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Les gestionnaires hospitaliers d'Unessa ne sont pas opposés à la grande réforme du paysage hospitalier lancée par la ministre de la Santé publique et des Affaires sociales mais ils s'inquiètent du timing serré. "Nous voulons une réforme réaliste et humaine par étapes. Nous souhaitons obtenir la clarté sur les modalités, les objectifs, les échéances afin de lever toutes les incertitudes", expliquent les responsables d'Unessa. "Pour le budget 2017 des soins de santé, le gouvernement s'est fixé un objectif d'économies de 902 millions d'euros. Dans cette enveloppe, plus de 200 millions impactent directement l'activité hospitalière, rappelle David Lefèbvre, directeur général adjoint. L'évolution du rapport entre les budgets et les dépenses réelles de santé le montre bien: hors d'un cadre prévisible et stable qui laisse aux acteurs le temps et la liberté de s'organiser autrement, nous allons droit dans le mur, car les moyens de financement prévus sont en?dessous des besoins du secteur. Gérer, c'est prévoir. Dans le contexte actuel, la multiplication des couches d'incertitude rend la tâche ardue et délicate. Les hôpitaux absorbent déjà de gros changements en peu de temps, ils n'ont pas la capacité de supporter de nouvelles économies à court terme."Pour illustrer ces déclarations, Gauthier Saelens directeur général du Grand hôpital de Charleroi a annoncé qu'il a dû, à contre coeur, réduire le volume de l'emploi dans son groupe hospitalier de 0,5%, soit 13 personnes qui n'ont pas été remplacées lors de leur départ. Unessa a bien choisi son timing pour sortir du bois, quelques semaines avant l'élaboration du budget 2018 des soins de santé. "Nous demandons du temps. Aucune bonne réforme ne peut aboutir sous la pression et dans l'urgence." Unessa a décidé de sensibiliser l'opinion publique et le gouvernement en organisant une campagne de décryptage notamment sur les réseaux sociaux. "Au travers d'exemples concrets, s'appuyant sur des données économiques et financières, notre fédération ambitionne de déconstruire certaines idées reçues qui circulent, explique David Lefèbvre, directeur général adjoint. Nous allons diffuser des dossiers via notre site et les réseaux sociaux." Peut-être qu'ils arriveront jusqu'au cabinet de la ministre. Par ailleurs, Maggie De Block recevra demain une délégation de la CNE qui devrait également faire part des inquiétudes des travailleurs.