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La résistance bactérienne aux antibiotiques est un fait bien connu aujourd'hui. Elle est boostée par un usage trop important de ces médicaments. Conjuguée au faible nombre de nouvelles molécules mises sur le marché, cette résistance est devenue un véritable défi de santé publique. En Belgique, le phénomène serait responsable chaque année de plus de 2.600 décès, 721.000 journées d'hospitalisation supplémentaires et 380 millions d'euros de dépenses. Depuis le début de ce siècle, la Bapcoc (Commission de coordination de la politique antibiotique) organise des campagnes annuelles visant à sensibiliser les médecins à réduire leurs prescriptions tant que faire se peut.Ces campagnes portent-elles leurs fruits ?La réponse est double.Premièrement, le pourcentage de personnes se voyant prescrire un antibiotique est resté stable entre 2004 et 2014 (aux alentours de 41%) mais le nombre de DDD/1.000 affiliés/jour a augmenté de 25,1 à 29%. "Une progression de 15% qui s'explique par l'augmentation de la taille des conditionnements et de doses plus élevées en substance active."Evolution positive : 3/4 des classes d'antibiotiques de seconde ligne enregistrent une diminution. "De même le ratio amoxicilline.amoxicilline + acide clavulanique passe de 2004 à 2014 de 0,36 à 0,46." La prescription s'améliore donc même si l'objectif est de 0,8 en 2018.Solidaris a, en outre, suivi la pratique de 2.069 MG. La proportion de patients sous antibiotiques a diminué chez plus de 3/4 d'entre eux depuis 2004 et principalement parmi ceux qui présentaient en 2004 un pourcentage élevé de patients sous antibiotiques. Conclusion de la Mutualité socialiste : "Ces évolutions restent néanmoins timides : nous utilisons les antibiotiques encore trop fréquemment et incorrectement en Belgique. Diminuer le remboursement des antibiotiques comme vient de le décider le gouvernement va doubler la facture des patients bénéficiaires ordinaires et tripler celles des bénéficiaires de l'intervention majorée, et cela sans rien changer à la prescription. Or, nous avons calculé que si les recommandations de la Bapcoc étaient suivies par les médecins prescripteurs, soit une limitation à 400 prescriptions/1000 affiliés/an, l'économie pour l'Inami serait de 54,7 millions euros et de 13,3 millions euros pour les patients."