Dans le cadre de ses plans de réforme du paysage hospitalier, la ministre de la Santé publique Maggie De Block a demandé au Centre fédéral d'Expertise des Soins de Santé (KCE) de calculer le nombre de lits nécessaires aujourd'hui et à partir de 2025 dans les hôpitaux généraux (hors hôpitaux psychiatriques).

Réponse cinglante du KCE : "De façon globale, il y a déjà aujourd'hui environ 7.000 lits de trop, surtout dans les services de médecine interne, de chirurgie, de pédiatrie et de maternité. Les exceptions sont les services de gériatrie et de soins non aigus (p.ex. la revalidation)." Et on s'attend à ce que cette tendance s'accentue en raison d'une hausse des courts séjours et des admissions en hôpital de jour, ce malgré le vieillissement de la population. Le KCE a calculé qu'on passera de 12,9 millions de jours en 2014, à 12,3 millions en 2025. Ce qui correspond à un nombre de lits excédentaires qui atteindra environ 9.300 en 2025. D'ici 2030, toutefois, 3.500 lits doivent être mis en réserve pour conjurer le vieillissement.

Plus de personnel

Ceci n'entraîne pas forcément de diminution du personnel puisque les courts séjours et les hospitalisations de jour requièrent une main-d'oeuvre plus intensive.

Cette surcapacité ne concerne évidemment pas les lits S (soins non aigus) et G (gériatrie). On s'attend respectivement à un déficit de 865 et 1.312 lits S et G à partir de 2030. Certains lits excédentaires peuvent toutefois être transformés en lits S et G, tandis que certains patients âgés, éventuellement Alzheimer, pourront être accueillis au sein de départements spécialisés en MR(S), pointe le KCE.

Qu'en sera-t-il pour les maternités, la chirurgie des cancers complexes et la radiothérapie ?

Face au cancer, le KCE fait le même constat : "Des opérations très complexes de chirurgie du pancréas sont réalisées dans pas moins de 68 hôpitaux différents, mais la moitié de ces hôpitaux opèrent moins de 4 patients par an. Même topo avec les 61 hôpitaux où l'on pratique la chirurgie du cancer de l'oesophage: la moitié de ces interventions sont effectuées dans 7 hôpitaux, ce qui signifie que, dans la plupart des autres hôpitaux, on n'opère chaque année qu'un ou deux cas."

Les chances de survie étant proportionnelles au nombre d'opérations, le KCE recommande de limiter le nombre de centres de référence pouvant pratiquer ce type de résections complexes à maximum 13 pour le pancréas, 4 à 5 pour l'oesophage et maximum 23 pour le poumon. En radiothérapie, les soins devraient être concentrés sur 25 sites maximum (la Belgique en compte 24 : 6 à Bruxelles, 7 en Wallonie et 11 en Flandre, ainsi que 13 centres satellites) avec pour chaque site au moins 3 appareils et un minimum de 1.000 traitements par an.

Les autres sites pourraient, à terme, fusionner avec des centres plus importants, ou fermer. En effet, "sur presque 35.000 traitements de radiothérapie effectués chaque année, certains centres en délivrent moins de 500 tandis que d'autres dépassent les 3.500".

Moins de maternités

Enfin, constatant que presque tous les hôpitaux généraux ont une maternité (64 en Flandre, 36 en Wallonie et 11 à Bruxelles, pour un total d'environ 3.000 lits en 2014) et qu'en leur sein, le nombre d'accouchements est très variable (de 212 par an et 0.6 par jour jusque 3.333 par an et 9 par jour), il y aurait aujourd'hui plus de 600 lits excédentaires. Comme la durée de séjour est amenée à diminuer (2.100 lits nécessaires seulement, soit mille en moins), le KCE propose de fermer les petites maternités en garantissant toutefois un accès à toutes les mères à moins de 30 minutes de leur domicile.

"Si, au cours de l'un des prochains hivers, une épidémie de RSV (NDLR : respiratory syncytial virus) survenait, les bébés gravement malades ne trouveraient pas de lit pour cause de services pédiatriques surchargés. On ferait face aux mêmes problèmes dans les services de médecine interne en cas d'épidémie de grippe."

De plus, "un gynécologue ne s'improvise pas tout à coup gériatre; un pédiatre ou un spécialiste en radiothérapie ne devient pas non plus spécialiste en revalidation en un tournemain".

Par ailleurs, les universités continuent, selon Marc Moens, président de l'Absym, à former un nombre excessif de spécialistes en chirurgie, gynécologie et radiothérapie "qui, sans surprise, seront les disciplines les plus durement touchées" par les propositions de rationnement.

L'Absym demande à la ministre d'adapter l'offre aux besoins des patients et non à ceux des hôpitaux universitaires friands de médecins en formation bon marché. "Les spécialistes hautement formés et qualifiés ne sont effectivement pas repris dans le staff universitaire mais font l'objet d'un dumping sur le terrain. Dans les hôpitaux, ce terrain se limitera fortement en chirurgie oncologique, pédiatrie, obstétrique et en radiothérapie".

Enfin, l'Absym regrette que des critères comme la disponibilité, l'empathie et l'accessibilité soient "tout bonnement balayés". Le premier syndicat de médecins craint une explosion des burnouts tant des médecins que de l'ensemble du personnel soignant.

Dans le cadre de ses plans de réforme du paysage hospitalier, la ministre de la Santé publique Maggie De Block a demandé au Centre fédéral d'Expertise des Soins de Santé (KCE) de calculer le nombre de lits nécessaires aujourd'hui et à partir de 2025 dans les hôpitaux généraux (hors hôpitaux psychiatriques).Réponse cinglante du KCE : "De façon globale, il y a déjà aujourd'hui environ 7.000 lits de trop, surtout dans les services de médecine interne, de chirurgie, de pédiatrie et de maternité. Les exceptions sont les services de gériatrie et de soins non aigus (p.ex. la revalidation)." Et on s'attend à ce que cette tendance s'accentue en raison d'une hausse des courts séjours et des admissions en hôpital de jour, ce malgré le vieillissement de la population. Le KCE a calculé qu'on passera de 12,9 millions de jours en 2014, à 12,3 millions en 2025. Ce qui correspond à un nombre de lits excédentaires qui atteindra environ 9.300 en 2025. D'ici 2030, toutefois, 3.500 lits doivent être mis en réserve pour conjurer le vieillissement.Ceci n'entraîne pas forcément de diminution du personnel puisque les courts séjours et les hospitalisations de jour requièrent une main-d'oeuvre plus intensive.Cette surcapacité ne concerne évidemment pas les lits S (soins non aigus) et G (gériatrie). On s'attend respectivement à un déficit de 865 et 1.312 lits S et G à partir de 2030. Certains lits excédentaires peuvent toutefois être transformés en lits S et G, tandis que certains patients âgés, éventuellement Alzheimer, pourront être accueillis au sein de départements spécialisés en MR(S), pointe le KCE.Qu'en sera-t-il pour les maternités, la chirurgie des cancers complexes et la radiothérapie ?Face au cancer, le KCE fait le même constat : "Des opérations très complexes de chirurgie du pancréas sont réalisées dans pas moins de 68 hôpitaux différents, mais la moitié de ces hôpitaux opèrent moins de 4 patients par an. Même topo avec les 61 hôpitaux où l'on pratique la chirurgie du cancer de l'oesophage: la moitié de ces interventions sont effectuées dans 7 hôpitaux, ce qui signifie que, dans la plupart des autres hôpitaux, on n'opère chaque année qu'un ou deux cas."Les chances de survie étant proportionnelles au nombre d'opérations, le KCE recommande de limiter le nombre de centres de référence pouvant pratiquer ce type de résections complexes à maximum 13 pour le pancréas, 4 à 5 pour l'oesophage et maximum 23 pour le poumon. En radiothérapie, les soins devraient être concentrés sur 25 sites maximum (la Belgique en compte 24 : 6 à Bruxelles, 7 en Wallonie et 11 en Flandre, ainsi que 13 centres satellites) avec pour chaque site au moins 3 appareils et un minimum de 1.000 traitements par an.Les autres sites pourraient, à terme, fusionner avec des centres plus importants, ou fermer. En effet, "sur presque 35.000 traitements de radiothérapie effectués chaque année, certains centres en délivrent moins de 500 tandis que d'autres dépassent les 3.500".Enfin, constatant que presque tous les hôpitaux généraux ont une maternité (64 en Flandre, 36 en Wallonie et 11 à Bruxelles, pour un total d'environ 3.000 lits en 2014) et qu'en leur sein, le nombre d'accouchements est très variable (de 212 par an et 0.6 par jour jusque 3.333 par an et 9 par jour), il y aurait aujourd'hui plus de 600 lits excédentaires. Comme la durée de séjour est amenée à diminuer (2.100 lits nécessaires seulement, soit mille en moins), le KCE propose de fermer les petites maternités en garantissant toutefois un accès à toutes les mères à moins de 30 minutes de leur domicile."Si, au cours de l'un des prochains hivers, une épidémie de RSV (NDLR : respiratory syncytial virus) survenait, les bébés gravement malades ne trouveraient pas de lit pour cause de services pédiatriques surchargés. On ferait face aux mêmes problèmes dans les services de médecine interne en cas d'épidémie de grippe."De plus, "un gynécologue ne s'improvise pas tout à coup gériatre; un pédiatre ou un spécialiste en radiothérapie ne devient pas non plus spécialiste en revalidation en un tournemain". Par ailleurs, les universités continuent, selon Marc Moens, président de l'Absym, à former un nombre excessif de spécialistes en chirurgie, gynécologie et radiothérapie "qui, sans surprise, seront les disciplines les plus durement touchées" par les propositions de rationnement.L'Absym demande à la ministre d'adapter l'offre aux besoins des patients et non à ceux des hôpitaux universitaires friands de médecins en formation bon marché. "Les spécialistes hautement formés et qualifiés ne sont effectivement pas repris dans le staff universitaire mais font l'objet d'un dumping sur le terrain. Dans les hôpitaux, ce terrain se limitera fortement en chirurgie oncologique, pédiatrie, obstétrique et en radiothérapie". Enfin, l'Absym regrette que des critères comme la disponibilité, l'empathie et l'accessibilité soient "tout bonnement balayés". Le premier syndicat de médecins craint une explosion des burnouts tant des médecins que de l'ensemble du personnel soignant.