Le journal du Médecin : Qu'est-ce qui vous à amené à la défense de thèse du Dr Belche ?

Dr Ri De Ridder : D'abord, c'est dans la continuité des défis actuels avec le challenge des maladies chroniques. J'étais aussi intéressé de découvrir l'approche académique côté francophone, de voir le fondement de la médecine générale, voir comment il se développe. C'est important de voir quelqu'un issu du terrain s'impliquer de la sorte dans la recherche.

Jean-Luc Belche parle de l'intégration des lignes de soins comme moyen d'action pour répondre aux enjeux de la multimorbidité, et plus globalement de la complexification des soins, vous partagez son avis ?

Oui, il faut absolument en prendre compte. C'est vraiment en phase avec la politique actuelle, notamment le plan conjoint en faveur des malades chroniques.

La thèse indique clairement que les cercles doivent changer, pour disposer de plus de pouvoir sur la scène locale. Partagez-vous cet avis ?

(hésitations) C'est une question difficile évidemment. Il y a déjà eu des initiatives pour répondre à certains défis comme la construction des postes de garde ou l'implication dans l'organisation de soins via les centres de coordination. Le défi actuel de l'intégration va nécessiter un niveau de management et d'organisation qui va nettement plus loin que la capacité d'un cercle de médecine générale.

Il n'y a cependant aucune raison de dire qu'il y a un point central à cette collaboration. Cela doit être le fait d'un réseau, d'un travail entre plusieurs partenaires qui doivent chercher un mode de gouvernance commun dans lequel chaque partie mettrait de l'eau dans son vin pour définir une gestion commune de la prise en charge des patients et une mise en commun des moyens financiers. L'idée est de réaliser une centralisation au niveau local, mais aussi une décentralisation pour une approche de santé publique orientée vers les besoins d'une population.

C'est en lien avec les Systèmes locaux de soins (Sylos) ?

Le modèle Sylos existe depuis longtemps. J'ai moi-même fait partie d'un Sylos qui a échoué. C'est une approche, mais ce que le Dr Belche a bien pointé, c'est la nécessité d'avoir un modérateur. On l'appelle aussi intégrateur. Il faut en tout cas un pouvoir, une force d'organisation qui va au-delà d'une profession particulière.

Idéalement, il ne s'agirait pas d'un médecin.

Je suis tout à fait convaincu que le médecin n'est pas outillé pour. Les compétences d'organisation, de management que la fonction doit couvrir - bien sûr un médecin pourrait le faire - mais cela sort de la prise en charge, des soins proprement dits. Ce n'est pas une fonction soignante.

Pensez-vous, à l'instar de Jean-Luc Belche, qu'il faille orienter les politiques de santé de manière à reconnaître et valoriser la différenciation professionnelle et organisationnelle des deux lignes de soins ?

Il faut des lignes différenciées dans le sens où la première ligne est le point de contact direct, et assure la continuité des soins. En soi, cette fonction est nécessaire et doit être bien développée, sinon on va mettre à l'hôpital toute une série de réponses à des besoins qui ne nécessitent pas ce cadre très cher. Ce ne serait pas très efficient.

Ceci dit, on ne peut pas fonctionner en première ligne sans avoir une continuité avec la deuxième ligne. Il faut des engagements, des moyens de s'accorder. C'est là que la différenciation doit disparaître. Il ne faut pas de coupure dans le trajet de soins, dans la prise en charge du patient. Les lignes de soins sont interdépendantes.

Faut-il limiter les approches centrées sur une seule maladie qui place les patients et la première ligne de soins en porte-à-faux, sans apporter les résultats escomptés ?

Vous ouvrez là une porte ouverte ! (rires) Non, absolument pas. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est déjà exprimée à ce sujet : cela n'a pas de sens. Tout d'abord, la personne est plus que sa maladie, et ensuite, le nombre de personnes vivant avec une seule maladie est minime, donc non, bien sûr que non.

Les hôpitaux suivent-ils alors cette tendance ?

Les hôpitaux sont des lieux de production de soins mais ils doivent s'inscrire dans cette continuité autour de la personne. Il y a encore beaucoup de travail à faire là-dessus, tant dans les hôpitaux que dans la première ligne. On crée des fonctions comme le référent hospitalier par exemple, pour combler ce déficit, mais ce n'est pas encore très bien appliqué entre les lignes.

Le Dr Belche pose également une question, presque impopulaire: faut-il remettre en question le libre accès du patient à tous les niveaux de soins ?

Dans une bonne organisation des soins, la question ne se pose pas. Il est facile de s'y retrouver et l'on sait où entrer dans le système et où trouver les bonnes réponses. La population est attachée au libre accès. Couper cet accès ne serait donc pas apprécié, sans oublier que des considérations financières entrent en jeu pour le prestataire. Si on sait décentraliser et favoriser la mise en communs des moyens, on va très vite découvrir ce qui est le plus efficace.

Le journal du Médecin : Qu'est-ce qui vous à amené à la défense de thèse du Dr Belche ?Dr Ri De Ridder : D'abord, c'est dans la continuité des défis actuels avec le challenge des maladies chroniques. J'étais aussi intéressé de découvrir l'approche académique côté francophone, de voir le fondement de la médecine générale, voir comment il se développe. C'est important de voir quelqu'un issu du terrain s'impliquer de la sorte dans la recherche.Jean-Luc Belche parle de l'intégration des lignes de soins comme moyen d'action pour répondre aux enjeux de la multimorbidité, et plus globalement de la complexification des soins, vous partagez son avis ?Oui, il faut absolument en prendre compte. C'est vraiment en phase avec la politique actuelle, notamment le plan conjoint en faveur des malades chroniques. La thèse indique clairement que les cercles doivent changer, pour disposer de plus de pouvoir sur la scène locale. Partagez-vous cet avis ?(hésitations) C'est une question difficile évidemment. Il y a déjà eu des initiatives pour répondre à certains défis comme la construction des postes de garde ou l'implication dans l'organisation de soins via les centres de coordination. Le défi actuel de l'intégration va nécessiter un niveau de management et d'organisation qui va nettement plus loin que la capacité d'un cercle de médecine générale. Il n'y a cependant aucune raison de dire qu'il y a un point central à cette collaboration. Cela doit être le fait d'un réseau, d'un travail entre plusieurs partenaires qui doivent chercher un mode de gouvernance commun dans lequel chaque partie mettrait de l'eau dans son vin pour définir une gestion commune de la prise en charge des patients et une mise en commun des moyens financiers. L'idée est de réaliser une centralisation au niveau local, mais aussi une décentralisation pour une approche de santé publique orientée vers les besoins d'une population.C'est en lien avec les Systèmes locaux de soins (Sylos) ?Le modèle Sylos existe depuis longtemps. J'ai moi-même fait partie d'un Sylos qui a échoué. C'est une approche, mais ce que le Dr Belche a bien pointé, c'est la nécessité d'avoir un modérateur. On l'appelle aussi intégrateur. Il faut en tout cas un pouvoir, une force d'organisation qui va au-delà d'une profession particulière.Idéalement, il ne s'agirait pas d'un médecin.Je suis tout à fait convaincu que le médecin n'est pas outillé pour. Les compétences d'organisation, de management que la fonction doit couvrir - bien sûr un médecin pourrait le faire - mais cela sort de la prise en charge, des soins proprement dits. Ce n'est pas une fonction soignante.Pensez-vous, à l'instar de Jean-Luc Belche, qu'il faille orienter les politiques de santé de manière à reconnaître et valoriser la différenciation professionnelle et organisationnelle des deux lignes de soins ?Il faut des lignes différenciées dans le sens où la première ligne est le point de contact direct, et assure la continuité des soins. En soi, cette fonction est nécessaire et doit être bien développée, sinon on va mettre à l'hôpital toute une série de réponses à des besoins qui ne nécessitent pas ce cadre très cher. Ce ne serait pas très efficient. Ceci dit, on ne peut pas fonctionner en première ligne sans avoir une continuité avec la deuxième ligne. Il faut des engagements, des moyens de s'accorder. C'est là que la différenciation doit disparaître. Il ne faut pas de coupure dans le trajet de soins, dans la prise en charge du patient. Les lignes de soins sont interdépendantes.Faut-il limiter les approches centrées sur une seule maladie qui place les patients et la première ligne de soins en porte-à-faux, sans apporter les résultats escomptés ?Vous ouvrez là une porte ouverte ! (rires) Non, absolument pas. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est déjà exprimée à ce sujet : cela n'a pas de sens. Tout d'abord, la personne est plus que sa maladie, et ensuite, le nombre de personnes vivant avec une seule maladie est minime, donc non, bien sûr que non.Les hôpitaux suivent-ils alors cette tendance ?Les hôpitaux sont des lieux de production de soins mais ils doivent s'inscrire dans cette continuité autour de la personne. Il y a encore beaucoup de travail à faire là-dessus, tant dans les hôpitaux que dans la première ligne. On crée des fonctions comme le référent hospitalier par exemple, pour combler ce déficit, mais ce n'est pas encore très bien appliqué entre les lignes.Le Dr Belche pose également une question, presque impopulaire: faut-il remettre en question le libre accès du patient à tous les niveaux de soins ?Dans une bonne organisation des soins, la question ne se pose pas. Il est facile de s'y retrouver et l'on sait où entrer dans le système et où trouver les bonnes réponses. La population est attachée au libre accès. Couper cet accès ne serait donc pas apprécié, sans oublier que des considérations financières entrent en jeu pour le prestataire. Si on sait décentraliser et favoriser la mise en communs des moyens, on va très vite découvrir ce qui est le plus efficace.