. Ceux qui allaient déjà bien vont encore mieux, et ceux qui allaient déjà mal vont encore pire. "

Si l'on se focalise sur les inégalités hommes-femmes, la situation n'est guère plus encourageante. " Incontestablement, les femmes vont moins bien que les hommes et la situation se dégradent même pour les femmes, notamment au niveau de l'indice de la santé physique. Les femmes perçoivent une diminution de 8,5 % de leur santé physique au cours des trois dernières années. C'est considérable. "

Santé physique et psychique

Justement, deux indices du baromètre se penchent sur la santé physique et psychique des Belges francophones. Ici encore, la tendance est à la baisse. Le baromètre révèle, au travers de dix questions (Mesure de stress psychologique - MSP10), que le niveau de stress est en augmentation en 2017. Le stress modéré a diminué au profit des stress élevé et très élevé +5.5 %.

" La seule question que l'on pose, pour composer l'indice de santé physique, est 'Comment vous sentez-vous physiquement ?' ", explique Martin Wauthy. " On part du principe qu'aucun médecin généraliste ne met en doute son patient quand il dit qu'il va mal. Cet indice est en très nette diminution. À long terme, la santé mentale se reflète sur le physique : c'est l'effet d'un burn-out. "

La France " en marche " retrouve la confiance

Pour la deuxième année de suite, Solidaris s'est associée avec la Mutuelle générale de l'éducation nationale (MGEN) pour comparer la Belgique francophone et la France. si l'indice confiance et bien-être était comparable l'an dernier (56,3 en Belgique contre 56,5 en France), l'écart s'est creusé cette année de plus de 5 points : 54,5 en Belgique pour 60,1 en France... L'effet Macron d'un côté, sans doute ; les scandales du PS de l'autre, sans oublier le changement de gouvernement en Wallonie.

L'année française a effectivement été rythmée par une élection présidentielle historique. L'impact est direct sur le ressenti des Français qui témoignent d'une meilleure confiance que l'an dernier dans la démocratie, dans les gouvernants politiques. Tout le contraire du plat Pays.

Pour autant, dans les conditions de vie des gens - au coeur de leur quotidien - tout n'évolue pas, signe que nous ne sommes qu'au début d'un mouvement de confiance qui ne s'est pas encore totalement concrétisé dans les faits. Citons par exemple la crainte que témoignent les Français par rapport à la qualité de leur système de soins de santé.

Il est donc trop tôt pour parler d'un renouvellement en France. D'autant plus que les alternatives politiques ont été éradiquées, comme le souligne Michel Wieviorka, et si le gouvernement échoue, il y aura peu d'alternatives aux prochaines élections. Alors feu de paille plutôt qu'une véritable lame de fond ? Les résultats du baromètre 2019 devraient apporter des éléments de réponse.

Comparaison France - Belgique

© Infographie A.Zamora -- Journal du Médecin

La France, sous l'impulsion d'Emmanuel Macron, semble se porter mieux que la Belgique francophone dans de nombreux domaines. L'optimisme est de mise : 60 % des Français voient leur avenir de manière positive contre 50 % des Belges. L'image de soi est - comme les stéréotypes le laissent penser - plus élevée en France qu'en Belgique où les francophones semblent moins attachés à leur identité. La démocratie même de nos deux pays est vue différemment puisque 27 % des Belges estiment que la démocratie fonctionne très bien pour 34 % des Français.

Il est toutefois un domaine où la Belgique ne cesse de performer malgré les turpitudes politiques et autres problématiques budgétaires : c'est le système de santé (voir graphique). Globalement, 7 Belges sur 10 estiment le système de santé adapté à leurs besoins. Ceci étant dit, c'est à peine moins outre-Quiévrain et la tendance est à la baisse puisque depuis 2015, les Belges sont 7,6 % en moins à penser que le système de santé est bien adapté, passant de 76 % de satisfaits à 68.4 %.

Plus avant dans la comparaison sur le système de santé de nos deux pays, il ressort quelques évidences. Dans les deux pays, le temps d'attente pour être admis à l'hôpital est jugé trop long, et le nombre d'insatisfaits est en augmentation (presque 8 sondés sur 10). De plus en plus de citoyens des deux pays reportent également leurs soins, même si la tendance est plus marquée en Belgique.

La France, pays plus rural que la Belgique, compte également plus d'insatisfaits concernant le nombre de structures hospitalières et de professionnels de la santé. Rien d'étonnant donc à voir le nombre de structures hospitalière jugé suffisant en Belgique par 81,3 % des sondés contre 72,6 % en France, et 68,4 % de Belges francophones satisfaits par le nombre de professionnels de la santé dans leur région contre 57,7 % des Français.

"C'est un indicateur qui vient en plus d'autres indicateurs, c'est vrai ", annonce tout de suite Martin Wauthy, directeur marketing de Solidaris. " Néanmoins, notre enquête est une approche globale qui place l'individu au centre et s'intéresse à son ressenti, à la manière dont il vit les choses. Une batterie de 200 questions est rarissime dans le domaine des sondages. "L'enquête a été réalisée avec le sociologue Benoît Scheuer, notamment connu pour avoir travaillé sur l'étude " Noir, Jaune, Blues ". Il faut encore ajouter l'expertise du sociologue français Michel Wieviorka, qui relativisera l'étude. " Évidemment, on peut toujours critiquer ce genre d'enquête. On parle ici de représentations et non pas de réalités objectives. "Le résultat de ce sondage, c'est que tous les indicateurs sont à la baisse. Une des explications de cette baisse est à chercher notamment du côté de la santé, selon Solidaris. Analysé dans les conditions objectives de vie, le système de santé remporte pourtant le suffrage de la majorité des Belges francophones. " Trois quarts des citoyens estiment que notre système de santé est d'excellente qualité. Cela reste plutôt positif ", explique Delphine Ancel, chargée d'études pour Solidaris (voir graphique). " Mais deux tiers pensent que la qualité des soins est menacée, et les mesures actuelles prises tendent à leur donner raison. Ces décisions ont également un impact sur la vision que les francophones ont des soins qui sont de moins en moins adaptés à leurs besoins. En plus, six francophones sur dix trouvent que les inégalités dans l'accès aux soins de qualité sont vraiment importantes dans notre société. "Concrètement, les citoyens remarquent une diminution de professionnels de la santé disponibles et un temps d'attente à l'hôpital trop long. Entre 2016 et 2017, les francophones sont 12 % en plus à se plaindre d'un temps d'attente trop important.Tout n'est cependant pas négatif puisque le citoyen croit plus en son médecin généraliste qu'en ses amis proches. C'est ce que révèle également le baromètre qui place le généraliste juste derrière le noyau familial (le conjoint en tête, la famille en second) avec 81,9 % d'interrogés qui lui font confiance, bien au-delà des mutuelles (72.9%), du système d'enseignement (48,5%) et des partis politiques qui ne cessent de chuter (7,7%).Ce qui inquiète plus particulièrement Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris, c'est l'accentuation des inégalités. "La société devient de plus en plus dual. Il ne faut pas ignorer le ressenti des gens qui voient leurs factures de médicaments, les consultations augmenter. Ce ressenti, c'est aussi du réel avec le report des soins qui est très concret."" Les inégalités se creusent. L'écart entre le quartile des personnes se sentant le mieux et le quartile des personnes qui se sentent le moins bien est en augmentation ", confirme Martin Wauthy. " L'écart était de 54 en 2015 et est aujourd'hui de 58,4. Ceux qui allaient déjà bien vont encore mieux, et ceux qui allaient déjà mal vont encore pire. "Si l'on se focalise sur les inégalités hommes-femmes, la situation n'est guère plus encourageante. " Incontestablement, les femmes vont moins bien que les hommes et la situation se dégradent même pour les femmes, notamment au niveau de l'indice de la santé physique. Les femmes perçoivent une diminution de 8,5 % de leur santé physique au cours des trois dernières années. C'est considérable. "Justement, deux indices du baromètre se penchent sur la santé physique et psychique des Belges francophones. Ici encore, la tendance est à la baisse. Le baromètre révèle, au travers de dix questions (Mesure de stress psychologique - MSP10), que le niveau de stress est en augmentation en 2017. Le stress modéré a diminué au profit des stress élevé et très élevé +5.5 %." La seule question que l'on pose, pour composer l'indice de santé physique, est 'Comment vous sentez-vous physiquement ?' ", explique Martin Wauthy. " On part du principe qu'aucun médecin généraliste ne met en doute son patient quand il dit qu'il va mal. Cet indice est en très nette diminution. À long terme, la santé mentale se reflète sur le physique : c'est l'effet d'un burn-out. "Pour la deuxième année de suite, Solidaris s'est associée avec la Mutuelle générale de l'éducation nationale (MGEN) pour comparer la Belgique francophone et la France. si l'indice confiance et bien-être était comparable l'an dernier (56,3 en Belgique contre 56,5 en France), l'écart s'est creusé cette année de plus de 5 points : 54,5 en Belgique pour 60,1 en France... L'effet Macron d'un côté, sans doute ; les scandales du PS de l'autre, sans oublier le changement de gouvernement en Wallonie.L'année française a effectivement été rythmée par une élection présidentielle historique. L'impact est direct sur le ressenti des Français qui témoignent d'une meilleure confiance que l'an dernier dans la démocratie, dans les gouvernants politiques. Tout le contraire du plat Pays.Pour autant, dans les conditions de vie des gens - au coeur de leur quotidien - tout n'évolue pas, signe que nous ne sommes qu'au début d'un mouvement de confiance qui ne s'est pas encore totalement concrétisé dans les faits. Citons par exemple la crainte que témoignent les Français par rapport à la qualité de leur système de soins de santé.Il est donc trop tôt pour parler d'un renouvellement en France. D'autant plus que les alternatives politiques ont été éradiquées, comme le souligne Michel Wieviorka, et si le gouvernement échoue, il y aura peu d'alternatives aux prochaines élections. Alors feu de paille plutôt qu'une véritable lame de fond ? Les résultats du baromètre 2019 devraient apporter des éléments de réponse.La France, sous l'impulsion d'Emmanuel Macron, semble se porter mieux que la Belgique francophone dans de nombreux domaines. L'optimisme est de mise : 60 % des Français voient leur avenir de manière positive contre 50 % des Belges. L'image de soi est - comme les stéréotypes le laissent penser - plus élevée en France qu'en Belgique où les francophones semblent moins attachés à leur identité. La démocratie même de nos deux pays est vue différemment puisque 27 % des Belges estiment que la démocratie fonctionne très bien pour 34 % des Français.Il est toutefois un domaine où la Belgique ne cesse de performer malgré les turpitudes politiques et autres problématiques budgétaires : c'est le système de santé (voir graphique). Globalement, 7 Belges sur 10 estiment le système de santé adapté à leurs besoins. Ceci étant dit, c'est à peine moins outre-Quiévrain et la tendance est à la baisse puisque depuis 2015, les Belges sont 7,6 % en moins à penser que le système de santé est bien adapté, passant de 76 % de satisfaits à 68.4 %.Plus avant dans la comparaison sur le système de santé de nos deux pays, il ressort quelques évidences. Dans les deux pays, le temps d'attente pour être admis à l'hôpital est jugé trop long, et le nombre d'insatisfaits est en augmentation (presque 8 sondés sur 10). De plus en plus de citoyens des deux pays reportent également leurs soins, même si la tendance est plus marquée en Belgique.La France, pays plus rural que la Belgique, compte également plus d'insatisfaits concernant le nombre de structures hospitalières et de professionnels de la santé. Rien d'étonnant donc à voir le nombre de structures hospitalière jugé suffisant en Belgique par 81,3 % des sondés contre 72,6 % en France, et 68,4 % de Belges francophones satisfaits par le nombre de professionnels de la santé dans leur région contre 57,7 % des Français.