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Tout le monde se souvient des images au journal télévisé. Maggie De Block y défend avec émotion la nouvelle nomenclature de la mammographie devant la Chambre, sous le feu nourri de ses détracteurs (francophones).Un arrêté royal publié le 28 mars dernier au Moniteur belge suspend cette nouvelle nomenclature pour une période indéterminée. Mais l'Inami tient bon, les médecins de la Commission nationale en tête. La nouvelle nomenclature doit entrer en vigueur dans les plus brefs délais, estiment-ils.Le dépistage généralisé : la mammographie des deux seins est gratuite. Cet examen est réalisé tous les deux ans, avec une deuxième lecture, et s'adresse exclusivement aux femmes âgées de 50 et 69 ans.Pour les femmes à très haut risque (plus de 30 % de risques sur la durée de la vie), mammographies et dépistages sont gratuits, ainsi que l'IRM et l'échographie. Les numéros de nomenclature de ces cas de figure sont déjà d'application depuis quelques années.Dépistage individuel du cancer du sein chez les femmes asymptomatiques. La mammographie des deux seins doit être réalisée sur ordonnance du médecin. Seules les femmes de 45 à 74 ans sont concernées par ce dépistage. Celles-ci paient un ticket modérateur. Pour les femmes âgées de 45 à 49 ans, le médecin peut réitérer sa demande après un an. Chez les femmes de 50 à 74 ans, l'intervalle requis est de deux ans, avec une deuxième lecture.Pour les femmes présentant des symptômes (grosseurs, lésions cutanées, perte de liquide par le téton, etc.), la mammographie classique du sein s'applique. Il n'y a aucune limite d'âge ou de fréquence, mais les symptômes doivent avoir été diagnostiqués.Dans la nouvelle législation, il ne sera plus possible de demander la mammographie diagnostique en cas de dépistage opportuniste des femmes asymptomatiques en dehors d'une certaine tranche d'âge. Pour motiver cette évolution, le document s'appuie sur un rapport du KCE concernant le dépistage du cancer du sein chez les femmes de 40 à 49 ans, qui établit que le dépistage du cancer du sein chez les femmes asymptomatiques de moins de 45 ans comporte plus d'inconvénients que d'avantages.L'inami a donc évalué l'impact de cette nouvelle nomenclature. En 2016, les dépenses de l'Inami liées au dépistage du cancer du sein s'élevaient, au total, à quelque 75 millions d'euros, ce compris le dépistage chez les patients à haut risque et toutes les mammographies diagnostiques. Ce montant tient compte des coûts liés à la consultation, à l'IRM et à l'échographie.Sur les 752.358 mammographies réalisées en 2016, on compte 68 % de mammographies diagnostiques, dépistages opportunistes inclus. Le dépistage chez les femmes à haut risque (y compris celles de la tranche d'âge 50-69 ans) représente un peu plus d'1 % du nombre total de mammographies. Le dépistage généralisé représente quant à lui 30%.L'Inami montre comment ces cas de figure seraient répartis dans la nouvelle nomenclature. En supprimant le dépistage opportuniste, quelque 52.147 examens pourraient être évités, surtout chez les femmes de moins de 45 ans, mais aussi chez les femmes de plus de 75 ans. Le dépistage individuel du cancer du sein chez les femmes de 45 à 74 ans représenterait 17 % de toutes les mammographies, contre 36,5 % pour les mammographies diagnostiques chez les femmes présentant des symptômes. Le numéro de nomenclature pour le dépistage des femmes à haut risque représente 3 %. La part du dépistage chez les femmes de 50 à 69 ans passerait de 30 à 43 %.L'Inami calcule que sept millions d'euros pourraient ainsi être épargnés, du fait de la diminution du nombre d'examens. Toutefois, cette économie sera réinvestie dans le budget de la mammographie. Un autre numéro de nomenclature sera créé. Il permettra aux médecins de facturer un honoraire supplémentaire pour l'utilisation des enregistrements digitaux. L'AR du 28 mars à provisoirement suspendu l'entrée en vigueur de cette mammographie digitale.