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Drones-ambulances, drones-défibrillateurs, drones livreurs de produits médicaux... le secteur médical a donc désormais lui aussi ses robots volants et la science semble avaliser le bien-fondé de leur usage, notamment pour le transport aérien d'échantillons médicaux.En 2015, une équipe de l'Université Johns-Hopkins à Baltimore s'est penchée sur le transport de produits sanguins dédiés à la transfusion. Elle a montré que les turbulences pendant le vol du drone ne dégradaient pas les cellules sanguines et ne favoriseraient pas non plus la coagulation, par rapport aux méthodes classiques de transport d'échantillons biologiques(1)Les chercheurs américains ont poursuivi leurs travaux et ils viennent d'en publier les résultats, plutôt encourageants(2) . Pour l'expérience, ils ont placé six unités de globules rouges, six autres de plaquettes et six de plasma dans une boîte réfrigérée utilisée habituellement pour transporter ces produits. Lors de chaque test, le drone a parcouru entre 13 et 30 kilomètres dans des zones non habitées et volé à plus de 100 mètres d'altitude.De retour au sol, les différents produits transportés ont ensuite été examinés au laboratoire. Les analyses ont révélé que les globules rouges et les plaquettes n'ont pas subi de dommages empêchant une transfusion. Le plasma était également intact, signe que la chaîne du froid a été respectée." Dans le futur, sur le lieu d'un accident, nous pourrons tester rapidement le groupe sanguin des victimes et demander l'envoi immédiat de poches de sang ", imagine déjà Timothy Amukele, premier auteur de l'étude.Sans aucun doute dument informé des travaux en cours et sensible aux inégalités de santé entre les régions de son pays, le président des Etats-Unis Barack Obama a donné l'autorisation à la start-up californienne Zipline de livrer par drone des médicaments et des poches de sang dans des zones rurales. Les appareils sont capables de voler en autonomie sur 120 km et de porter une charge maximale de 1,3 kilo. Une fois arrivés à destination, ils lâchent leur colis du ciel, un petit parachute intégré permettant d'amortir la descente.C'est sur le territoire de trois Etats, ceux du Maryland, Nevada et Washington, que cet acheminement par voie aérienne va débuter. Il s'agit d'une première dans le ciel américain.Toujours dans cette même perspective d'améliorer la qualité de vie et l'état de santé des populations, d'autres équipes et entreprises s'intéressent également au drone pour transporter des médicaments ou des vaccins dans les régions reculées du monde, touchées par le manque d'accès aux cliniques de proximité ou l'absence d'infrastructures de collecte de sang et de transport.Les initiatives se multiplient. Lors du terrible tremblement de terre de 2010 à Haïti, des drones ont permis de distribuer des petits kits de secours. En Inde, le drone-transporteur d'organes est devenu une réalité. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, c'est l'association Médecins sans frontières qui a exploité ces véhicules aériens pour lutter contre la tuberculose. Au Malawi, petit État d'Afrique australe, un drone programmé pour faire l'aller-retour entre les laboratoires hospitaliers et les cliniques rurales va peut-être sauver la vie de nombreuses personnes atteintes du VIH. On retrouve Zipline au Rwanda. En partenariat avec le gouvernement du pays, l'entreprise de robotique est en train d'implémenter un nouveau service révolutionnaire. Un petit aéronef nommé " Zips " a été conçu pour livrer des poches de sang ou du matériel médical facilement et rapidement, à un prix qui devra être inférieur à ce que la livraison coûterait en moto. Pour l'instant, c'est surtout l'Afrique qui semble intéressée par les petits drones de livraison médicale. Mais le concept peut très bien être exporté dans d'autres économies émergentes. Des projets sont également en cours en Europe. De par l'efficacité du drone, son faible coût d'utilisation et surtout sa propreté énergétique, on peut parler d'une rupture technologique. Reste à voir si les législations des Etats vont suivre et accepter cette alternative au transport routier.Bien sûr aussi, ce genre d'engin doit encore faire la preuve de sa fiabilité. Comment garantir que l'on puisse éviter une batterie défaillante, un autre type de panne, une erreur de trajectoire ? Comment savoir où se trouve un drone s'il disparaît du champ de vision de l'utilisateur ? Sachant que des vies humaines peuvent être en jeu, il ne faudrait pas qu'une bonne idée se transforme en petite ou grande catastrophe...