Surprenant d'infamie. Cet épisode de la gouvernance publique bruxelloise dépasse l'entendement. Plus tordu, excessif et flagrant que les House of Cards et autres séries dont nous abreuve la politique-fiction. Pourtant, c'est arrivé près de chez nous. Et, préférant visiblement la position de l'autruche, aucun officiel ne s'en émeut.

Le mardi 27 septembre au soir, le conseil d'administration a rompu le contrat qui liait le Dr Florence Hut au CHU Brugmann. Sans l'avoir convoquée, sans l'avoir prévenue, personne du CA n'ayant pris soin de la contacter. Des instructions ont manifestement été données.

Son licenciement, le Dr Hut ne l'a appris que le lendemain, en se rendant innocemment au travail. Elle le comprend lorsqu'on lui demande de rendre son badge, de faire place nette dans son bureau et de quitter l'institution pour laquelle elle s'impliquait pleinement depuis six ans.

Une autre nuit sera nécessaire avant que la direction du CHU trouve les mots justes. "Le Dr Florence Hut n'est plus le directeur général médical et le médecin-chef de notre institution. Cette annonce prend effet ce jour. Nous tenons à remercier le Dr Hut pour son action et son implication", ont lapidairement signalé le directeur général, Francis de Drée et le président du CA, le très contesté depuis plus de trois mois, Christophe Pourtois.

Interrogés par nos soins sur les raisons de cette éviction, les deux hommes n'ont pas quitté leur état d'ataraxie, poursuivant leur stratégie de mutisme malgré cette crise managériale aiguë pour Brugmann.

Indépendance ?

On apprend officieusement que le Pr Jean-Marie De Meyer, "chef de service exemplaire, assez pacificateur ", s'est vu temporairement confier la mission de médecin-chef. L'homme de la situation après que d'autres aient refusé, qui n'affichait pas de velléité pour la fonction et pour lequel il n'est pas encore décidé s'il n'assurera que l'intérim. Quant aux autres mesures relatives à la continuité hospitalière, la direction ne communique pas non plus.

Ne serait-ce qu'au niveau des patients, Florence Hut étant clinicienne avant d'être directrice, quid de ses consultations, ses interventions chirurgicales ? Et plus généralement, ce genre de licenciement abrupt, sans motif apparent de faute grave, risque d'affecter la qualité des relations entre médecins et, par là, la qualité des soins prodigués sur les différents sites de Brugmann.

Renseignements pris à bonne source, on nous avoue que "c'est un événement difficile pour tout le monde. Tout le comité de direction est terriblement déstabilisé. Ils faisaient équipe avec Florence Hut. Avec Francis de Drée, ils portaient les projets ensemble".

Tout porte à croire que le politique prime sur le managérial et le médical. Car, peu importe la pression qu'on peut exercer sur eux, les administrateurs, ça parle. Il nous revient qu'au sein du conseil "il n'y a pas de débat, mais un climat d'agressivité. Tous les gens du comité de direction ont dû sortir pour aborder le point du licenciement ". C'est dire si les mandataires politiques s'intéressaient à la façon dont gérait le Dr Hut. "Les membres arrivent en ayant reçu des ordres en direct de Bruxelles-Ville".

Exclue comme une pestiférée, l'ancienne DGM n'avait pourtant jamais fait l'objet d'évaluations négatives. Cités dans les derniers procès-verbaux du CA, les rapports incriminant Florence Hut et censés motiver son licenciement comportent étrangement des raisons à géométrie variable.

Tantôt ces documents la taxent d'"autoritarisme", au départ d'un conflit avec un médecin des soins intensifs, tantôt lui reprochent-ils "un manque de vision académique", elle qui est notamment secrétaire scientifique de la Fondation Brugmann, membre du conseil facultaire de l'ULB et maître de conférences, ou encore coordinatrice d'une formation en management hospitalier.

Devant les tribunaux

C'est sur le terrain psychologique que tout semble s'être joué, la DGM présentant une "personnalité clivante ", un trait de caractère qui est une "entrave aux projets du CHU de Bruxelles" (CHUB), regroupant Brugmann, Huderf, Saint-Pierre, Bordet et Erasme, et du Pôle hospitalo-universitaire de Bruxelles (PHUB).

"Tout semble écrit par une seule et même personne", entend-t-on dans les couloirs de Brugmann. "L'administrateur-délégué du CHUB, Michel Govaerts. Un pur produit politique. Il n'y a pas eu d'ouverture de poste, de concours, de recrutement. C'est un accord politique entre le MR et le PS".

Comme les projets de ce nouveau pôle bruxellois ont du mal à se mettre en place, car pilotés uniquement par le politique, il fallait un bouc-émissaire. Qui de mieux que la très "ruant dans les brancards " Florence Hut ?

Ne voulant pas commenter ces hypothèses, le Dr Hut nous explique laconiquement que "c'est malheureusement Brugmann qui devra supporter les conséquences. C'est aussi difficile pour moi ". Son avocat étudie actuellement tous les recours utiles à introduire. Du reste, elle préfère ne pas s'exprimer sur cette "leçon de vie" ou son sentiment d'injustice.

"Difficile d'intervenir dans la mesure où, si litige il y a, cela relève des cours et tribunaux", a réagi le ministre bruxellois de la Santé, Didier Gosuin (DéFi). "Je suis bien sûr interpellé par cette situation et par l'instabilité qu'elle peut créer dans toute institution, à un moment où les hôpitaux bruxellois sont amenés à se positionner dans le future paysage hospitalier. Brugmann en est un acteur important ".

Lors du conseil communal de cette semaine, décidée à marquer son grand comeback, Joëlle Milquet a tenté d'interpeller le bourgmestre de Bruxelles.

Mais Yvan Mayeur a refusé d'aborder le sujet brûlant "simplement parce que la question ne lui plait pas. Ce n'est pas très démocratique mais c'est comme ça avec lui", soupire-t-on dans les rangs des humanistes bruxellois.

Au sein des partis politiques de la capitale, et même dans certains clans de la grande famille socialiste, on espère que "ça n'en restera pas là".

Surprenant d'infamie. Cet épisode de la gouvernance publique bruxelloise dépasse l'entendement. Plus tordu, excessif et flagrant que les House of Cards et autres séries dont nous abreuve la politique-fiction. Pourtant, c'est arrivé près de chez nous. Et, préférant visiblement la position de l'autruche, aucun officiel ne s'en émeut.Le mardi 27 septembre au soir, le conseil d'administration a rompu le contrat qui liait le Dr Florence Hut au CHU Brugmann. Sans l'avoir convoquée, sans l'avoir prévenue, personne du CA n'ayant pris soin de la contacter. Des instructions ont manifestement été données. Son licenciement, le Dr Hut ne l'a appris que le lendemain, en se rendant innocemment au travail. Elle le comprend lorsqu'on lui demande de rendre son badge, de faire place nette dans son bureau et de quitter l'institution pour laquelle elle s'impliquait pleinement depuis six ans.Une autre nuit sera nécessaire avant que la direction du CHU trouve les mots justes. "Le Dr Florence Hut n'est plus le directeur général médical et le médecin-chef de notre institution. Cette annonce prend effet ce jour. Nous tenons à remercier le Dr Hut pour son action et son implication", ont lapidairement signalé le directeur général, Francis de Drée et le président du CA, le très contesté depuis plus de trois mois, Christophe Pourtois.Interrogés par nos soins sur les raisons de cette éviction, les deux hommes n'ont pas quitté leur état d'ataraxie, poursuivant leur stratégie de mutisme malgré cette crise managériale aiguë pour Brugmann.On apprend officieusement que le Pr Jean-Marie De Meyer, "chef de service exemplaire, assez pacificateur ", s'est vu temporairement confier la mission de médecin-chef. L'homme de la situation après que d'autres aient refusé, qui n'affichait pas de velléité pour la fonction et pour lequel il n'est pas encore décidé s'il n'assurera que l'intérim. Quant aux autres mesures relatives à la continuité hospitalière, la direction ne communique pas non plus.Ne serait-ce qu'au niveau des patients, Florence Hut étant clinicienne avant d'être directrice, quid de ses consultations, ses interventions chirurgicales ? Et plus généralement, ce genre de licenciement abrupt, sans motif apparent de faute grave, risque d'affecter la qualité des relations entre médecins et, par là, la qualité des soins prodigués sur les différents sites de Brugmann.Renseignements pris à bonne source, on nous avoue que "c'est un événement difficile pour tout le monde. Tout le comité de direction est terriblement déstabilisé. Ils faisaient équipe avec Florence Hut. Avec Francis de Drée, ils portaient les projets ensemble".Tout porte à croire que le politique prime sur le managérial et le médical. Car, peu importe la pression qu'on peut exercer sur eux, les administrateurs, ça parle. Il nous revient qu'au sein du conseil "il n'y a pas de débat, mais un climat d'agressivité. Tous les gens du comité de direction ont dû sortir pour aborder le point du licenciement ". C'est dire si les mandataires politiques s'intéressaient à la façon dont gérait le Dr Hut. "Les membres arrivent en ayant reçu des ordres en direct de Bruxelles-Ville".Exclue comme une pestiférée, l'ancienne DGM n'avait pourtant jamais fait l'objet d'évaluations négatives. Cités dans les derniers procès-verbaux du CA, les rapports incriminant Florence Hut et censés motiver son licenciement comportent étrangement des raisons à géométrie variable.Tantôt ces documents la taxent d'"autoritarisme", au départ d'un conflit avec un médecin des soins intensifs, tantôt lui reprochent-ils "un manque de vision académique", elle qui est notamment secrétaire scientifique de la Fondation Brugmann, membre du conseil facultaire de l'ULB et maître de conférences, ou encore coordinatrice d'une formation en management hospitalier.C'est sur le terrain psychologique que tout semble s'être joué, la DGM présentant une "personnalité clivante ", un trait de caractère qui est une "entrave aux projets du CHU de Bruxelles" (CHUB), regroupant Brugmann, Huderf, Saint-Pierre, Bordet et Erasme, et du Pôle hospitalo-universitaire de Bruxelles (PHUB)."Tout semble écrit par une seule et même personne", entend-t-on dans les couloirs de Brugmann. "L'administrateur-délégué du CHUB, Michel Govaerts. Un pur produit politique. Il n'y a pas eu d'ouverture de poste, de concours, de recrutement. C'est un accord politique entre le MR et le PS". Comme les projets de ce nouveau pôle bruxellois ont du mal à se mettre en place, car pilotés uniquement par le politique, il fallait un bouc-émissaire. Qui de mieux que la très "ruant dans les brancards " Florence Hut ?Ne voulant pas commenter ces hypothèses, le Dr Hut nous explique laconiquement que "c'est malheureusement Brugmann qui devra supporter les conséquences. C'est aussi difficile pour moi ". Son avocat étudie actuellement tous les recours utiles à introduire. Du reste, elle préfère ne pas s'exprimer sur cette "leçon de vie" ou son sentiment d'injustice."Difficile d'intervenir dans la mesure où, si litige il y a, cela relève des cours et tribunaux", a réagi le ministre bruxellois de la Santé, Didier Gosuin (DéFi). "Je suis bien sûr interpellé par cette situation et par l'instabilité qu'elle peut créer dans toute institution, à un moment où les hôpitaux bruxellois sont amenés à se positionner dans le future paysage hospitalier. Brugmann en est un acteur important ".Lors du conseil communal de cette semaine, décidée à marquer son grand comeback, Joëlle Milquet a tenté d'interpeller le bourgmestre de Bruxelles. Mais Yvan Mayeur a refusé d'aborder le sujet brûlant "simplement parce que la question ne lui plait pas. Ce n'est pas très démocratique mais c'est comme ça avec lui", soupire-t-on dans les rangs des humanistes bruxellois. Au sein des partis politiques de la capitale, et même dans certains clans de la grande famille socialiste, on espère que "ça n'en restera pas là".